Paris, Matthieu Guillemot, au Palais en la gallerie des prisonniers, 1596.
In-12 de (12) ff. titre compris, 288 ff. Déchirure au feuillet de titre sans manque, pt. manque de papier dans l’angle supérieur du f. 95. Plein vélin ivoire, dos lisse avec le titre manuscrit, tranches jaspées. Reliure de l’époque.
127 x 72 mm.
« Édition originale » (Catalogue Ambroise Firmin Didot année 1883, n°423) dont aucun exemplaire n’est apparu sur le marché public depuis un demi-siècle.
Tchemerzine II, 187; Brunet, I, 805; Cioranescu, 3673; Gay, I, 440.
Édition originale rarissime de ce roman à succès de la fin du XVIe siècle qui est loué par la critique moderne. Tchemerzine ne décrit que deux exemplaires, dont aucun en reliure de l’époque.
Ce roman, cinquième et dernière partie des Aventures de Floride est complet en lui-même, se vend seul et porte un titre différent et individualisé (voir Tchemerzine I- 664-665).
« Dans le ‘Cabinet de Minerve’ le récit romanesque s’unit à la réflexion « scientifique », aux descriptions d’œuvres d’art ». (Daniela Mauri).
L’auteur y a rassemblé (sous la forme fictive de visiteurs introduits dans le Cabinet de Minerve pendant deux jours et une nuit, où des nymphes leur expliquent les objets qui s’offrent à leur vue) de nombreuses réflexions philosophiques, littéraires, historiques, religieuses et même scientifiques, des recettes et des observations diverses.
Les amis de Béroalde (1556-1626) sont Pierre de L’Estoile, ancien élève de son père, et Nicolas Le Digne ; ses deux mécènes sont Pierre Brochard, sieur de Marigny, conseiller du Roy, à qui il dédie plusieurs ouvrages, et René Crespin. S’écartant à la fois des ligueurs qui règnent à Paris, et des partisans du roi de Navarre, il sert Henri III dans l’armée royale (de 1586 à 1588). C’est l’époque où il faut placer son abjuration du calvinisme et le début de la période la plus intense de son activité littéraire. En 1589, il s’installe à Tours, où la cour et le Parlement sont réfugiés (1589-1594), fréquente une série de poètes et d’esprits « curieux », parmi lesquels le poète Guy de Tours et le traducteur et écrivain Roland Brisset.
Ecrivain très fécond, il nous a laissé une œuvre abondante et variée. Oublié pendant plus de deux siècles, dès la première moitié du XIXe, on redécouvre cet auteur talentueux.
« Mais c’est seulement à partir de l’étude « pionnière » de V.L. Saulnier (1944) que la critique a heureusement commencé à redécouvrir cet auteur à multiples facettes. Esprit « curieux », s’intéressant à plusieurs domaines du savoir (mathématiques, optique, catoptrique, médecine, peinture, sculpture, alchimie, pour ne citer que les principaux), il incarne en effet de façon très efficace le « savant » typique d’une époque de transition entre la Renaissance et le Baroque. Sa production littéraire peut même passer pour l’exemple idéal des changements profonds qui s’opérèrent dans les conceptions de la connaissance au tournant entre le XVIe siècle et le XVIIe, passage d’un savoir encyclopédique à un savoir morcelé et non systématique. Auteur d’ouvrages en vers et en prose appartenant à des genres différents les uns des autres, il est à l’aise aussi bien dans la poésie lyrique, amoureuse, satyrique, que dans des textes d’inspiration morale, politique, « scientifique », philosophique (dans la lignée de Scève et de Du Bartas).
Mais Béroalde fut aussi et surtout auteur de romans. Il révèle dès le début de sa carrière de romancier, une tendance à rendre plus ou moins chaotiques, miroitantes et « kaléidoscopiques » les structures fondamentales du genre : personnages très nombreux qui jouent à tour de rôle la fonction de narrateur, histoires multiples qui s’enchevêtrent, allure narrative labyrinthique, ce qui provoque souvent chez le lecteur un sentiment de dépaysement et presque de vertige. Béroalde aime aussi mêler entre elles les « matières » les plus disparates et l’on doit lui reconnaître la capacité de nous surprendre toujours, de réveiller constamment notre curiosité et de nous transmettre, comme à travers une véritable contagion, une passion pour la recherche de la connaissance sous toutes ses formes. Il est fondamental de remarquer que Béroalde adopte systématiquement, surtout au début de ses romans, mais aussi au cours du récit, un ressort narratif très efficace, emprunté peut-être à Rabelais, qui, dans le prologue de Gargantua, nous invitait à trouver la «substantificque mouelle » à l’intérieur de l’ « exterieure apparence ». De même, Béroalde nous exhorte constamment à rechercher au-dessous de ce qu’il appelle tour à tour l’« escorce », la « feinte » ou l’« artifice » d’une narration apparemment légère ou même futile quelque chose de plus profond et précieux, s’identifiant pour lui avec le désir du savoir et la quête d’une perfection artistique qui lui échappe sans cesse, comme le démontre parfois, d’ailleurs, l’inachèvement conscient et voulu de quelques-uns de ses romans » (Daniela Mauri).
C’est ainsi que dans le Cabinet de Minerve, le récit romanesque s’unit à la réflexion scientifique et aux descriptions d’œuvres d’art.
L’une des plus rares éditions originales d’un roman français du XVIe siècle dont aucun exemplaire n’est apparu sur le marché public depuis un demi-siècle.
Il est ici conservé dans sa reliure d’origine en vélin de l’époque, condition éminemment enviable, les deux seuls exemplaires cités par Tchemerzine étant en reliure postérieure.
OCLC ne répertorie que 3 exemplaires dans l’ensemble des Institutions publiques du monde : B.n.F., University of Alberta et Princeton University.