Lyon, Jean Martin, 1565.
Fort in-8 de (100) ff. pour le titre, l’épitre, la préface et la table ; 1256 pp., petite galerie marginale des pp. 1109 à 1120, qq. légères mouillures sans gravité. Relié en vélin souple de l’époque, dos lisse avec le titre manuscrit en tête. Petit manque de vélin au plat inférieur, traces d’usures. Reliure de l’époque.
181 x 113 mm.
Epaisseur : 100 mm.
Précieuse édition, rare et fort belle, de l’ouvrage capital qui constitua la clef de voute du protestantisme français.
Elle fut publiée l’année suivant la disparition de Jean Calvin, survenue le 27 mai 1564 à Genève.
Rahir, La Bibliothèque de l’amateur, 353 ; Brunet, I, 1500-1501 ; A. Erichson, Bibliographia Calviniana, p. 29 ; En Français dans le texte, n°60 (pour l’édition de 1560) ; P.M.M., n°65 (pour l’édition originale de 1536).
« Livre le plus célèbre de l’auteur, un des chefs-d’œuvre de la littérature française. »
« C’était le premier exposé qui présentât comme un ensemble cohérent et logiquement ordonné la pensée de la Réforme. Bientôt traduit en français par l’auteur lui-même, incessamment remanié, ce devait être aussi l’ouvrage de toute une vie. Calvin y mit le meilleur de lui-même et y résuma toute sa pensée religieuse. Quel que soit l’intérêt de ses autres écrits théologiques, c’est dans l’Institution que l’on trouve la synthèse la plus achevée de ses idées. » (Dictionnaire des auteurs, I, 486)
Un autre tirage de la présente édition fut imprimé à Genève en 1565, également sous le nom de Jean Martin. Jean Martin exerce la profession de libraire éditeur à Genève de 1558 à 1608.
Il est possible de rattacher à ce Jean Martin les publications qui portent son nom à l’adresse de Lyon : au moins six petites éditions entre 1562 et 1566 et l’« Institution de la religion chrestienne » de Calvin de 1565. Jean Martin a sans doute eu recours à des imprimeurs lyonnais pour ces éditions. Calvin avait en fait « transformé Genève en un centre de propagande supporté par une véritable armée d’imprimeurs qui devaient inonder la France de publications protestantes ». (En Français dans le texte).
Les deux tirages de 1565 sont en tous points semblables, mis à part le lieu d’impression mentionné sur le titre.
« N’oublions pas la traduction française de ce traité, faite par Calvin lui-même, sous le titre d’’Institution de la religion chrestienne’ ; c’est un des premiers ouvrages où notre langue ait pris un certain essor. On y trouve l’épître dédicatoire à François Ier, datée du mois d’août 1535. Il parait cependant qu’elle n’a été faite que plusieurs années après cette date, que l’on a dû nécessairement conserver dans une traduction. » (Brunet)
L’Institution de la religion chrétienne est l’œuvre majeure du protestantisme.
« Calvin travailla toute sa vie à ce livre, dont le double texte, en français et en latin, est de lui. Il ne cessa de l’augmenter, de le refondre, sans se contenter d’ajouter de-ci de-là des compléments, soucieux de garder toujours l’équilibre de l’ouvrage.
La première édition, en latin, est de 1536 à Bâle. Le texte latin fut révisé dans les éditions de 1543 et de 1550, le texte français dans les éditions de 1545 et de 1551. Le texte définitif est celui de l’édition latine de 1559, à Genève. Le texte de l’édition française de 1560, qui comprend de nombreuses additions authentiques, n’est pas tout entier de la main de l’auteur. C’est ce texte qui reprend la présente édition.
Le plan rigoureux est une innovation en notre langue : ‘l’Institution’ de Calvin est ainsi le premier livre français à avoir été composé selon un ordre rationnel, suivi et proportionné. » (Dictionnaire des Œuvres, III, 713).
L’Institution est précédée d’une lettre-préface à François Ier, datée de Bâle, le 1er août 1535, et qui est justement célèbre. Cette lettre précise la double intention de Calvin écrivant son Institution : il veut d’abord proclamer hautement la religion réformée, donner à la secte un corps de doctrines, une claire profession de foi, des règles disciplinaires. Mais il veut démontrer aussi que la Réforme est une affaire strictement religieuse, qu’elle ne menace point l’autorité royale. Calvin veut rassurer François Ier : il affirme que la soumission des réformés au pouvoir séculier ne saurait être ébranlée par rien, même par la persécution.
« Dans l’Institution, Calvin se montre en général plus radical encore que Luther dans sa rupture avec l’Eglise catholique. Mais ‘l’Institution’ n’est pas seulement un grand événement de l’histoire des religions, de la philosophie, de la politique. L’importance du livre est essentielle dans l’histoire de la langue française […] Calvin travaille à être accessible au grand public laïque. Mais il ne s’abandonne jamais ; on ne rencontre pas chez lui la santé exubérante, la flamme de Luther. On a pu dire que le texte français de l’Institution était un ‘événement littéraire de premier ordre’ : ‘l’expression vigoureuse et éblouissante’ de ce phénomène historique qu’on appelle la ‘clarté française’». (Dictionnaire des Œuvres)
Exemplaire d’une grande pureté conservé dans sa reliure en vélin souple de l’époque.