St Petersburg : Jean Charles Schnoor, 1803-1804.
4 volumes in-4 de : I/ 1 portrait-frontispice gravé par J. Saunders, (1) f. de titre, (2) ff., x pp., 240 pp., (1) f. d’errata ; II/ (1) f. de titre, (1) f. d’avertissement, 240 pp., (1) f. d’errata ; III/ 224 pp., (1) f. d’errata ; IV/ 256 pp., (1) f. d’errata. Cuir de Russie rouge de l’époque portant les armoiries impériales russes sur les plats, dos lisses finement ornés, tranches dorées. Reliures impériales de l’époque.
253 x 195 mm.
Edition originale définitive imprimée à Saint Petersbourg en 1803-1804 des célèbres Lettres sur la danse de J.G. Noverre.
Né à Paris d’un père militaire, d’origine suisse, Jean Georges Noverre débute comme danseur à Fontainebleau, en 1742, devant la cour de Louis XV ; il danse à Berlin devant celle de Frédéric II, puis à l’Opéra-Comique de Paris (1749), au Drury Lane de Londres (1755) et parcourt ensuite la France. En 1760, il inaugure sa carrière de maître de ballet au service du duc de Wurtemberg (1760-1768), après avoir publié un livre sur la danse que Voltaire qualifiera « d’ouvrage de génie ». De 1770 à 1774, il est à Vienne où il collabore avec Gluck, notamment pour créer les ballets d’Iphigénie en Tauride et d’Alceste. En 1774, il est à Milan, avant d’obtenir de Marie-Antoinette, son ancienne élève, le poste de maître de ballet en chef de l’Académie royale de musique de Paris (où il remplace Gaétan Vestris en 1776). Parmi les nombreux ballets qu’il crée se détachent Les Petits Riens, pour lesquels il obtient une musique de Mozart, qui séjournait alors à Paris. Lors de la Révolution, il passe en Angleterre et y donne encore Iphigénie en Aulide au King’s Theatre de Londres. Rentré en France, il travaille à un dictionnaire de la danse ; il mourra à Saint-Germain-en-Laye dans une relative pauvreté.
« Noverre laisse dans ses écrits, parmi lesquels Lettres sur la danse et sur les ballets, un héritage important : imprégné de l’idéologie du XVIIIè siècle, il élabore une doctrine et fixe les règles concernant l’art du ballet, considéré jusqu’alors comme un simple divertissement. Il veut en faire un véritable art dramatique en accord avec la nature et les mœurs des personnages : il préconise une action progressive, une danse capable d’exprimer les passions et les affections de l’âme ; il exige une unité de conception dans la composition du ballet, obligeant le compositeur à conformer sa musique au drame et aux sentiments des protagonistes. Le maître de ballet doit posséder des connaissances approfondies en anatomie, en musique, en dessin, en peinture et une vaste culture humaniste. Qu’il sache non seulement danser, mais aussi coordonner d’une façon harmonieuse bras, jambes et tête dans le mouvement. Il bannit la pure virtuosité, réforme les sauts (entrechats fouettés et non plus frottés, sauts en diagonale et non plus verticaux), insiste sur la valeur de l’en-dehors et du placement des danseurs. Il allège considérablement le costume, supprimant masques, perruques, robes à panier. Ses théories, peu appliquées de son vivant, furent reprises par la suite et peuvent être considérées comme les bases essentielles de l’art chorégraphique du XIXe et du XXè siècle. »
Jane PATRIE
« Lorsque je me proposai d’écrire sur un art, objet constant de mes études et de mes réflexions, j’étois loin de prévoir le succès et l’effet de mes lettres sur la danse ; quand elles parurent en 1760, elles furent accueillies avec intérêt par les gens de lettres et par les personnes de goût ; mais en même temps avec un sentiment de dépit et d’humeur de la part de celles pour qui elles étoient principalement composées. Elles soulevèrent presque tous les danseurs des spectacles de l’Europe, et notamment ceux de l’Opéra de Paris, spectacle qui étoit, qui est, et qui sera longtemps le premier et le plus magnifique des temples de Therpsicore, mais celui dont les prêtres ont le plus de prétention et d’irritabilité. On cria à l’anathême, on me traita d’innovateur, et l’on me regarda comme un homme d’autant plus dangereux, que j’attaquois des principes consacrés par leur ancienneté… » (Avant-propos de la présente édition).
Précieux exemplaire de dédicace offert au Tsar Alexandre Ier (1777-1825) avec cette dédicace :
« A SA MAJESTÉ
L’EMPEREUR DE TOUTES LES RUSSIES.
SIRE,
La double faveur que je viens de recevoir dc votre MAJESTÉ IMPÉRIALE, a pénétré mon cœur de la plus vive reconnoissance. Non seulement elle me permet de lui dédier mon ouvrage, mais elle daigne ajouter encore à cette grâce, celle de le faire imprimer à mon bénéfice. Cet honneur fait aux arts mériteroit d’être célébré par tous les artistes de nos jours… ».
Magnifiques volumes imprimés à St Petersbourg en 1803-1804 reliés en maroquin rouge de l’époque décoré et frappé des armes d’Alexandre Ier Paulowitz, petit-fils de Catherine II, empereur de toutes les Russies, provenant de la bibliothèque Tsarskoe Selo avec cachet armorié sur chaque feuillet de titre.
Magriel p. 115 ; Niles & Leslie p. 389 (« Certainly the most beautiful and perhaps the most complete of all the editions of Noverre”).