Londres, 1787.
In-8 de 304 pp. Conservé dans sa brochure d’origine de papier orangé, pièce de titre de papier en tête du dos, non rogné. Brochure de l’époque.
212 x 137 mm.
Edition originale rare de cette analyse des campagnes de Frédéric II jugées par le célèbre tacticien français Jacques-Antoine-Hippolyte Guibert, ouvrage qui eut une grande influence sur les conceptions militaires de Napoléon.
Jacques-Antoine-Hippolyte Guibert est un général et auteur militaire français né le 12 novembre 1743 à Montauban et mort le 6 mai 1790 à Paris.
« Le 1er juin 1772, M. de Guibert avait fait parvenir au Roi, par l’entremise de d’Alembert, son ‘Essai général de tactique’ ; il arriva lui-même à Postdam le 14 juin 1773, et écrivit à Frédéric une lettre. Aux pages 215 et suivantes, M. de Guibert parle de la conversation qu’il eut avec le Roi le 17 juin, et de son séjour à Postdam. Dans le second volume de son ‘Journal’, il parle des manœuvres et des revues auxquelles il avait assisté en Silésie, aux mois d’août et de septembre 1773. Son séjour à Berlin, à Postdam et en Silésie, ses conversations avec Frédéric, et la connaissance assez intime qu’il avait faite avec M. de Catt, l’abbé Bastiani, le colonel Quintus Icilius, les généraux d’Anhalt et de Rossières, et avec beaucoup d’autres personnages très capables de le mettre au fait de l’histoire de la Prusse et du caractère de Frédéric, lui donnèrent l’idée et lui fournirent les moyens d’écrire ‘l’Eloge du roi de Prusse’. A Londres (Paris), 1787, 304 pages in-8. Cet ouvrage a été souvent réimprimé ; il a été traduit deux fois en allemand, et en italien. On en trouve une critique sévère dans la ‘Lettre du comte de Mirabeau à M. le comte de… sur l’Eloge de Frédéric, par M. de Guibert’, 1788. Il est souvent fait mention de M. de Guibert dans la correspondance de Frédéric. » (Œuvres de Frédéric le Grand).
Guibert entre en 1756, à l’âge de treize ans, au régiment d’Auvergne avec le grade de lieutenant. Il devient capitaine en 1758 et prend part à la guerre de Sept Ans. Il y accompagne son père, Charles-Benoît, comte de Guibert. Il est décoré de la Croix de Saint-Louis lors des opérations en Corse. À l’issue de la campagne, il est nommé colonel et reçoit le commandement de la Légion corse à sa création. Il publie à Liège son Essai général de tactique, accompagné d’un Discours où il se propose « …de tracer le tableau politique et militaire de l’Europe » et en particulier de sa Nation. Par prudence, il se retire en Prusse en attendant de voir l’effet que son ouvrage aura sur l’opinion : c’est ainsi qu’en 1773, Frédéric II le Grand reconnaît en lui un grand tacticien avec lequel il conversera souvent sur les questions militaires.
Sa Défense du système de guerre moderne mettait en lumière les méthodes de défense raisonnée et scientifique utilisées par l’armée prussienne. Ce fut la base de son travail lorsqu’en 1775 il coopéra avec le comte de Saint-Germain dans une série de réformes de l’armée française.
Il est élu à l’Académie française le 15 décembre 1785. À la veille de la Révolution, il est rappelé au conseil de l’administration de la guerre en 1787. En 1788, il est nommé maréchal de camp et inspecteur divisionnaire d’infanterie de l’Artois. Il est emporté par une courte maladie le 6 mai 1790.
L’œuvre de Guibert a eu une grande influence sur les conceptions militaires de Napoléon, qui avait lu et médité ses écrits.
« Traditionnellement, on présente Napoléon comme l’héritier direct de Guibert et de ses théories. Jean Tulard n’émit pas en 1977 un avis différent dans son fameux Napoléon ou le mythe du Sauveur : « Les idées stratégiques de Napoléon n’étaient pas neuves ; elles venaient tout droit de Guibert et du principe divisionnaire ». Dans le très bon ouvrage de vulgarisation de Thierry Lentz, Napoléon : « Mon ambition était grande », publié en 1998, à la page 71, sur la page de présentation du chapitre IV intitulé « Le Dieu de la Guerre (1800-1810) », nous avons droit à une photographie de la trousse de campagne de l’Empereur, mise en valeur par un montage photographique avec deux livres grands ouverts. Sur la page droite du livre aux dimensions les plus réduites, nous pouvons lire ce titre : Essai général de tactique. Ce joli montage est en parfaite adéquation avec ce que Thierry Lentz écrit à la page 86, affirmant que ‘jeune, il avait découvert le fondement de sa stratégie dans les commentaires de Guibert sur les campagnes de Frédéric le Grand’. »
Bel exemplaire conservé broché et à toutes marges.