« Trois livres tiennent en face de la prison : Robinson, Don Quichotte et l’Idiot. » (Malraux).
« Il existe un livre qui fournit, à mon gré, le plus heureux traité d’éducation naturelle.
Ce livre sera le premier que lira mon Émile : seul il composera durant longtemps toute sa bibliothèque, et il y tiendra toujours une place distinguée. Quel est donc ce merveilleux livre ?
C’est Robinson Crusoé. » (J.J. Rousseau).
Superbe exemplaire relié en maroquin de l’époque de Mouillé.
Amsterdam, 1754.
Defoe, Daniel. La Vie et les Avantures surprenantes de Robinson Crusoe, Contenant, entres autres évènemens, le séjour qu’il a fait pendant vingt-huit ans dans une Ile déserte située sur la Côte de l’Amérique, près l’embouchure de la grande Rivière Oroonoque. Le tout écrit par lui-même. Traduit de l’Anglois. Cinquième édition.
Leiden, E. Luzac Junior, Amsterdam, Z. Chatelain et fils, 1754.
3 volumes in-12 de 1 frontispice, xiv pp., 629 pp., 1 carte repliée et 6 figures hors texte ; (1) f., viii pp., 562 pp., 7 figures ; xxx pp., (2), 603 pp., 7 figures.
Maroquin rouge, dos lisse ornés aux petits fers, triple filet doré d’encadrement sur les plats, coupes décorées, tranches dorées. Reliure de l’époque.
164 x 95 mm.
Première traduction française des Aventures de robinson Crusoé par Juste van Effen et Themiseul de Saint-Hyacinthe. Elle avait paru originellement en 1720-1721 dans une autre version.
Cohen, 405 ; Sander, 711; Sabin, 72218 ; Catalogue Rothschild, II, n° 1759 ; PMM, 180.
L’un des plus intéressants livres illustrés par Bernard Picart,
« orné d’une carte pliée et de 21 figures par l’artiste, dont une seule signée. » (Cohen).
« L’un des livres les plus célèbres de la littérature mondiale ; c’est l’aventure du marin Selkirk, qui avait été abandonné en 1705 dans l’île de Juan Fernandez au large du Chili. Après quatre ans de solitude, il était presque revenu à l’état sauvage.
Robinson Crusoé s’enfuit de chez lui, s’embarque mais son vaisseau fait naufrage et, seul survivant, il échoue sur une île déserte. Avec une ingéniosité inouïe il organise son existence solitaire. Il rencontre Vendredi, « le bon sauvage ».
Tout ce qui se rapporte aux voyages plut énormément dans Robinson Crusoé, au point de masquer le nœud du récit. Il fallut l’Émile de rousseau pour attirer l’attention sur ce qui est l’idée maîtresse de l’œuvre : la lutte de l’homme seul contre la nature.
Une chose est sûre c’est que ce récit est une réussite incomparable. « C’est Defoe, observe Jean Prévost, qui prépara la prodigieuse éclosion des romans réalistes au XVIIIe siècle. » (Dictionnaire des Œuvres).
« The special form of adventure that he chose and even the name of his hero have been adopted by countless imitators. At least equally relevant for the purpose is the figure of the lonely human being subduing the pitiless forces of nature; going back to nature and portraying the “noble savage” in a way that made the book required reading for Rousseau’s Emile. » (P.M.M.)
Dans l’Émile, Jean-Jacques Rousseau imagine « un livre unique qui, seul mérite d’être sauvé, à l’exclusion de tous les autres. Robinson Crusoé occupe seul cette place convoitée. » (F. Gevrey).
« Il existe un livre qui fournit, à mon gré, le plus heureux traité d’éducation naturelle. Ce livre sera le premier que lira mon Émile : seul il composera durant longtemps toute sa bibliothèque, et il y tiendra toujours une place distinguée. Tant que notre goût ne sera pas gâté sa lecture nous plaira toujours. Quel est donc ce merveilleux livre ? Est-ce Aristote ? Est-ce Pline ? Est-ce Buffon ? Non, c’est Robinson Crusoé. » (J.J. Rousseau).
L’édition originale de ce livre, l’un des plus appréciés de la littérature occidentale, parut en anglais en 1720. Un exemplaire médiocre fut adjugé 200 000 € il y a 22 ans. Le premier tirage date de 1720-1721. Devant le succès de l’illustrateur, d’autres éditions virent le jour en 1727, 1754, 1760, 1770 etc…
Les exemplaires reliés en beau maroquin ancien sont rares et très recherchés.
Cohen n’en cite aucun pour les éditions de 1720 et un seul, relié par Derôme, pour la présente édition de 1754.
Il fut adjugé 25 000 FF par Sotheby’s Monaco en 1981 et revendu 35 000 FF (5 300 €) en mai 1982 il y a 41 ans par Pierre Bérès (Cat 73 n° 114). Le 5 mai 2005, l’exemplaire de 1727 relié pareillement était vendu 18 000 €.
Très bel exemplaire en maroquin rouge du temps, attribuable à Mouillé « relieur à la production confidentielle » (Ramsden, French Bookbinders 1789-1848, p. 144). Actif à la fin du XVIIIe siècle jusqu’en 1803, ce relieur parisien affectionnait pour l’ornementation de ses reliures le style anglais alors en vogue. Mouillé s’installa, rue Saint Jacques, dans la même maison que Derome (Thoinan, Relieurs français, 1893, p. 353).
Provenance : étiquette du libraire parisien Théophile Belin qui possédait une librairie au 48 rue Cambon de 1904 à 1921.