CHATEAUBRIAND, François-René de. De la Restauration et de la Monarchie élective, ou réponse a l’interpellation de quelques journaux sur mon refus de servir le nouveau Gouvernement par M. de Chateaubriand. Paris, chez Le Normant fils, 24 mars 1831.
In-8 de 48 pp. Broché, conservé dans ses couvertures bleues de l’éditeur, non rogné. Reliure de l’époque.
208 x 130 mm.
Edition originale de cette brochure politique de Chateaubriand dans laquelle il s’attaque à la Monarchie de juillet. Clouzot, p. 65, Talvart, p. 13.
Après son élection à l’Académie Française en 1811, François-René de Chateaubriand (1768-1848) s’investit largement dans la vie politique. Il endossera pendant une grande partie de la Restauration des fonctions gouvernementales et diplomatiques, en Allemagne, en Italie, en Suède et en Angleterre.
Après la chute de Charles X et la Révolution de Juillet, il refuse de se rallier au nouveau régime et quitte le champ politique. Dès lors, il ne se manifestera plus que ponctuellement. C’est la proposition faite lors de la séance du 15 mars 1831, par le député et préfet de police Jean-Jacques Baude, qui le fera sortir de son silence. Ce dernier proposait que « L’ex-roi, Charles X, ses descendants et les alliés de ses descendants [soient] bannis à perpétuité du territoire français, et ne [puissent] y acquérir, à titre onéreux ou gratuit, aucun bien, y jouir d’aucune rente ou pension. ». La proposition Baude ayant été aggravée par la menace de la peine de mort pour toute infraction à cette résolution, Chateaubriand, installé à Genève, rentra en France pour publier une suite de brochures destinées à défendre la branche aînée des Bourbons.
Le présent texte est une diatribe contre la Monarchie de Juillet. L’auteur y proclame sa fidélité à Charles X, menacé par ce projet de loi de bannissement. Il y écrit avec une rare prescience: « La Monarchie de Juillet est dans une condition absolue de gloire ou de lois d’exception ; elle vit par la presse, et la presse la tue ; sans gloire elle sera dévorée par la liberté ; si elle attaque cette liberté, elle périra. Il ferait beau nous voir, après avoir chassé trois rois avec des barricades pour la liberté de la presse, élever de nouvelles barricades contre cette liberté ! Et pourtant que faire ? L’action redoublée des tribunaux et des lois suffira-t-elle pour contenir les écrivains ? » « … Nous marchons à une révolution générale. Si la transformation qui s’opère suit sa pente et ne rencontre aucun obstacle, si la raison populaire continue son développement progressif, si l’éducation des classes intermédiaires ne souffre point d’interruption, les nations se nivelleront dans une égale liberté ; si cette transformation est arrêtée, les nations se nivelleront dans un égal despotisme. Ce despotisme durera peu, à cause de l’âge avancé des lumières, mais il sera rude, et une longue dissolution sociale le suivra… » Il conclue son pamphlet en rappelant subtilement que seul le Duc de Bordeaux était le prétendant légitime à la Couronne après l’abdication de Charles X, contresignée par son fils, Louis Antoine d’Artois.
C’est dans le présent ouvrage que Chateaubriand se déclare « bourbonien par honneur, royaliste par raison et par conviction, républicain par goût et par caractère »
Chateaubriand reprendra des extraits de la présente brochure dans ses célèbres Mémoires d’Outre-tombe (X, p13).
Bon exemplaire de cette rare brochure politique, conservé broché et à toutes marges, tel que paru.
Seul 1 exemplaire de ce titre est passé sur le marché international depuis plus de trente ans.