Paris (Antoine Vérard ou Pierre Levet), 1488.
Petit in-folio de 322 feuillets, à deux colonnes, de 38 lignes à la page (12 feuillets de table, 208 ff., 86 ff., 5 ff. de table, et le dernier feuillet blanc). Déchirures sans manque aux ff. xxxvii, clvii.
Veau brun estampé à froid, cabochon central et quatre cabochons d’angle en cuivre, attache d’origine, dos anciennement refait. Reliure de l’époque.
283 x 205 mm.
Première édition parisienne imprimée par Antoine Vérard en 1488, fort rare, de cette œuvre juridique incunable codifiant les mœurs du Moyen-âge.
Références : Marcel Jeanson, n° 88 ; GW 4969 ; HC 3690 ; BMC VIII, 96 ; Goff B. 1053 ; Pell 2792 ; Claudin I, 437-438 ; Brunet, I, 1186.
Seigneur de Froidmont et lieutenant du grand bailli de Tournai, Jean Boutillier entra aux affaires vers 1370 et travailla pendant près d’un demi-siècle à la rédaction de ce recueil essentiel de codification des différents usages du temps.
S’appuyant sur les décisions rendues tant en matière civile qu’en matière pénale, l’auteur propose ainsi un code détaillé à l’usage des justices de paix.
De nombreuses matières rurales sont ainsi traitées, telles la chasse, la pêche, les ventes de terres, les héritages…
« De chasser proye sur autruy terre », « Des gelines, cotz et chappons », « Des oyes et canars sauvages », « Des paons et coulons », « Des faons », « Du dommage que beste peut commettre et qui en est tenu », « des Connins des bois »… « Des Ficfs qui doivent avoir herbegaiges sur les lieux » De faire robe de sa laine », « De ioindre son chevron a autre », « De planter autruy arbre sur sa terre »…
« Le Caron estimait beaucoup la Somme rurale, « pour l’autorité qu’elle aurait justement acquise tant pour la doctrine mêlée qui s’en peut recueillir que pour les marques de l’antiquité française qu’on y peut observer en diverses manières, non seulement pour les coustumes des pays et principalement de la Gaule Belgique, mais aussi pour les anciens droits et prérogatives de la couronne de France ». La préface que Denis Godefroy a mise en tête de ce grand ouvrage est fort élogieuse. Le titre de Somme est bien choisi, dit cet écrivain, parce qu’en effet les principes de chaque matière y sont sommairement et très bien exposés. »
Le recueil revêt un intérêt tout particulier dans son analyse de coutumes pour l’Artois, le Hainaut et les Flandres.
Ouvrage incunable très estimé pour son apport manifeste au judiciaire et au juridique, La Somme rurale abonde également en notations précises concernant les divers états de la société, le pouvoir royal ou les crimes alors réprimés.
Les premières éditions incunables de cet ouvrage précieux sont d’une extrême rareté.
Seuls cinq exemplaires sont répertoriés de l’édition originale, Bruges 1479, dont un en Amérique.
Goff ne mentionne que 2 exemplaires de l’édition d’Abbeville, 1486.
Claudin, Proctor et GW attribuent l’impression cette troisième édition, datée de 1488, aux presses de Pierre Levet tandis que BMC mentionne le nom d’Antoine Vérard.
Cette édition incunable est d’une grande rareté : Goff ne mentionne qu’un exemplaire dans les bibliothèques Américaines.
Exceptionnel exemplaire rubriqué à l’encre rouge, à marges immenses, revêtu d’une reliure de l’époque en veau brun décoré à froid ornée de six cabochons d’origine en cuivre, avec son attache d’origine et des annotations manuscrites de l’époque.