Datée : 寛延庚午, Kanen, année du cheval = Kanen 3, 1750.
Édité par l’érudit de la dynastie Qing Lu Yunhan, 呂君翰, publié par Suwaraya Mohei, 須原屋茂兵, à Edo.
Couverture originale en papier bleu, conservée dans un étui à décor floral [21 x 30,5 cm].
181,5 x 168,5 cm
Cette grande carte dépliante très rare est dans un excellent état de conservation. Un exemplaire a été ramené en Europe par Siebold et se trouve à la bibliothèque de l’université de Leyde, aux Pays-Bas. Deux autres exemplaires sont connus dans des collections occidentales : A. dans une bibliothèque allemande décrite par Eva Kraft en 1982 et B. dans la collection Beans de l’Université de Colombie-Britannique à Vancouver, Canada (voir bibliographie).
L’unique carte originale imprimée de Lu Junhan est beaucoup plus petite que notre carte, 136 x 124 cm et datée de 1679, elle n’est aujourd’hui connue que par l’exemplaire de la Bodleian Library d’Oxford.
Notre carte est complète des diverses divisions administratives. Elle peut être considérée comme un document historique de grande valeur, constituant une source de référence précieuse pour l’étude de la géographie historique à la fin de la période Ming, 1368 – 1644, et du début de la période Qing, 1644 – 1912. Elle est finement illustrée des deux capitales impériales de la Chine : Pékin, 北京, la capitale du nord, et Nanjing, 南京, la capitale du sud, ainsi que des treize provinces et de la Grande Muraille (littéralement « Muraille de dix mille milles », 萬里長城) en pointillés, des deux grands fleuves, le Yangzi, 長江et le fleuve Jaune ou Huanghe, 黃河 ainsi que leurs affluents, du lac Dongting, 洞庭湖, dans la province du Hunan, de la plus grande source d’eau douce de Chine, du Grand Canal, 京杭大運河, de la plus longue voie d’eau artificielle du monde, construite vers le début du VIIe siècle, reliant les villes de Pékin et Hangzhou, 杭州, distantes de 1700 km, ainsi que des montagnes sacrées taoïstes et bouddhistes. Le lieu de naissance de Confucius (Kong Zi en chinois, 孔子) 551 – 449 avant J.-C., Qu Fu, 曲阜, est clairement indiqué dans la province de Shandong. Les longitudes et latitudes ne sont cependant pas apparentes. Après le séjour de Matteo Ricci à Pékin, entre 1600 et 1610, quelques cartes réalisées par des érudits chinois ont été dessinées avec des méridiens et des latitudes, mais ces auteurs n’en comprenaient pas pleinement le contenu scientifique. Les déplacements au cours de la période concernée s’effectuant principalement par le biais du réseau fluvial, les routes commerciales ne sont pas représentées sur la carte. Le long texte au bas de la carte décrit les deux capitales et les treize provinces de la Chine, avec leurs noms, la production de riz, de blé, de soie brute et transformée, de coton, de cuivre, de fourrage pour chevaux, de sel, etc. ainsi que les distances entre les provinces.
L’illustration de l’embouchure du fleuve jaune sur cette carte est particulière intéressante. Ce long fleuve, berceau de la civilisation chinoise, a changé plusieurs fois de tracé au cours des deux derniers millénaires. Actuellement, il coule vers l’est au nord de Jinan, 濟南, la capitale de la province de Shandong, 山東, et se jette dans la mer de Bohai, 渤海. Notre carte illustre l’embouchure du fleuve plus au Sud, dans la province de Jiangsu, 江苏. Plutôt qu’une erreur cartographique, le tracé du fleuve résulte de ses fréquents changements spectaculaires. Le fleuve a pris son cours actuel dans la seconde moitié du XIXe siècle.
Sur le bord est de la carte, de longs textes sont consacrés à la description de l’histoire du Japon,
日本, et de la Corée, 朝鮮.
Réimpression japonaise d’une carte imprimée au Henan en 1679, elle mesure 21 x 30,5 cm, gravure sur bois.
Cette carte murale de la Chine est extrêmement rare. Elle fut exécutée par un maître zen de Shaolin.
