Un des ouvrages emblématiques des évolutions du goût culinaire en France
au mitan du 17ème siècle.
« Très bel exemplaire dans une charmante reliure de cet intéressant ouvrage de Nicolas de Bonnefons, valet de chambre du Roi Louis XIV » (Bulletin Morgand, 1893, n° 23436).
Provenances : Henry Huth (1815-1878) ; Alfred Henry Huth (1850-1910) ; James Toovey ;
Comte de Mosbourg, 1893 ; Bulletin Morgand, 1893.
Paris, 1651.
Bonnefons, Nicolas de. Le Jardinier françois, qui enseigne à Cultiver les Arbres, & Herbes Potagères ; Avec la manière de conserver les Fruicts, & faire toutes sortes de Confitures, Conserves, & Massepans. Dédié aux dames. Seconde édition corrigée & augmentée par l’Auteur.
Paris, Pierre Deshayes, 1651.
In-12 de 1 frontispice, (24) pp., 380 pp., (2), 3 planches hors texte à pleine page. Maroquin rouge, décor doré sur les plats en variante de l’encadrement à la Duseuil, dos à nerfs cloisonné et fleuronné, double filet or sur les coupes, roulette intérieure dorée, tranches dorées sur marbrures. Trautz-Bauzonnet.
135 x 75 mm.
Seconde édition originale augmentée par rapport à la première parue cette même année 1651. Elle est si rare que Vicaire ne la connait pas.
« Personnage à la fois introduit à la cour, où il porte le titre de valet de chambre du Roi, et propriétaire rural faisant commerce d’arbres et de graines, Nicolas de Bonnefons est l’un des principaux représentant de la vogue d’horticulture et de culture potagère qui gagne la société française au cours du 17ème siècle. Son Jardinier françois connaît un grand succès de librairie dès l’édition originale de 1651 et sera continûment réédité sans grand changement jusqu’en 1737. Si les deux premières parties du livre traitent respectivement de la culture des arbres fruitiers et de celle des jardins potagers, la troisième et dernière consiste en un traité de confiture. Sa principale originalité par rapport aux autres confituriers du 17ème siècle tient à la place accordée à la conservation des fruits sans préparation particulière : l’ouvrage s’ouvre par un long discours d’économie domestique exposant la manière de construire un fruitier et les façons diverses d’y conserver les fruits en leur naturel, selon leurs variétés, après quoi vient un chapitre consacré aux fruits que l’on sèche naturellement, sans les réduire en pâte. La suite du traité appartient davantage à l’art du confiseur à proprement parler, en proposant aussi bien des recettes de confitures que des recettes de pâtes de sucre permettant de contrefaire diverses figures d’aliments et de fruits – art d’illusion qui contribuait grandement au prestige des collations ou du service final du fruit dans les festins. » (Jean-Marc Chatelain).
« Frontispice gravé, les 13 ff. limin. sont occupés par le titre, « l’épistre aux dames » signée : rdcdwbdn et datée de Paris, le 1er juillet 1651, la « préface au lecteur », et la table.
Les initiales sont, à rebours, celles des prénom, nom et qualité de l’auteur, Nicolas de Bonnefons, valet de chambre du Roi.
Le Jardinier françois est orné, en plus du frontispice, de trois figures, gravées par Chauveau, placées en tête de chacun des trois traités qui le composent. La première qui représente un jardin potager dans lequel travaillent des jardiniers et se promènent un seigneur et une dame, se trouve avant la page 1 ; la seconde représentant un jardin, avant la page 117 ; et la troisième montrant un intérieur de cuisine, avant la page 245.
Le premier traité occupe les pages 1-116 ; le second, les pages 117-244, et le troisième les pages 244 à 380. Ce dernier a rapport aux fruits, à leur conservation, aux confitures sèches et liquides, ainsi qu’aux « massepans » et aux macarons.
Le privilège est imprimé au dernier feuillet (recto et verso) ; il est daté du « 12ème jour de Iuin 1651 » et l’achevé d’imprimer du « premier iour de Iuillet » de la même année.
Il faut croire que le succès du Jardinier françois fut grand, car, paru pour la première fois en 1651, il en était déjà, deux ans plus tard, à sa quatrième édition, ainsi qu’on peut le voir sur le titre de l’édition suivante. » (Vicaire).
Un des ouvrages emblématiques des évolutions du goût culinaire en France au mitan du 17ème siècle. L’agronome Nicolas de Bonnefons est « un des principaux représentants de la vogue d’horticulture et de culture potagère qui gagne la société française au cours du 17ème siècle » (Jean-Marc Chatelain, dans Livres en bouche, Paris, BnF, Hermann, 2001, p. 147). Or c’est dans le milieu des agronomes que s’opérèrent les mutations les plus décisives dans la cuisine française au début du règne de Louis XV, dans le sens d’une « promotion inédite de la notion de saveur naturelle, obtenue par une meilleure exploitation des ressources du jardin et du verger » (op. cit., p. 120). Son ouvrage aborde ainsi ces deux aspects qu’il lie étroitement : les deux premières parties sont consacrées à la culture des arbres fruitiers et à celle des jardins potagers, tandis que « la troisième et dernière consiste en un traité de confiture. Sa principale originalité par rapport aux autres confituriers du 17ème siècle tient à la place accordée à la conservation des fruits sans préparation particulière [… Cette troisième partie] appartient davantage à l’art du confiseur à proprement parler, en proposant aussi bien des recettes de confitures que des recettes de pâtes de sucre permettant de contrefaire diverses figures d’aliments et de fruits – art d’illusion qui contribuait grandement au prestige des collations ou du service final du fruit dans les festins ». (op. cit., n° 120, pour l’édition originale).
La présente édition est ornée de 4 jolies figures gravées en taille-douce signés par François Chauveau, dont une placée en frontispice.
Très bel exemplaire en maroquin signé de Trautz-Bauzonnet.
Provenance : Des bibliothèques Huth ; Alfred Henry Huth ; James Toovey ; le diplomate Michel Pierre Antoine Laurent Agar, comte de Mosbourg (vignette ex-libris au verso de la première garde volante) ; puis Bulletin Morgand 32 n° 23436.