Paris, chez Antoine Vitré, 1643.
In-4 de (90) ff., 790 pp., (1) f. d’errata. Quelques mouillures et brunissures, ex libris anciennement grattés sur le titre. Relié en plein vélin souple de l’époque, dos lisse. Reliure de l’époque.
245 x 176 mm.
Edition originale de « l’ouvrage qui consacra la réputation du grand Arnauld » (Rahir, La Bibliothèque de l’amateur, n°1222). Graesse, Trésor de livres rares, p. 45 ; Brunet, I, 489.
« Il a paru cinq éditions de cet ouvrage dans le courant des années 1643 et 1644, et une autre en 1649. » (Brunet).
« Une invitation mondaine se trouve à l’origine de cet ouvrage appelé à devenir le livre de chevet de tous ceux qui voulaient chasser les mondanités. Un jour, Madame de Sablé presse son amie, Madame de Guémené, de l’accompagner au bal. Refus craintif de celle-ci : elle a communié ce matin même, et son confesseur lui a interdit le plus formellement du monde d’associer la fréquentation de la Sante Table à celle du parquet de danse. On ne s’étonnera pas d’apprendre que ce guide sévère n’était autre que M. de Saint-Cyran. Madame de Sablé, inquiète à son tour, soumet ses doutes à son propre directeur, qu’elle accompagne du Règlement écrit par Saint-Cyran à l’intention de sa pénitente : il se trouve que ce directeur est un Jésuite, le P. de Sesmaisons. L’occasion est trop belle pour ne pas en découdre. Sesmaisons, flanqué de deux confrères, les PP. Bauni et Rabardeau, produit à son tour un écrit démontant point par point celui de Saint-Cyran. Dans ce vase clos du monde dévot, rien ne demeure secret. A peine rédigé, le texte, grâce aux bons offices de Madame de Guéméné, est entre les mains d’Arnaud. Quesnel rapporte sa réaction : “Cette réfutation étant tombée entre les mains de M. Arnauld, il y trouva tant des choses contraires à la doctrine des SS. Pères & à la Tradition de l’Eglise, & en mesme temps si pernicieuse au salut des âmes qu’il se crut obligé d’y répondre, pour ne pas laisser triompher l’erreur de la vérité.” » La querelle janséniste extra muros, Raymond Baustert.
Cette synthèse de la doctrine spirituelle d’Arnauld obtint un succès considérable, et son auteur devient l’introducteur et le porte-voix du Jansénisme en France.
Il s’agit de l’ouvrage le plus connu et le plus lu du Grand Arnauld (1612-1694) : sa parution, en 1643, suscita d’immédiates et violentes controverses ; malgré les interdictions successives, il ne cessa d’être édité et médité. Ce traité imposa son auteur à la tête du courant janséniste et suscita la haine des Jésuites, qui intriguèrent pour le faire embastiller.
« Cet ouvrage est divisé en trois parties. Dans la première, M. Arnauld traite de la véritable intelligence de l’Ecriture & des peres, que le père de Saismaisons allègue pour la fréquente communion, 2e : des conditions d’un bon directeur pour régler les communions, 3e : si l’on doit porter indifféremment toutes sortes de personnes à communier tous les huit jours, 4e : de l’indisposition que les péchés véniels peuvent apporter à la fréquente communion. Dans la seconde partie M. Arnauld examine cette question, s’il est meilleur & plus utile aux âmes qui se sentent coupables de péchés mortels, de communier aussitôt qu’elles se sont confessées, ou de prendre quelque tems pour se purifier par la pénitence avant que de se présenter au saint autel. La troisième partie roule sur quelques dispositions plus particulières pour communier avec fruit : M. Arnauld y examine si l’on doit s’approcher de l’eucharistie sans aucune crainte, dans quelque froideur, indévotion, inapplication aux choses de Dieu, privation de grâce, plénitude de l’amour de soi-même, & prodigieux attachement au monde que l’on se trouve, & si le délai ne peut point servir à communier avec plus de révérence & meilleure disposition : il montre qu’au moins pour la communion fréquente on doit avoir beaucoup d’égards à toutes ces indispositions. Il résulte de cet ouvrage que M. Arnauld, & tous ceux qui pensent comme lui, exigent pour la fréquente communion des dispositions bien sublimes, & par conséquent rares dans la plupart des Chrétiens : aussi leurs adversaires les ont-ils accusés de retirer d’une main la communion aux fidèles, tandis qu’ils la leur présentaient de l’autre. Le livre de la ‘fréquente communion’ parut en 1643 muni des approbations de seize archevêques et évêques de France, et de vingt-quatre docteurs de Sorbonne. Cet ouvrage, dès sa naissance, excita des plaintes très vives. Il fut dénoncé à Rome. » (Diderot, Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné, 1753, III, pp. 733-737).
Bel exemplaire, d’une grande pureté et grand de marges, conservé dans son vélin souple de l’époque.
Aucun exemplaire n’est répertorié sur le marché public international depuis le début des relevés il y a 40 ans.