Venezia, Francesco Marcolino da Forli, octobre 1540.
In-folio de 104 ff. ch., sign. : A4-Z4 – AA4-CC4 ; caractères romains. Au-dessous du titre, bois de page: Académie des Sciences, signature « Ioseph. Porta Garfagninus ». Portrait de l’auteur à pleine page au verso du titre. Au verso du dernier f. : grand encadrement orné enfermant la marque. Dans le texte, nombreux bois, placés au recto de chaque feuillet, représentant les cartes à jouer, les chances, les Vertus et les Vices, avec des explications en vers par L. Dolci. Le grand bois a été attribué à Giuseppe Porta Salviati (et par Nagler n°4 à Francesco Salviati). (Sander 4231). La moitié inférieure de la page 9 manuscrite dès l’origine suite à une erreur d’impression ; restaurations marginales de papier à plusieurs ff. mais bon exemplaire complet. Plein vélin ivoire moucheté, dos à nerfs, tranches mouchetées, étiquettes de titre et de numéro d’ordre en tête et queue du dos. Reliure de l’époque.
307 x 217 mm.
« Édition originale extrêmement rare » du plus célèbre livre traitant des jeux de fortune et divination au moyen des cartes « qui ne se trouve presque jamais en exemplaires complets » (Olschki, Livres à figures, n°651). Mortimer 279 ; Sander 4231 ; Brunet, III, 1407.
Ce livre étant depuis 1540 un jeu de cartes divinatoire a été maintes fois manipulé ; les exemplaires complets en reliure de l’époque sont en conséquence d’une insigne rareté.
« Edition très rare » selon Brunet, qui décrit ainsi le volume : « Ce livre singulier renferme différentes questions et les réponses qui se font par le moyen de cartes à jouer, dont toutes les chances sont figurées sur les pages, avec des explications en vers, par L. Dolce. Il est fort recherché à cause des figures gravées en bois par Joseph Porta Garfagnino qui le décorent. L’édition de 1540 est très-rare ».
Cicognara (1701) n’ayant pu décrire que la seconde édition de 1550 qualifie celle-ci de « rarissimo ».
Marcolini, né à Forli au début du XVIe siècle, mort à Venise en 1553, s’établit imprimeur dans la cité des Doges.
Les ouvrages imprimés par Marcolini ont été l’objet de deux travaux bibliographiques, l’un de Gaetano Zaccaria : Catalogo ragionato (Fermo, 1850, in-8 avec un appendice de R. de Minicis. 1853) ; l’autre de Scipione Casali : Annali della tipografia Veneziana di Francesco Marcolini da Forli (Forli, 1864, in-8).
Le poète vénitien Lodovico Dolce est l’auteur des Tercets qui répondent aux questions contenues dans le livre. Ces questions et réponses versifiées forment un jeu de variations sans fin brodant sur des thèmes mettant en cause la Fortune, bonne ou mauvaise selon les cas : thèmes de l’amour, de la fidélité et de l’infidélité, du mariage, des enfants, de l’amitié, beauté, santé ou manque de santé, succès en politique, guerre ou paix, etc.
Ce précieux volume dont le titre français serait « L’oracle appelé jardin des pensées » est orné d’un frontispice, « chef-d’œuvre de la gravure sur bois », du portrait de l’auteur, de 100 gravures sur bois, dont 50 allégoriques illustrent les vices et les vertus et 50 autres les portraits des philosophes, d’environ 6750 cartes à jouer accompagnées d’un court texte italien dans la première partie et 4500 cartes à jouer accompagnées de 2250 tercets (strophes de 3 lignes en vers alternés) dans la seconde partie.
Les figures qui décorent ce volume (réimprimé en 1550) sont du célèbre G. Porta Garfagnino, et le frontispice est un des chefs-d’œuvre de la gravure sur bois. Le portrait de Marcolini au verso du titre a été attribué à Titien et à Giuseppe Porta Salviati. Le titre frontispice porte la signature de « Joseph Porta Garfagninus » connu sous le nom de Giuseppe Porta Salvati, élève de Francesco Salviati.
Le volume est dédicacé au duc de Ferrare « Ercole d’Este ». Le feuillet final est orné de la marque d’imprimeur de Marcolini qui porte la mention « Veritas temporis filia ».
Giorgio Vasari fait évidemment mention de Marcolini et du « Jardin de Pensées » dans ses « Vies des plus excellents peintres, sculpteurs et architectes ». Il dresse un élogieux portrait de Marcolini réputé pour la beauté de ses bois gravés.
Marcolini consacre les deux pages qui suivent la Dédicace à « expliquer au lecteur le mode d’utilisation du livre ». Sur les cinquante questions posées dans le livre, treize sont destinées aux hommes, treize aux femmes et vingt-quatre aux couples. Il est nécessaire de tirer deux cartes pour trouver le bon tercet qui répond à la question posée. Chacune des pages offre un choix de 45 paires de cartes. Les tercets comptent 50 sections dont chacune contient 45 tercets ; chacune de ces sections, consacrée à un philosophe différent, est ornée du portrait de ce philosophe gravé sur bois. « Cosi il Vasari, nelle vite, a proposito dell’opera e del frontespizio : « E chi non vede senza meraviglia l’opera di Francesco Marcolini da Forlì ? Il quale oltre all’altre cose, stampò il libro Giardino de’ pensieri in legno, ponendo nel principio una sfera da astrologi, e la sua testa col disegno di Giuseppe Porta da Castelnuovo della Garfagnana ; nel qual libro sono figurate varie fantasie, il Fato, la Invidia, la Calamità, la Laude, e molte altre cose simili, che furono tenute bellissime » ; innumerevoli notizie sull’edizione in Casali, n. 54 : « la somma rarità di questa prima edizione delle Sorti proviene principalmente dall’uso che ne fu fatto come giuoco », senza dimenticare che il libro venne posto all’Indice per alcuni quesiti ritenuti immorali e perchè « nelle riposte si fa sovente allusione con dispregio ai costumi degli ecclesiastici, e specialmente de’ prelati di allora, che non erano certamente migliori dei prelati d’oggigiorno. Questa opera è dunque fra le condannate dall’Indice […] la qual condanna deve aver contribuito a renderne ancora più ragi gli esemplari ».
Précieux exemplaire en reliure de l’époque portant l’ex-libris manuscrit « Livre de madame la marquise Victoer Casati Ardizzone ».