Strasbourg, Wolfgang Cephalaeus, 1525.
In-8 de 277 ff., (3) ff. Marge blanche inférieure du titre coupée. Maroquin brun de l’époque, plats ornés d’un encadrement d’une roulette frappée à froid entourée de part et d’autre de triples filets à froid, à l’intérieur motif de croix grecques répété 6 fois, fleurons frappés aux angles de l’encadrement central, dos à nerfs orné de croisillons frappés à froid, tranches rouges. Petit manque de peau à l’un des nerfs du dos. Reliure italienne de l’époque.
165 x 100 mm.
Très rare première édition donnée par Johann Lonicer (1499-1569) et dédiée à son ami et maître Philippe Melanchthon.
Imprimée en grec, elle repose sur la troisième édition aldine.
Dibdin, II, 46; Schweiger I, S. 156; Schoell I, 155; J. W. Moss, I, pp.483-484.
« Cette édition, publiée par J. Lonicer, convient avec la seconde et la troisième Aldine, mais à la fin on a ajouté des variantes tirées de l’édition première et de l’Aldine de 1504. » (Graesse, III, 326).
« Cette édition, donnée par J. Leonicerus, qui l’a dédiée à Phil. Mélanchton, correspond à la seconde et à la troisième d’Alde, dont elle reproduit le texte. A la fin sont ajoutés les variantes des éditions de 1488 et 1504. » (Brunet, III, 270)
« Edition très difficile à trouver encore plus rare que la seconde de 1534 » (Brunet).
« This edition is very rare and very little known. » (J. W. Moss).
« This edition, which was unknown to Harwood, and is found in very few collections, is preferred by Heyne to that of Junta and Martinus… Hardwood notices the Iliad only which he calls “liber rarissimus”. All the works of Cephaleus are rare. » (Dibdin).
Malgré son ampleur, l’architecture de l’Iliade est tout à la fois simple et solidement équilibrée ; Arioste louait déjà l’originalité de son plan : au lieu de traiter toute la guerre de Troie, Homère choisit un épisode bien précis, la colère d’Achille. Autour de cet épisode, il couvre constamment des perspectives sur l’ensemble de la guerre, et c’est ainsi que l’épopée de la guerre devient aussi l’épopée de la geste troyenne. Les personnages de l’Iliade, comme des archétypes humains posés une fois pour toutes, n’ont cessé d’inspirer les créateurs, de l’Antiquité à nos jours. Elle servira de base à l’éducation en Grèce, puis à Rome.
« Avant 1520 la situation en France n’était guère propice à l’épanouissement des études homériques. Il existait peu d’éditions d’Homère et la connaissance du grec était, à quelques rares exceptions, généralement rudimentaire. Car, si l’Italie avait profité de l’exil de nombreux érudits grecs après le sac de Constantinople en 1453, tel n’avait pas été le cas en France.
Ce n’est qu’au cours des années 1520 que l’on voit les premières tentatives de généraliser l’enseignement du grec en France, grâce aux cours publics de Jacques Toussaint. Pourtant il ne faudrait pas exagérer l’importance de la diffusion du grec à l’époque. Si la France humaniste s’est tournée d’emblée vers l’Italie pour développer ses connaissances du grec, l’influence allemande, issues de certaines universités protestantes comme Wittenberg, n’a pas tardé à entrer en jeu. La Réforme luthérienne favorisait l’enseignement de la langue du Nouveau Testament. Les discours de Philippe Melanchthon en particulier trouvaient un public avide en France et son appréciation de la littérature grecque a aidé à mettre Homère en valeur. »
(Ph. Ford, De Troie à Ithaque : réception des épopées homériques à la Renaissance).
Erudit humaniste, théologien protestant et professeur de grec et d’hébreu à Marburg, Johan Lonicer (1497-1569) professa la langue hébraïque à Francfort sur l’Oder, à Fribourg et à Strasbourg. Il y travailla comme correcteur à l’imprimerie. Il était proche de Luther et de Melanchthon auquel il dédie cette édition de l’Iliade.
« Le génie du grand poète continue de faire depuis 3000 ans, les délices et l’admiration de tous les peuples. L’Iliade, la plus parfaite des compositions épiques…On estime l’édition de Strasbourg, 1525, l’une des éditions qui font époque dans l’histoire des lettres ou de la typographie » (Charles Weiss, Biographie universelle, III, 230).
« Le prince des poètes grecs. Le modèle et le désespoir de tous les autres. » (Furne)
Le titre est orné d’un superbe encadrement gravé sur bois par Hans Weiditz et montrant des scènes de l’Iliade avec Achille, Hector, Homère avec sa lyre…
Précieux exemplaire de cette rare édition de « l’Iliade » conservé dans sa très intéressante reliure italienne de l’époque en maroquin brun estampé.
Ex-libris manuscrit Ferdinandus Reinman sur le contreplat répété sur le feuillet de titre.