Paris, Les Éditions de Minuit, juillet 1984.
In-12 carré de 142 pp., (6) pp. Conservé broché et non rogné.
192 x 141 mm.
Édition originale du chef-d’œuvre de Marguerite Duras.
Précieux exemplaire de tête, l’un des 106 numérotés sur vélin d’Arches, seul grand papier, celui-ci étant l’un des 7 hors commerce et portant le numéro V.
Le roman, dès sa sortie, devient un événement dans le milieu littéraire et connait un important succès avec plus de 250 000 exemplaires vendus avant l’obtention du prix Goncourt.
Il part favori pour ce prix qu’il reçoit en novembre 1984 au troisième tour de scrutin par six voix contre trois à L’Été 36 de Bertrand Poirot-Delpech et une voix à Le Diable en tête de Bernard-Henri Lévy, trente-quatre ans après l’élimination et les critiques de son roman Un barrage contre le pacifique dont elle avait souffert.
Ce roman s’est vendu, toutes éditions confondues, à 2 400 000 exemplaires et a été traduit dans 35 pays.
Œuvre-phare de Marguerite Duras, l’Amant a été écrit en 1984. Il s’agit d’un livre largement autobiographique reprenant la trame de son enfance en Indochine. Il a été retravaillé 7 ans plus tard sous le nom de L’Amant de la Chine du Nord, un autre livre lui ressemblant beaucoup.
« Dans ‘L’Amant’, Marguerite Duras reprend sur le ton de la confidence les images et les thèmes qui hantent toute son œuvre. Ses lecteurs vont pouvoir ensuite descendre ce grand fleuve aux lenteurs asiatiques et suivre la romancière dans tous les méandres du delta, dans la moiteur des rizières, dans les secrets ombreux où elle a développé l’incantation répétitive et obsédante de ses livres, de ses films, de son théâtre. Au sens propre, Duras est ici remontée à ses sources, à sa “ scène fondamentale ” : ce moment où, vers 1930, sur un bac traversant un bras du Mékong, un Chinois richissime s’approche d’une petite Blanche de quinze ans qu’il va aimer. Il faut lire les plus beaux morceaux de ‘L’Amant’ à haute voix. On percevra mieux ainsi le rythme, la scansion, la respiration intime de la prose, qui sont les subtils secrets de l’écrivain. Dès les premières lignes du récit éclatent l’art et le savoir-faire de Duras, ses libertés, ses défis, les conquêtes de trente années pour parvenir à écrire cette langue allégée, neutre, rapide et lancinante à la fois capable de saisir toutes les nuances, d’aller à la vitesse exacte de la pensée et des images. Un extrême réalisme (on voit le fleuve, on entend les cris de Cholon derrière les persiennes dans la garçonnière du Chinois), et en même temps une sorte de rêve éveillé, de vie rêvée, un cauchemar de vie : cette prose à nulle autre pareille est d’une formidable efficacité. À la fois la modernité, la vraie, et des singularités qui sont hors du temps, des styles, de la mode. » François Nourissier (Le Figaro Magazine, 20 octobre 1984).
Marguerite Duras, de son vrai nom Marguerite Germaine Marie Donnadieu, est née le 4 avril 1914 à Saigon, en Indochine, suite au déplacement qu’ont fait ses parents pour travailler de façon volontaire dans les colonies. Son père, directeur d’école et sa mère institutrice, ont eu trois enfants. Pierre, Paul et Marguerite. En 1921 son père meurt, obligeant la famille à rentrer en France métropolitaine où ils vont vivre deux ans et demi à Pardaillan, dans le Lot-et-Garonne. Cette mort est un évènement important pour la future écrivain, qu’elle subit violemment. On imagine que son nom de plume vient de là.
En 1924 la famille retourne en Indochine. Suite à un investissement hasardeux dans un barrage concédé, sa mère devra reprendre l’enseignement. Il faut noter que cet épisode marquera également Marguerite qui écrira en 1950 son premier roman, Un barrage contre le Pacifique, pour raconter cet épisode de sa vie. A partir de cette année, Marguerite Duras ne s’arrêtera plus de publier des romans à intervalles réguliers. Elle écrit « L’Amant » en 1984 et recevra la consécration mondiale grâce à l’obtention du prix Goncourt. Deux ans plus tard, en 1986, elle reçoit le prix Ritz-Paris-Hemingway récompensant le meilleur roman publié en anglais. Elle abordera l’histoire de son enfance en Indochine sous un autre angle en 1991 dans un livre nommé L’Amant de la Chine du nord.
Le chef-d’œuvre de Marguerite Duras conservé broché et non rogné.