Paris, Veuve de Jean-Baptiste Coignard et Jean-Baptiste Coignard, 1691.
2 in-12 de : I/ (7) ff., 555 pp., (4) pp. de privilège, en-tête et 25 planches et cartes gravées hors texte, (2) ff. d’explications ; II/ (2) ff., 404 pp., (2) ff., 15 planches hors-texte. Pte. déchirure sans manque à 1 pl. du vol. 1. Veau brun, armoiries dorées au centre des plats, dos à nerfs ornés de fleurons dorés, pièces de titre de maroquin brun, roulette dorée sur les coupes, tranches mouchetées. Reliure de l’époque.
165 x 94 mm.
Édition originale, fort rare, du meilleur ouvrage sur la Thaïlande publié au XVIIe siècle. Cordier, Bibliotheca Indosinica, 722 ; Chadenat n°345.
Né à Toulouse en 1642, Simon de la Loubère passa son enfance auprès d’un père épris de belles lettres. Il se rendit à Paris, écrivit des poésies galantes, étudia le droit et devient secrétaire de M. de Saint Romain, ambassadeur en Suisse. Peu de temps après, Louis XIV qui voulait rénover des relations commerciales avec le royaume de Siam et y faire pénétrer le christianisme, y envoya La Loubère avec le titre d’envoyé extraordinaire. Parti de Brest le 1er mars 1687, La Loubère arriva à destination le 27 septembre suivant et séjourna dans le pays jusqu’au 3 janvier 1688.
La Loubère n’a donc séjourné que trois mois au Siam, mais la relations qu’il a publiée de son voyage révèle un observateur judicieux et exact. « Ses renseignements sur l’origine, les mœurs, les institutions, la religion, le gouvernement, l’industrie et le commerce des Siamois ont été confirmés par les relations postérieures. » Hoffer.
L’illustration fort intéressante comprend 2 grandes cartes dépliantes gravées hors-texte et 38 planches à pleine page, plusieurs sur double-page. L’ouvrage s’ouvre sur une gravure en-tête représentant « la maison faite exprès pour les envoyés de Roy ». L’ensemble des gravures illustrent les mœurs des Siamois, leurs costumes, leurs habitations, leurs embarcations, les arbres, fruits, coquillages, instruments de musique, alphabet, chansons.
Qu’il s’agisse de l’art de la boxe ou du massage, des costumes, de l’usage du parasol, des marionnettes, du jacquier ou du calcul, rien ne semble lui avoir échappé. Il est le premier occidental à parler du pâli, la langue du bouddhisme theravada, dont il est également le premier à exposer les fondements sans les déformer. Dans ce livre, qui comprend une section importante sur les mathématiques, La Loubère introduit aussi pour la première fois dans la langue française le terme « carré magique ».
Précieux exemplaire conservé dans sa reliure de l’époque aux armes de Charles Le Goux de La Berchère (1647-1719). De toute rareté en cette condition. Issu d’une ancienne famille bourguignonne, Charles Le Goux de La Berchère est le fils de Pierre Le Goux de La Berchère, premier président du parlement de Dijon, puis du parlement de Grenoble, et de Louise Joly de Blaisy. Il étudia la théologie et fut reçu docteur en Sorbonne. Devenu aumônier du roi Louis XIV, il le suivit durant ses campagnes de Flandres. En 1685 le roi le plaça à l’archevêché d’Aix ; il devint ensuite archevêque d’Albi en 1687 puis de Narbonne en 1703. Charles Le Goux de La Berchère était également connu en tant qu’érudit pour sa grande et somptueuse bibliothèque. « On peut connaître le goût que ce prélat avait pour les lettres par la nombreuse et précieuse bibliothèque qu’il avait réunie avec des soins et une dépenses infinis : elle mérite d’être mentionnée parmi les grandes bibliothèques françaises… cette grande et somptueuse bibliothèque amassée à si grand frais, entretenue avec tant d’attention, digérée avec tant d’ordre, recueillie avec tant de choix ; ce ne fut pas ici, comme chez tant d’autres, un vain assemblage de livres… » (Petite revue des bibliophiles dauphinois, II, p. 80).
Celle-ci fit d’ailleurs l’objet de convoitises dès la mort du prélat ; ainsi, bien que le défunt archevêque ait laissé par testament sa collection au collège des Jésuites de Toulouse, M. René-François de Beauvau, son successeur à l’archevêché de Narbonne, voulut jouir de celle-ci. Après un long procès, la plus grande partie de la collection revint ainsi à M. de Beauveau qui marqua son droit de propriété en faisant inscrire à la main dans chaque volume la mention suivante : « Mgr. de Beauvau, archevêque de Narbonne ».
Provenance : Charles Le Goux de La Berchère (armes) puis Mgr de Beauvau Archevêque de Narbonne (ex libris manuscrit sur les feuillets de titre).