Genève, chez Du Villard Fils & Nouffer, 1779.
4 volumes in-8 de I/ 55 pp., (1) p. bl., (2) pp., 357 pp., (3) pp. bl. ; II/ (2) ff. 375 pp., (1) p. bl. ; III/ (2) ff., 368 pp. ; IV/ (2) ff., 407 pp., (1) p. bl.
Relié en plein maroquin rouge, encadrement d’une roulette dorée sur les plats, armoiries impériales de Russie au centre, dos à nerfs richement orné, filet argenté sur les coupes, tranches dorées. Reliure armoriée de l’époque.
186 x 110 mm.
« Cette traduction des œuvres d’Homère, par Madame Dacier, étant jusqu’à présent, dans notre langue, la plus fidèle que nous ayons, nous avons cru devoir la remettre sous-presse ». (Avis des éditeurs).
« Homère est l’énorme poète enfant. Le monde naît, Homère chante. C’est l’oiseau de cette aurore. Homère a la candeur sacrée du matin. Il ignore presque l’ombre… Homère est un des génies qui résolvent ce beau problème de l’art, le plus beau de tous peut-être, la peinture vraie de l’humanité obtenue par le grandissement de l’homme, c’est-à-dire la génération du réel dans l’idéal. Fable et histoire, hypothèse et tradition, chimère et science, composent Homère. Il est sans fond, et il est riant. Toutes les profondeurs des vieux âges se meuvent, radieusement éclairées, dans le vaste azur de cet esprit. » Victor Hugo.
La fortune d’Homère connut une continuité incomparable. Son interprétation fleurit à des époques aussi différentes que le vè siècle grec et les siècles chrétiens : en l’allégorisant, ou en le moralisant comme on dira au Moyen Âge, chacun y chercha et trouva un « sens caché ». C’est dire aussi qu’il exerça une influence immense sur notre civilisation dont il semble une sorte de point de départ littéraire. Il constitua la base de l’éducation à l’époque classique, puis hellénistique et ensuite à Rome. On y trouva exemples et motifs propres à assurer l’instruction littéraire ; on y puisa aussi des modèles de vie. A plus d’un titre l’homme occidental peut voir dans l’Iliade et l’Odyssée des œuvres fondatrices. Avant la grande expérience des tragiques, qu’elles influencent, elles dépeignent pour la première fois l’être humain face à un destin qu’il a conscience de devoir accomplir. En outre le héros homérique, au-delà des pulsions qui l’animent et des forces surnaturelles au sein desquelles il se meut, nous offre l’image inaugurale de quelqu’un qui finit par se reconnaître en l’autre et à voir en lui un homme, fût-il son ennemi : dans la scène qui dépeint la rencontre entre Priam et Achille au terme de l’Iliade, c’est une certaine idée de l’homme qui commence son cheminement. (Fani Tripet-Pedis).
Précieux et bel exemplaire relié en maroquin rouge de l’époque aux armes de la Grande Catherine (1729-1796). Catherine II, Impératrice de toutes les Russies flattait tous les écrivains d’une grande réputation, dans l’espoir d’être flattée à son tour dans leurs écrits. Quoiqu’elle aimât peu la France, dont elle était jalouse, et qui contraria quelquefois ses desseins, les Français étaient pour elle ce que les Grecs étaient pour Alexandre ; elle avait à Paris un agent littéraire ; elle invita plusieurs fois Voltaire à venir dans ses États ; elle proposa à D’Alembert de venir achever l’Encyclopédie à St-Pétersbourg, et de suivre l’éducation du grand-duc. Diderot, qu’elle avait fait venir à St-Pétersbourg, s’entretenait souvent avec elle, et, dans la chaleur de la conversation, lui frappait quelquefois sur le genou, sans qu’elle parût blessée de cet excès de familiarité. A force de prévenances, elle obtint ce qu’elle désirait, et l’Europe littéraire la plaça parmi les plus grands monarques. Il faut dire qu’elle avait mérité une partie des éloges qu’on lui donnait ; elle avait consacré son règne par des institutions et des monuments utiles.