Paris, Desaint, Lambert, 1759.
2 tomes en 2 volumes in-4 de : I/ (2) ff., xxxix pp. prel., (1) p., (2) ff., 437 pp., 9 planches dépliantes ; II/ (2) ff., 180 pp., 2 planches dépliantes, 297 pp., 3 planches dépliantes, (1) f. Qq. rousseurs et minimes défauts, portion de la marge blanche supérieure des ff. de titre rognée. Vélin rigide, dos lisses avec le titre frappé or, tranches rouges. Reliure de l’époque.
250 x 195 mm.
Première édition française des « Principia Mathématica » de Newton, traduits par la marquise du Châtelet. Babson 28 ; Gray 38 ; Brune, iv, 49.
C’est au début de l’été de 1733 que commença la liaison de Voltaire avec la marquise Gabrielle-Émilie du Châtelet. Dans sa terre de Cirey la marquise se livrait assidûment à l’étude des mathématiques avec deux membres éminents de l’Académie des sciences, Maupertuis et Clairaut. La fin de l’année 1735 fut marquée par le séjour d’Algarotti qui préparait un livre : Il Neutonianismo par le dame ou entretiens avec une marquise sur l’optique de Newton. En 1736 Voltaire partit pour la Hollande apportant aux libraires le manuscrit des Éléments pour la philosophie de Newton dont le travail d’Algarotti lui avait donné l’idée et dont il fit hommage à la marquise. Après avoir rédigé pour l’éducation de son fils Les Institutions de physique où elle faisait une large part à l’exposé de la philosophie de Leibnitz, la marquise s’imposa le travail très ardu d’une traduction française des Principia Mathématica de Newton qu’elle voulut faire suivre d’un commentaire algébrique revu en entier par Clairaut. Entreprise en 1745, cette traduction est la grande œuvre de la vie de Madame du Chatelet. Cinq années durant elle travaillera à cette traduction, supervisée par Clairaut, et aura à cœur de commenter et d’approfondir l’œuvre du physicien anglais.
Alexis-Claude Clairaut était en effet très lié avec Voltaire et la marquise du Châtelet. Il avait d’ailleurs rédigé pour la marquise du Châtelet les Éléments de géométrie.
Ce fut le dernier ouvrage rédigé par la marquise « auquel elle travailla avec acharnement jusqu’à sa mort en 1749 ». Il ne fut publié que 10 ans après et pour la postérité. Voltaire rédigea, en préface, un « Éloge historique de Madame du Châtelet » dont il fit l’épitaphe : « l’univers a perdu la sublime Émilie. Elle aima les plaisirs, les arts, la vérité, les dieux en lui donnant leur âme et leur génie n’avaient gardé pour eux que l’immortalité ».
« Gabrielle Emilie de Tonnelier de Breteuil, Marquise du Chastelet, was a pupil of Clairaut, under whose supervision she translated the ‘Principia, forming the first part of the above, from the 1726 edition. The second part consists of commentary extracted from Clairant”. (Gray, Bibliography of the Works of Isaac Newton, n°38).
L’édition présente également, à la suite, la première édition de « la solution analytique des principaux problèmes qui concernent le système du monde » rédigée par Madame du Châtelet sous la direction du mathématicien Alexis-Claude Clairaut.
Cette dernière partie, très savante, s’inspire des travaux de Clairaut ; l’auteur évoque des hypothèses qui échappèrent à Newton, comme celle concernant l’inclination de la Terre, confirmée plus tard par Laplace ; elle y résume également avec clarté les travaux de Daniel Bernoulli sur les marées.
Le travail de Madame du Châtelet reste encore aujourd’hui une référence.
La présente édition est illustrée de 14 planches dépliantes proposant des centaines de figures mathématiques et de diagrammes.
Exemplaire très pur de cette précieuse originale scientifique de grande rareté conservée dans son vélin de l’époque.