Paris, Alphonse Lemerre, 1870.
In-16 de (3) ff., 38 pp., (2) ff. Relié en plein maroquin rouge janséniste, dos à nerfs, filet doré sur les coupes, encadrement intérieur de filets dorés, tranches dorées sur témoins, couvertures crèmes imprimées et dos conservés. Reliure signée Canape.
159 x 92 mm.
Édition originale rare et recherchée de ce recueil de poèmes de Verlaine édité aux frais de l’auteur et tiré à 590 exemplaires.
Carteret, II, 418 ; Clouzot, p. 267 ; Bibliothèque de Backer, 2211.
Dernier ouvrage sorti des presses de Lemerre, publié à compte d’auteur pendant le siège de l’hiver 1870-1871, sa mise en vente en fut d’autant retardée.
« Il a été tiré 550 exemplaires et en outre 10 exemplaires sur papier de Chine, 10 sur Whatman et 20 sur Hollande. L’édition ordinaire porte au dos : 2 francs, elle est du format de l’édition originale des “Fêtes galantes” (9 x 16), mais imprimée sur papier vélin teinté.
Les “Fêtes galantes” et “La Bonne Chanson” furent édités aux frais de l’auteur, et ce dernier recueil, composé pour sa fiancée Mlle Mathilde Mauté de Fleurville, fut ainsi jugé par Leconte de Lisle à la veille de la guerre : “Vos vers sont charmants, ils respirent le repos heureux de l’esprit et la plénitude tranquille du cœur.” » (Carteret, II, 418).
« Ces poèmes, qui lui furent inspirés par ses fiançailles avec Mathilde Mauté de Fleurville, expriment la joie et la tendresse du poète pour la créature qui est sur le point d’entrer dans sa vie : du même coup, l’auteur redécouvre, dans toute sa pureté, le charme de la création. En célébrant la beauté de sa fiancée, la beauté de son sourire et de ses baisers (“La lune blanche”), l’artiste exprime en un frisson délicat, l’amour attentif qu’il porte à tous les petits évènements de la vie quotidienne (“La dure épreuve va finir”). La figure de la femme aimée illumine toute son existence et l’incite à contempler les souffrances des humbles : grâce à elle, le poète atteindra à la paix tant désirée (“Le bruit des cabarets”). Son inspiration est liée à son mariage imminent, si bien que ce recueil a quelque chose d’heureux et de facile : toute émotion se résout en une musique légère et sentimentale. À côté de ces effusions lyriques, on peut noter d’aimables poèmes descriptifs, certaines observations spontanées et fraîches qui rappellent la première manière de l’auteur, alors qu’il était encore fidèle aux principes de l’école parnassienne. » Dictionnaire des Œuvres, I, 481.
La Bonne Chanson réunit 21 poèmes composés par amour pour sa bien-aimée et promise, Mathilde Mauté de Fleurville, demi-sœur de Charles de Sivry, compositeur et ami de l’auteur.
Ce recueil est hautement symbolique pour le poète puisque ces poèmes sont nés à l’apogée de leur bonheur. Célébrée deux mois après la publication du recueil, leur union sera ensuite vite gâtée par l’alcoolisme de Paul Verlaine, sans compter sa relation tumultueuse avec Arthur Rimbaud.
« Ce recueil, comparé par Victor Hugo à “une fleur dans un obus” (il parut en 1870 pendant le siège de Paris), fut l’œuvre préférée de Verlaine et considérée par lui comme la plus naturelle de tout ce qu’il avait fait » (B. Mońkiewicz, Verlaine, Critique littéraire, p. 28).
Bel exemplaire de ce recueil de poésies de Verlaine, conservé dans son élégante reliure en maroquin avec les couvertures crèmes imprimées conservées.