Edition originale du célèbre livre de sorcellerie de Jean Bodin
de toute rareté en reliure ancienne armoriée et chiffrée.
Paris, Jacques du Puy, 1580.
Des bibliothèques de Connay et Jean Pierre II de Montchal.
Bodin, Jean. De la Démonomanie des sorciers. A Monseigneur M. Chrestofle de Thou, Chevalier Seigneur de Coeli, premier Président en la Cour de Parlement, & Conseiller du Roy en son privé Conseil.
Paris, Jacques du Puys, 1580.
In-4 de (14) ff., 255 ff. mal ch. 252. Ex libris manuscrit sur le titre. Relié en veau granité, grandes armes frappées or au centre, dos à nerfs orné d’étoiles dorées, coupes décorées, tranches mouchetées rouges. Reliure armoriée du XVIIe siècle.
225 x 168 mm.
Edition originale rare de cette œuvre célèbre de Jean Bodin qui a « eu une grande vogue dans le temps et a été traduite en latin dès 1581 ».
Brunet, I, 1025 ; Caillet, I, 182 ; Tchemerzine, I, 720 ; Obadia, Bibliographie française de la sorcellerie, n°842.
Souvent réimprimé, traduit en latin dès 1581, il s’impose rapidement à l’époque comme un « bréviaire des juges dans les actions pour maléfice » (F. Renz, Jean Bodin, p. 73) et constitue aujourd’hui l’un des meilleurs documents sur les procès en sorcellerie du XVIe siècle.
“True first edition of the epoch-making treatise on demonology and witchcraft of the French lawyer Jean Bodin (1529-1596)”.
« Je pense au rebours de Bodin » dit Montaigne (Essais, II, 32) et « En fin et en conscience, je leur (les sorciers) eusse plustot ordonné de l’ellebore que de la cicue » (Essais, III, 11).
Montaigne appréciait la lucidité et la tolérance de Bodin en matière politique et fut, selon Villey, fortement influencé par l’auteur des ‘Six livres de la république’ quoiqu’il le désavouait dans sa croyance à la sorcellerie.
Pour Bodin, les incroyables opérations des sorciers sont l’œuvre des démons. Chaque partie de la nature devient ainsi le lieu d’activité d’un démon. S’il existe ainsi une « association des esprits avec les hommes » (Bodin), alors les bizarreries du monde et la variété parfois extrême des esprits humains peuvent s’expliquer par un « art diabolique » créateur de « merveilles ».
« Ouvrage plein de singularités et de bizarreries. Dans un chapitre il parle d’un personnage encore en vie, qui avait un démon familier comme Socrate, esprit qui se fit connaitre à ce personnage lorsqu’il avait 37 ans, et qui depuis dirigeait ses pas et ses actions : s’il faisait une bonne action, l’esprit lui tirait l’oreille droite, et l’oreille gauche s’il en commettait une mauvaise. On suppose que le personnage était Bodin lui-même ». (Bulletin Morgand et Fatout, n°4635).
« Au moment même où Bodin écrit ce livre terrifiant – parce que terrifié-, certains commencent à mettre en doute le bien-fondé des procès de sorcellerie [..]. Dans la dernière partie de son livre, Bodin s’en prend au médecin néerlandais Jan Weyer, qui a émis l’idée que certaines conduites aberrantes qu’on voulait expliquer par l’intervention des démons, relevaient peut-être simplement d’une pathologie mentale » (Crahay/Isaac/Lenger).
Le dernier exemplaire de cette originale en vélin de l’époque non armorié passé sur le marché public ainsi décrit : « Fortes rousseurs dans les cahiers R-T, mouillure dans la marge supérieure des premiers cahiers, quelques piqûres. Petites taches au vélin, craquelure en haut du dos », fut vendu 13 500 € par Sotheby’s Paris le 27 novembre 2003, il y a 20 ans.
Fort rare exemplaire conservé dans son ancienne reliure armoriée et chiffrée, ici aux armes de Jean-Paul II de Montchal, chevalier, seigneur de Noyen, de Grisy, Neveu de l’archevêque de Toulouse, Charles de Montchal, il fut nommé conseiller au parlement de Paris en 1680.
Jean-Pierre II de Montchal, fils de Jean-Pierre 1er, seigneur de la Grange, maître des requêtes, et d’Elisabeth du Pré, sa seconde femme, né en 1652, épousa Renée Hénin le 9 septembre 1683 et mourut le 7 septembre 1698, ne laissant que des filles.
Guigard, T. 2, p. 364, attribue par erreur ce fer à Jean-Pierre 1er qui mourut en 1653.