A Londres, 1728.
In-4 de (3) ff., 202 pp. et 12 planches. Collation conforme à l’exemplaire conservé à la B.n.F. Relié en plein maroquin bleu, triple filet doré autour des plats, dos à nerfs richement orné, double filet sur les coupes, roulette intérieure dorée, tranches dorées sur marbrures. Reliure du XIXe siècle signée Chambolle-Duru.
300 x 235 mm.
Edition de luxe et première édition illustrée de La Henriade de Voltaire. Bengesco, n˚365 ; Cohen, 1025 ; Le Petit, Bibliographie des éditions originales, pp. 534-535.
Elle comporte la dédicace de Voltaire, “To the Queen” et l’édition a été remaniée par voltaire par rapport a la première de 1723.
La présente édition de Londres 1728 est la première à porter le titre ‘La Henriade’ et la première qui soit complète, c’est-à-dire en dix chants. C’est d’autre part la première qui ait été faite entièrement sous les yeux de voltaire, corrigée avec soin et revue par lui.
“La première qui ait été corrigée avec soin et revue par Voltaire, cette édition de luxe présente un texte parfois différent de celui de l’édition de 1723 et des suivantes, et partout ce texte est beaucoup plus correct. Cette belle édition peut donc être considérée comme la première vraiment authentique.” (Le Petit).
« Les exemplaires sur papier de Hollande sont rares. » (Cohen, 1025).
Elle comporte un frontispice par de Troy, gravé par Surugue, un fleuron sur le titre dessiné par Michaux, gravé par C. (Cochin), 10 grandes figures par de Troy, Lemoine, Vleughels, gravées par Desplaces, Dupuis, Tardieu, Jeaurat, Cochin, 10 vignettes dessinées par Michaux, gravées par Dupuis, Poilly, Fletcher, Lépicié, et 10 culs-de-lampe par les mêmes.
« La vignette qui se trouve en tête du ‘Chant troisième’ contient le portrait, en médaillon, de la reine Elisabeth d’Angleterre. » (Le Petit)
Voltaire a écrit La Henriade en l’honneur du roi de France Henri IV et de la tolérance. Le sujet central de l’ouvrage est le siège de Paris, commencé par Henri III et poursuivi par Henri de Navarre, futur Henri IV. La Henriade est un poème composé de deux parties; d’événements réels et de fictions toutes puisées dans le système du merveilleux, telles que la prédiction de la conversion d’Henri IV, la protection que lui donne le roi saint Louis IX de France, ancêtre de la Maison Royale de France, son apparition, etc.
La censure avait remarqué dans le poème plus d’un endroit contenant des propositions sentant l’hérésie et elle exigeait des suppressions auxquelles l’auteur ne crut pouvoir consentir. Voltaire dut faire paraître hors de France un poème qu’il ne pouvait espérer faire publier avec l’assentiment de l’autorité, la dédicace ayant été refusée au nom du roi par le régent. Il décida alors de le faire imprimer secrètement à Rouen par Viret. Il s’agit de l’édition qui fut publiée en 1723 sous le titre La Ligue ou Henry le grand, poème épique, à Genève, chez Jean Mokpap (Rouen, Viret), in-8. Ce poème n’a que 9 chants et possède des lacunes considérables.
En 1728, Voltaire se trouvait en Angleterre et venait d’essuyer une terrible banqueroute. Louis XV lui fit envoyer deux milles écus et tout Londres se pressa pour faire imprimer, par souscription, une édition de La Henriade, ce qui fut fait et rendit par la générosité de la nation anglaise sa fortune à l’auteur. Puisque Louis XV avait refusé la dédicace, Voltaire en fit l’honneur à la reine Élisabeth dont il admirait le pays et ses institutions libérales.
“La Henriade garde de l’importance par les sentiments profonds de tolérance religieuse et civile qui l’animent. Ce héros de prédilection de la France personnifie aussi ce type de souverain éclairé qu’attendaient les gens cultivés de cette époque et dont le “Siècle des Lumières” fixera définitivement les caractéristiques.”
Précieux exemplaire, l’un des rares imprimés sur grand papier de Hollande, à très grandes marges avec de nombreux témoins (hauteur 300 mm), revêtu d’un beau maroquin bleu du XIXe siecle de Chambolle-Duru.