Le Shaolin Xi [monastère/temple] est un temple bouddhiste Chán [Zen] situé à Song Shan, près de la ville de Zheng Zhou, dans la province du Henan, à Dengfeng, en Chine. Il était dirigé par le vénérable abbé Shi Yongxìn. Fondé au Ve siècle, le monastère est célèbre pour son association avec les arts martiaux chinois et en particulier avec le Shaolin Kung Fu. Il s’agit également d’un monastère bouddhiste mahayana, plus connu du monde occidental. Le monastère de Shaolin et sa célèbre forêt de pagodes ont été inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2010 dans le cadre des monuments historiques de Dengfeng.
Edition rare : réimprimée et publiée au Japon par Katsuragawa Hosan en 1750, d’après l’original chinois de Kangxi 27 [1679]. L’édition chinoise originale est très obscure et impossible à trouver depuis plus de deux cents ans et on pense qu’elle est maintenant perdue pour la postérité.
Technique de papier et d’impression : Cette carte fut imprimée à la main sur du papier Washi, également fabriqué à la main.
Vue endémique de la Chine ancienne : Cette superbe œuvre à grande échelle couvre un très grand espace, convenant à l’encadrement et à l’exposition. La carte montre une vue complète de toute la Chine, depuis la Grande Muraille au nord, Shanghai, la côte Est, jusqu’aux océans au sud et à l’île de Hainan, et les côtes le long des côtes orientales. Il s’agit d’un ouvrage spectaculaire, montrant chaque province avec ses contours, un grand nombre de noms de lieux, les rivières et les principaux cours d’eau et les montagnes (nommées et localisées pour montrer toutes les terres connues considérées comme faisant partie de la Chine, délimitant le pays et ses frontières extérieures). Le Japon et les autres îles ne sont pas représentés, mais des encadrés avec des notes en chinois sur leur existence et leur emplacement sont bien documentés. La partie inférieure contient un texte sur la population des différentes provinces et d’autres notes. Les régions situées au-delà des lignes traditionnelles de la Chine, c’est-à-dire au nord de la Grande Muraille et à l’Est, sont également représentées.
Rareté de la carte et de ses auteurs : Cette carte à grande échelle et véritablement spectaculaire est pratiquement introuvable sur le marché. Les moines du monastère de Shaolin sont les fondateurs de la célèbre école de kung-fu, située dans la province du Henan. Ces prêtres étaient légendaires et les plus craints pour leurs prouesses martiales. Egalement très discrets, il exerçaient cependant une forte influence politique en Chine.
Coutumes légendaires du Shaolin Si [temple/monastère] : Les prêtres ayant atteint le niveau le plus élevé de l’art martial du kung-fu étaient invités à participer à une cérémonie de reconnaissance. Ils étaient autorisés à se marquer eux-mêmes en prenant un brasero en fer chauffé au rouge, dont les côtés étaient ornés de longues décorations de dragons du temple. Le marquage était réalisé en serrant le brasero entre leurs avant-bras jusqu’à ce que l’image du dragon soit marquée sur eux. Le Jieba est une autre pratique ancienne, il s’agit d’une cérémonie ancienne au cours de laquelle neuf marques sont brûlées sur la tête à l’aide de bâtons d’encens. En 2007, le gouvernement chinois a partiellement levé l’interdiction qui pesait sur le Jieba depuis 300 ans, permettant ainsi aux personnes mentalement et physiquement préparées de participer à cette ancienne tradition. L’encens ou le moxa est utilisé sur le crâne rasé et brûlé lors d’une cérémonie de dédicace au Si [temple/monastère] de Shaolin par les artistes martiaux les plus habiles.
Bibliographie :
- Kerlen, Catalogue of Pre-Meiji Japanese Books and Maps in Public Collections in the Netherlands, Gieben, Amsterdam, 1996, p. 543, n°1320.
Li Xiaocong, Catalogue of pre-1900 Chinese maps seen in Europe, Beijing International Culture Press, 1996, pp.158-159.
Kraft, Japanische Handschriften und Traditionelle Drucke aus der Zeit vor 1868, Wiesbaden, 1982, vol. 1.