Bologne, Clemente Ferroni, 1627.
In-4 de 1 frontispice gravé, (8) ff. dont le portrait de Pistofilo, 555 pp. incluant 117 gravures à pleine page. Pte. restauration sans gravité sur la dernière p. Maroquin rouge, triple filet doré encadrant les plats, armoiries frappées or au centre des plats, dos à nerfs ornés de fleurons dorés, roulette dorée sur les coupes, tranches jaspées rouges. Reliure de l’époque.
227 x 160 mm.
Rare édition originale de ce célèbre traité de tournois imprimée en italique et comptant un frontispice, un portrait de l’auteur, 117 figures gravées à l’eau-forte par Giovanni Battista Coriolano, des culs-de-lampe et des initiales gravés sur bois.
Brunet, IV, 677; Cicognara 1433; Lipperheide 2959.
Jacopo Gelli ne cite que « 114 gravures sur cuivre, cinq desquelles servant à démontrer le gracieux maniement de l’épée ». (Jacopo Gelli, p. 163).
Dans la préface qu’il adresse aux « cavaliers lecteurs », l’auteur précise que les diverses règles de la guerre énoncées dans l’ouvrage « doivent être appliquées de la bonne manière par des cavaliers d’honneur et non pour le duel qui est injuste, inhumain et interdit par l’église, et par là indigne de vous. Ces diverses règles doivent être exercées seulement comme ‘leur honorable passe temps afin de les ‘rendre plus prêts pour les occasions justes et catholiques, au service du Prince, de la patrie’ ».
Pistofilo s’affirme contre le duel.
Louis XIII s’est quant à lui opposé au duel en 1611, 1614, 1615 et 1617, par un édit du mois d’août 1623 et une déclaration du 26 juin 1624, une autre de 1626 et un règlement du mois de mai 1634.
Parmi les plus farouches adversaires du duel, Richelieu, en 1626, pousse Louis XIII à promulguer une loi qui punit de mort les belligérants d’un combat singulier. Le cardinal montre sa détermination l’année suivante en faisant décapiter en place publique le comte de Montmorency-Bouteville, fine lame qui compte une vingtaine de duels à son palmarès, et qui, par bravade, avait croisé le fer et embroché Bussi d’Amboise en plein jour, place Royale à Paris.
Bonaventura Pistofilo, qui était le secrétaire du duc Alphonse d’Este, fut l’un des grands auteurs militaires du XVIIe siècle.
Les 117 superbes gravures de l’ouvrage mettent en scène soldats en armure et tactiques de guerre.
D’une pureté exceptionnelle, elles représentent des soldats armés dans les différentes positions du maniement des armes.
Cet ouvrage est l’un des premiers textes de littérature militaire.
Il a largement inspiré Louis XIV et Colbert dans la refonte qu’ils ont fait de l’armée française.
Louis XIV va consacrer 32 années sur 54 à faire la guerre. Sur son lit de mort, il confesse au futur Louis XV « j’ai trop aimé la guerre ».
Marqué par le modèle et l’éducation de son père, puis fasciné par la prestance du jeune Condé, Louis XIV assiste enfant à plusieurs combats lors de la Fronde. Il reçoit une formation militaire poussée par Turenne. Le 23 juin 1658 à Dunkerque, les Français récemment alliés aux Anglais remportent une victoire importante contre Condé et l’Espagne lors de la bataille des Dunes. C’est l’une des premières grandes victoires du jeune Louis qui n’a que 20 ans à l’époque.
Louis XIV va progressivement mettre en place un Etat centralisé et absolutiste. Le roi entend se réserver le monopole de la violence, intérieure et extérieure, et l’assurer à son armée. Cette dernière doit en conséquence être mieux contrôlée, mieux organisée. Avec l’aide de Michel Le Tellier et du marquis de Louvois l’armée est réorganisée. Pour accroître l’hégémonie de la France dans le monde, Louis XIV engage le royaume dans une multitude de guerres.
L’ouvrage contient des partitions musicales concernant l’usage du tambourin dans les marches militaires. L’auteur compare les différentes utilisations de l’instrument par l’Allemagne et l’Italie qui « se sont mis d’accord pour battre le tambour de manière large », « l’espagnol qui bat le tambour plus vite », « le français qui bat de manière plus étroite, et donc fait deux pas à chaque temps » et le suisse « dont le rythme est de quatre battements ».
« ‘Il Torneo de Pistofilo’ est le premier ouvrage où j’ai pu voir de la musique militaire imprimée. » (J.D. Cockle, A Bibliography of English military books up to 1642 and of contemporary foreign works).
L’ouvrage est dédié à Michelangelo Baglioni, marquis de Morcone.
Superbe exemplaire admirablement conservé, dans sa reliure en maroquin rouge de l’époque aux armes de Jean-Baptiste Colbert.
Colbert fut secrétaire d’Etat au Commerce et à la Marine pendant le règne de Louis XIV. Il passa commande de 276 navires de guerre triplant ainsi les capacités de la France. Après avoir réorganisé les finances avec Colbert, le Roi réorganisa l’armée : unification des soldes, création de l’hôtel des Invalides en 1670, réforme du recrutement.
Il dispose alors d’une armée de 300 000 hommes ce qui en fait de loin la première armée d’Europe.
« Né à Reims le 29 août 1619, il fut placé chez le secrétaire d’Etat en 1648, intendant de sa maison, intendant de la maison du duc d’Anjou en 1652 ; Mazarin le chargea de missions diplomatiques en Italie et le recommanda à Louis XIV. Colbert fut nommé l’un des deux intendants des finances en mars 1661, puis contrôleur général des finances. Il entra au conseil du commerce, fut chargé de la direction de la compagnie des Indes orientales. Colbert eut à lui seul toute l’administration civile de la France ; grâce à son travail acharné et à sa volonté tenace, il s’acquitta avec succès de cette énorme tâche.
Ardent bibliophile, Colbert avait formé avec l’aide du savant Carcavi, une bibliothèque célèbre dans toute l’Europe ».
(Olivier Hermal, pl. 1296).
Il provient de la Bibliothèque Colbertinae avec ex libris calligraphié en marge supérieure du frontispice.
Aucun exemplaire en maroquin d’époque n’a été répertorié sur le marché public international depuis 40 ans.