Strasbourg, 1577.
Fort volume in-folio de (30) ff., 450 ff., (24) ff. le dernier blanc, infime déchirure ds. la marge bl. de la p. 375, annotation manuscrite ancienne en marge d’un f., pte. déch. anciennement restaurée au f. 448.
Peau de truie sur ais de bois, plats aux bords biseautés et ornés d’un beau décor estampé formé de deux bordures et quatre compartiments avec figures légendées, fermoirs métalliques, dos à cinq nerfs orné de caissons de filets à froid, tranches rouges. Reliure de l’époque : Caspar Kraft à Wittemberg.
335 x 216 mm.
Première édition illustrée du traité culinaire de Hieronymus Bock (1498-1554) le père de la botanique allemande et somptueux herbier orné de 590 bois en coloris de l’époque.
Green, Landmarks of Botanical History I, 1983, pp. 304-359. – Blunt & Raphael, The Illustrated Herbal, 1979, pp. 129-132. – Nissen, BBI, n° 182.- Muller, Bibliographie strasbourgeoise III, 1986, p. 523, n° 177.- Index Aureliensis IV, 1970, p. 378 : BL, München SB, Roma BV, Wroclaw.
Médecin et botaniste, H. Bock (1498-1554) est, à l’égal de Brunfels et de Fuchs, un des trois « Pères de la botanique allemande ». L’essor de la botanique à la Renaissance se caractérise par une iconographie entièrement renouvelée, dès lors que l’image se devait de permettre non seulement la compréhension du texte descriptif, mais l’identification de la plante à des fins thérapeutiques.
Bock figure au premier rang des restaurateurs de la botanique au XVIe siècle.
Ses études des plantes résultaient d’observations effectuées sur le vif, dans la nature, au cours de fréquentes excursions dans les Ardennes, les Vosges, le Jura, les Alpes Suisses et les bords du Rhin.
Commentateur des textes de l’Antiquité et pionnier de l’observation directe, l’intendant du jardin botanique de Zweibrücken a collecté un grand nombre de spécimens, précisant l’origine des plantes, les conditions de leur herborisation ainsi que leurs vertus médicinales.
« Bock est le second des fondateurs germaniques de la Botanique… Ses descriptions de fleurs étaient remarquablement claires… il prenait en considération des éléments que ses prédécesseurs avaient complètement ignorés. Il reconnaissait la corolle, les étamines et les pistils comme parties essentielles de beaucoup de fleurs et il est probablement le 1er botaniste du XVIe, siècle à avoir compris la nécessité d’une classification. » Hunt.
« Ce fut lui qui, le premier introduisit dans la botanique une certaine méthode dont on ne trouve encore aucune trace ni dans Brunfel ni dans Fuchs. » (Jourdan, Biographie médicale.)
« One of the earliest to give original descriptions of plants instead on relying on what Dioscorides or
Pliny had written » (Morton, History of Botanical Science, p. 125).
Le texte du Kreütterbuch vit le jour en 1539, sans illustration, faute de moyens financiers. Arber observe que ce fut en quelque sorte une chance qui le stimula, l’obligeant à décrire minutieusement chaque plante, à tel point que Fuchs, critiqué pour l’indigence de ses descriptions, en reprit certaines mot pour mot. (Arber, Herbals, 1986, pp. 151-153).
La première édition illustrée (468 bois) remonte à 1546 ; iconographie portée à 530 gravures en 1551. La présente édition de 1577, donnée par le médecin Melchior Sebitz l’ancien, recteur de l’Université de Strasbourg, intègre pour la première fois le manuel de cuisine de Bock qui avait été publié séparément en 1550, sans illustration.
Édition estimée, continûment rééditée jusqu’au XVIIe siècle. Elle a été retenue pour la réimpression en fac-similé (Munich, 1964).
L’illustration comporte 590 bois environ, dessinés et gravés par David Kandal, coloriés à l’époque.
Mariette a vanté le talent et la précision de David Kandal (1520-1592), peintre de fleurs et graveur.
L’artiste strasbourgeois ne s’est pas borné à interpréter les compositions de Fuchs ou de Brunfels, il en a donné une centaine de son cru.
Ses dessins restituent les plantes, des racines à la fleur, agrémentées parfois de scènes de genre, outre le portrait de l’auteur, à pleine page dans un encadrement architectural, et le blason de Philippe-Guillaume d’Orange-Nassau, également à pleine page.
Exemplaire de prestige où l’apport de la couleur, strictement d’époque, est non seulement soigné mais homogène. Ces gravures au trait, sans contretaille et peu ombrées, se prêtaient ainsi à leur mise en couleur.
Première édition illustrée du traité culinaire de Bock.
Le Teutsche Speisskammer, illustré de 19 bois gravés d’après les dessins du peintre suisse Tobias Stimmer, renferme une centaine de pages où l’auteur passe en revue les usages alimentaires: volaille, poissons, légumes et herbes, lait, beurre, vins (première mention du riesling), fromages (allemands, suisses et hollandais), les épices (gingembre, poivre, cardamone, clous de girofle, safran), le pain allemand (à base de seigle ou d’orge), le miel et le sucre (alors considéré comme un médicament).
Les scènes gravées en premier tirage représentent le marché aux poissons, boucherie, banquet, cuisine, cellier, etc. La dernière section, Von Panckentieren unnd Schlassdruncken relève moins du botaniste que du pasteur luthérien qu’il fut aussi. Il traite des banquets, de même que des effets conjugués de l’ébriété et de la danse, prônant la tempérance.
(Weiss, Gastronomia, 1996, n° 427 ; Bitting, Gastronomic Bibliography, 1939, p. 46, ainsi que Cagle, A Matter of Taste, 1999, n° 85, ne répertorient que l’édition de 1550).
Somptueux exemplaire, parfaitement conservé, en peau de truie estampée de l’époque, signée par Caspar Kraft le Jeune.
Exécutée à Wittemberg dans l’atelier de Caspar Kraft, la reliure est ornée de quatre plaques signalées par Haebler. Répétées sur le second plat, l’une d’entre elles est signée des initiales CK. Elles sont légendées et figurent Lucretia, la Justice (deux plaques distinctes) et une allégorie de la Raison.
(Haebler, Rollen und Plattenstempel des XVI. Jahrhunderts, 1928-1929, tome I, p. 218, n° VIII; p. 216, n° II et tome II, p. 326, n° VII a-b.)
Provenance :
– ex-libris manuscrit à l’encre rouge sur le contreplat : Niclas Oschenbach Haübttman, 1602 ; accompagné d’une estampe gravée par J.B. Collaert d’après Jan van der Straet : Mars dans les bras de Vénus, vers 1600 (Hollstein, 93) ;
– Inscription sur le titre marquant la provenance de l’abbaye bénédictine de Weingarten, datée 1659 ;
– Bibliothèque royale de Stuttgart, après que l’abbaye eût été sécularisée en 1803. Cachet humide.