Amsterdam, et se trouve à Paris, chez Durand Neveu, 1782.
4 parties reliées en 2 volumes in-12 de : I/ 248 pp. ; II/ 242 pp. ; III/ 231 pp. ; IV/ 257 pp. Pte. déchirure sans manque dans la marge de la p. 133. Plein veau brun marbré, dos à nerfs ornés de fleurons dorés, pièces de titre et de tomaison de maroquin rouge et vert, tranches rouges. Reliure de l’époque.
169 x 95 mm.
Edition originale rare des Liaisons dangereuses, Etat B. Parmi les vingt éditions parues à la date de 1782, seules les deux premières, classées sous les rubriques A et B par Max Brun ou portant les N°1 et 2 selon Ducup de Saint Paul, appartiennent à l’édition originale. Une cinquantaine d’éditions parurent entre 1782 et 1815 ; l’originale (état A ou B) est extrêmement recherchée.
« On estime comme prouvé, que le numéro ci-dessus est bien le second tirage de l’édition originale donné par Laclos lui-même » (Ducup de Saint Paul, Essai sur les deux véritables éditions originales des Liaisons Dangereuses, Paris, 1928, p. 21).
« Bible du libertinage pour certains, le livre s’impose surtout comme un chef-d’œuvre du roman d’analyse, comme un des romans les plus abstraits et les plus intelligents. »
En Français dans le texte, n°174.
Lors de leur parution en 1782, Les Liaisons dangereuses connurent un retentissement extraordinaire. L’étude des critiques de l’époque nous indique que son succès fut principalement un succès de scandale.
Le XXe siècle a redécouvert le chef-d’œuvre de Laclos : Gide, Proust, Malraux, Giraudoux, Maurois, Butor, nombre d’autres romanciers et critiques de marque s’y sont intéressés. Récemment le roman a profité du renouveau de faveur que connaissent les études sur le XVIIIe siècle. Ces dernières années surtout l’intérêt a redoublé, les éditions du texte se multiplient. La nouvelle édition des Œuvres complètes de Laclos par Laurent Versini (1979) est un modèle d’érudition et sert désormais de référence. Innombrables sont les études et articles qui ont trait aux Liaisons dangereuses. Dans sa bibliographie datée de 1982, Colette Verger Michael mentionne six cent vingt titres de 1782 à 1979 ; et la bibliographie de PMLA en indique cent trente-cinq entre 1979 et 1991. Le roman fut traduit en allemand dès 1783 (Heinrich Mann en donna une belle traduction en 1905) ; en anglais en 1784, puis en italien, japonais, hongrois, polonais, portugais, russe, espagnol, turc, serbo-croate, etc. L’intérêt pour le roman s’explique par l’actualité de nombre de ses thèmes : la relation entre le corps et l’esprit, entre l’intelligence et la sensibilité, la volonté et le hasard ; les problèmes de la liberté et de la destinée, l’inaptitude de l’homme à diriger son destin.
« Nous n’avons pas trouvé trace d’exemplaire de l’une des vingt éditions de 1782 relié à l’époque en maroquin », mentionne Jacques Guérin dans son catalogue du 29 mars 1984 (n°38) à propos de son exemplaire de l’édition L (11ème édition) incomplet du faux titre du tome IV, vendu près de 10 000 € il y a 35 ans.
Le même Jacques Guérin vendait 240 000 FF (≈ 40 000 €) un exemplaire du troisième état dit Etat C décrit ainsi : « Edition originale (Etat C) du chef d’œuvre de Laclos » (Ref. Bibliothèque Jacques Guerin. Livres exceptionnels, Paris 29 novembre 1988, n°12. Expert Dominique Courvoisier) relié en maroquin vert, et 450 000 FF (≈ 70 000 €) un exemplaire de l’édition originale relié en veau aux armes de Henriette de Bethizy de Mézières le 7 juin 1990, n°30, il y a 29 ans.
Précieux exemplaire de l’édition originale rare de ce texte majeur en pleine reliure de l’époque.
De la bibliothèque J.L. Beraud avec ex-libris armorié.