Lyon, C. Davost pour Et. Gueymard, 1510.
In-4 de (6) ff., 219 ff., (9) ff., 16 gravures sur bois dans le texte, un trou de vers habilement restauré sans manque en marge des 2 premiers ff., pte. mouillure en marge d’une dizaine de ff., annotations manuscrites de l’époque au second contreplat.
Veau brun souple, plats entièrement ornés d’un large encadrement de fleurons à froid et d’un rectangle central orné de filets à froid et de 4 larges fleurons à la rose à froid, dos à nerfs refait. Reliure de l’époque.
249 x 135 mm.
Précieuse édition, la première lyonnaise illustrée, des Métamorphoses d’Ovide.
Baudrier, Bibliographie lyonnaise, XI-223 ; Mortimer-Harvard, French, n°397 ; Brun, Le Livre français illustré de la Renaissance, 262 ; Du Plessis, Essai bibliographique sur les différentes éditions des œuvres d’Ovide, n°25 ; Sander II, n°5330 pour l’illustration de 1497 ; manque à Brunet, Murray et Rothschild.
« ‘Les Métamorphoses’ est le titre de plusieurs ouvrages de l’antiquité qui, sous une forme épique, racontent les transformations des hommes en animaux, sources, arbres, et objets divers et qui s’appuient sur des traditions populaires et fabuleuses à propos de personnages déterminés.
‘Les Métamorphoses d’Ovide’ est un poème épique latin composé de 15 livres. L’œuvre (une des plus significatives de la littérature de la Rome antique) comprend, en plus de 12 000 vers, le récit de 246 fables sur les métamorphoses, disposées chronologiquement depuis le chaos jusqu’à la métamorphose en étoile de Jules César…
La tendance au galant, au piquant, à un certain athéisme, l’indifférence à la vie politique témoignent de cette jeunesse dorée impériale, dont le poète était l’un des plus honnêtes représentants et pour laquelle, recherché et applaudi, il écrivait tous ses poèmes…
La vitalité de l’œuvre est inépuisable ; le Moyen-Age ne la jugea pas inférieure aux œuvres de Virgile ; au XIIIe siècle, on assistera enfin à une véritable Renaissance ovidienne. En Italie, en France, en Allemagne, il fut le manuel d’amour. Il eut une notable influence sur l’anglais Chaucer, sur toute la poésie humaniste italienne, sur le style savant et sur les poèmes des philologues franco-hollandais. » (Dictionnaire des Œuvres, IV, 544).
Elle est ornée, en premier tirage, de 16 belles gravures sur bois, dont l’une répétée.
Les deux premières ont été rehaussées de jaune à l’époque.
Elles ornent le titre imprimé en rouge et noir et le début de chacun des 15 livres, au sein d’un grand encadrement gravé.
Cette belle suite de 15 bois est attribuée au peintre de la ville, Guillaume II Leroy qui a ainsi réalisé une interprétation très libre et réduite des bois dessinés pour l’illustration de l’édition des Métamorphoses imprimée par Giovanni Rosso pour Luc Antonio Giunta à Venise en 1497 et dont le style annonçait les gravures célèbres du Songe de Poliphile de 1499.
Comme le précise Brun (Le Livre français illustré de la Renaissance), cette inspiration est interprétée « avec une bonhommie toute française » par l’artiste G. Leroy. De très belles initiales historiées complètent cette belle ornementation. Parmi les livres illustrés marquants de G. Leroy, figurent également la Bible de 1513, chez Gueynard et le « Catalogus gloriae mundi » de Barthélémy de Chassenux (1529).
Les Métamorphoses d’Ovide connurent un succès spectaculaire près du public lettré. C’est ainsi qu’en France, au cours du XVIe siècle sont dénombrées une soixantaine d’éditions. Cette édition de 1510 revêt une importance toute particulière puisque, première illustrée à paraitre à Lyon, c’est également la première à être augmentée des « Arguments » de Lactance Placide. Ces résumés placés en tête de chacune des fables seront par la suite systématiquement réimprimés dans les éditions ultérieures.
Figure aussi pour la première fois le commentaire de Lavinius du Livre I qui démontre combien les Métamorphoses sont utiles au Christianisme : elles glorifient les vertus des héros et stigmatisent la bestialité du vice.
Précieux exemplaire, de toute rareté en très plaisante condition d’époque, de cette belle et importante édition illustrée d’un grand texte littéraire qui connut un succès considérable au XVIe siècle.