Paris, chez Charles de Sercy, 1665.
In-12 de (1) f.bl., (6) ff. y compris la figure gravée, 95 pp., (1) f.bl. Vélin souple de l’époque, dos lisse. Reliure de l’époque.
140 x 83 mm.
Seconde édition, qui reproduit exactement l’édition originale, de la première « grande comédie » de Molière.
Tchemerzine, IV, 775.
Elle fut précédée de la première originale parue en 1663 et de plusieurs contrefaçons.
La dédicace à Madame est adressée à Henriette d’Angleterre, duchesse d’Orléans, épouse de Monsieur, frère du Roi.
« … édition très importante, non seulement parce que la gravure représente Molière et sa femme, mais encore parce que la ponctuation et l’accentuation du texte nous indiquent la manière dont Molière débitait ses rôles. On voit qu’il a présidé lui-même à la correction scrupuleuse du texte » (Lacroix, Bibliographie moliéresque, p. 8, à propos de l’édition originale).
« La première représentation de cette pièce dont le succès fut éclatant eut lieu de 26 décembre 1662 au Théâtre du Palais Royal.
Molière s’était surpassé. Il avait atteint au chef-d’œuvre non seulement par la perfection de ses jeux de scènes, par ses qualités d’homme de théâtre mais surtout par une analyse profonde et précise des caractères.
Marié dans cette même année 1662 avec Armande Béjart, il était déjà hanté par la crainte de perdre ce bonheur tout frais. Transportant sur la scène ses inquiétudes, ses espoirs, ses joies, sa vivacité naturelle et tous les états d’âme de l’homme follement amoureux qu’il était, Molière réalisa avec une rare virtuosité une fresque étonnante de dialogues puisés dans l’observation des sentiments humains.
Ce fut son triomphe et ce fut aussi le début de ses tourments.
Fort de l’appui du Roi qui ne devait pas être fâché au fond de lui-même de voir un comédien traduire des sentiments qu’il éprouvait mais que son rang ne lui permettait pas d’exprimer sans nuire à son prestige et à son autorité, Molière n’hésita pas à faire imprimer l’Ecole des Femmes quatre mois seulement (16 mars 1663) après la première représentation.
Il fit précéder la pièce d’un Epître dédicatoire à Madame, suivie d’une Préface où il répondit adroitement par touches amorties aux critiques dont il avait été l’objet.
Jamais l’auteur n’eut tant d’approbations enthousiastes ni d’hostilités aussi violentes. »
(Guibert, Bibliographie des Œuvres de Molière, I, pp. 117-132).
L’édition est ornée du précieux frontispice gravé par François Chauveau qui représente le plus ancien portrait de Molière.
Mais rien ne permet de supposer, comme l’a fait Guibert, que Molière y est représenté avec Armande Béjart, la jeune femme qu’il vient d’épouser. Il est plus vraisemblable que le frontispice représente Molière aux côtés de celle qui tient alors le rôle de l’ingénue, sa maitresse, Mademoiselle de Brie.
Précieux exemplaire d’une grande pureté conservé dans son vélin souple de l’époque.