Paris, Bureau du Journal des Dames, 1778.
Grand in-8 de (1) f. de titre, 1 frontispice gravé, ii pp., 156 pp, une gravure en double état. Marge extérieure du f. de titre légèrement salie. Non rogné, non coupé. Conservé dans sa brochure d’origine de papier rose, petits manques en tête et queue du dos. Brochure de l’époque.
232 x 150 mm.
Seconde édition, entièrement revue et modifiée par l’auteur, d’Adélaïde de Hongrie, tragédie de Dorat, illustrée en premier tirage d’un frontispice gravé et d’une superbe gravure de Marillier en double état. Cioranescu, 25170 ; Quérard, La France littéraire, 576.
Comme le précise le titre de l’ouvrage, cette pièce fut représentée dès juillet 1774. L’auteur souhaite à présent donner une nouvelle version de sa pièce afin que le texte soit conforme aux représentations puisque des « changemens considérables » y ont été faits. Cette nouvelle édition est « absolument différente de la première. La fin du troisième Acte n’avait jamais été imprimée. Le cinquieme est absolument changé. ». L’ouvrage est en outre orné en premier tirage d’un frontispice et d’une gravure en double état de Marillier, l’un des meilleurs dessinateurs de son temps. Par ailleurs, cette édition se distingue de la première par les élégants bandeaux, fleurons et culs-de-lampes dont elle est ornée.
« Claude-Joseph Dorat, mousquetaire de la garde du roi, connu depuis 1758 dans la littérature, né en 1734, est mort à Paris en 1780. On l’a nommé ‘poète des Grâces’, mais il était en même temps le poète de la licence. Après Voltaire, personne de nos jours n’a mieux réussi dans les poésies légères ; il a fait en ce genre une foule d’ouvrages agréables, auxquels il ne manque ordinairement que plus de respect pour la sagesse et la vertu. » (F.-X. de Feller. Biographie universelle. II, p. 598).
« On connaît la légende de l’épouse de Pépin, que nous a conservée une chanson de geste du troisième quart du XIIIe siècle, ‘Berte aux grans piés’, elle-même remaniement d’un texte antérieur. Dans ce poème, œuvre d’Adenet le Roi, Berthe, fille du roi de Hongrie, se voit substituer Aliste, fille de la serve Margiste, au cours de la nuit de noces. Elle est ensuite accusée par la même Margiste d’avoir voulu tuer la fausse reine, est condamnée à mort mais finalement abandonnée dans la forêt. Recueillie par Simon, un officier du roi, elle coule des jours paisibles auprès de l’épouse et des filles du loyal serviteur. Blanchefleur, mère de Berthe, découvre l’imposture d’Aliste : Margiste est brûlée, Aliste enfermée au couvent, Berthe retrouvée et couronnée. […] Or l’histoire de Berthe est encore connue au XVIIIe siècle […]. Non seulement l’œuvre est entrée dans la ‘Bibliothèque universelle des romans’, mais elle a fait l’objet de deux, ou plutôt de trois mises en œuvre dramatiques. L’une, ‘Berthe’ (1774) est due à Regnard de Pleinchesne, les deux autres à un écrivain prolifique, contemporain de Voltaire, Claude-Joseph Dorat : il s’agit des ‘Deux Reines’ (1770) et d’‘Adélaïe de Hongrie’ (1774, remaniée en 1778). Si l’œuvre de Pleinchesne vaut surtout à titre de curiosité, les deux versions proposées par Dorat intéressent par la recherche, à travers le drame ou la tragédie, d’équivalents modernes à l’épopée.» (D. Boutet et C. Esmein. Palimpsestes épiques, p. 129).
« Il y a deux Editions ; une en petit in-8, l’autre d’un format un peu plus grand, & d’un papier plus fort » (Avertissement).
Précieux exemplaire, l’un des rares imprimés au format grand in-8 et sur papier fort, conservé tel que paru non rogné et non coupé, dans sa brochure d’origine.
Dorat fut encouragé dans son travail littéraire par Crébillon père mais si ses pièces n’eurent guère de succès sur la scène parisienne, l’auteur demeure cher au cœur des bibliophiles car « ses moindres opuscules étaient édités avec un soin inouï, avec un luxe qui devait être ruineux. Ils étaient embellis et illustrés d’estampes, de vignettes en taille douce qui faisaient dire à l’abbé Galiani : ‘Ce poète se sauve du naufrage de planches en planches’. »
Provenance : ex libris Jean Furstenberg.