Genève, Jean-Leonard Pellet, 1780.
10 volumes in-8 et un volume in-4 d’atlas, maroquin rouge, triple filet doré autour des plats, dos lisses très joliment ornés avec fers spéciaux, pièces de titre et de tomaison de maroquin vert, grecque intérieure, tranches dorées. Reliure de l’époque.
197 x 122 mm ; 255 x 197 mm pour l’atlas.
« Edition originale » de cet « ouvrage clef de la crise de l’Ancien régime », truffé de morceaux de l’éloquence révolutionnaire, souvent dus à la plume de Diderot.
Les bibliographes soulignent l’extrême importance de cette troisième édition originale à ce point truffée et radicalisée par Diderot qu’elle constitue un nouvel ouvrage totalement révolutionnaire et condamné par le Parlement, qui valut la gloire et l’exil à son auteur.
Précieux exemplaire de l’édition de format in-8 publiée en même temps que l’édition de format in-4.
Exemplaire bien complet des 10 frontispices dont un portrait par Cochin et 9 figures par Moreau gravés par Dambrun (1), de Launay (6), Delignon (I), Romanet (1) et Simonet (1), et de l’atlas qui contient 50 planches numérotées 1 à 49, avec une planche 17 bis, et 23 tableaux dépliants.
« Jésuite né dans l’Aveyron en 1713, l’abbé Raynal monta à Paris et quitta bientôt l’Église pour la Philosophie. Il collabora à l’Encyclopédie, au Mercure de France et à la Correspondance littéraire, et rédigea des travaux alimentaires ou livres de propagande, inspirés par le gouvernement français : ‘Histoire de Stathouderat’ (1747), ‘Histoire du Parlement d’Angleterre’ (1748).
Il reçut commande d’une histoire de la colonisation qui aurait pu n’être qu’une compilation supplémentaire, s’il n’avait rassemblé autour de lui une pléiade de collaborateurs, d’Holbach, Naigeon et surtout Diderot, et si l’entreprise commerciale ne s’était muée en un grand traité politique et philosophique.
Une seconde édition augmentée paraît en 1774 et une troisième, signée par Raynal et radicalisée par les interventions de Diderot, en 1780. C’est la répression et la gloire pour l’abbé Raynal : le Parlement condamne l’ouvrage, l’auteur doit s’exiler, il assume le personnage du philosophe persécuté, à travers l’Europe, avant d’être autorisé à s’installer à Marseille. Les révolutionnaires étaient prêts à accueillir le septuagénaire comme un maître à penser et à agir ; ils furent plus que déçus, furieux du discours conservateur que leur tint cet auteur, dépassé par son œuvre. »
Diderot fut donc l’un des principaux rédacteurs. « Sous le masque de Raynal [il] s’abandonne à toute sa fougue libertaire, contestataire et dénonciatrice. Il abomine l’intolérance, l’influence de l’église dans les affaires temporelles, n’admet qu’une morale universelle, celle qui a pour objet la conservation et le bonheur commun de l’espèce humaine… ». (Raymond Trousson).
« L’Histoire des deux Indes mêle de fait une banale histoire des explorations et des installations commerciales européennes dans le monde et une dénonciation parfois violente de l’esclavage et l’exploitation des colonies par les métropoles. Les emprunts aux mémoires administratifs et aux traités antérieurs alternent avec des morceaux d’éloquence révolutionnaire, souvent dus à la plume de Diderot.» (Michel Delon, En Français dans le texte, Dix siècles de lumière par le livre, n°166).
Ce traité ainsi enrichi de morceaux littéraires de choix connut un éclatant succès et fut réédité une dizaine de fois à la fin du XVIIIe siècle.
La critique universitaire le considère comme l’un des ouvrages clefs de la crise de l’Ancien Régime.
Superbe exemplaire, de parfaite fraîcheur, imprimé sur papier de Hollande aux nuances bleutées, revêtu de très élégantes reliures de l’époque en maroquin rouge.