MOLIERE Les Fourberies de Scapin. Comédie par I. B. Moliere.

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Édition originale rare des « Fourberies de Scapin », l’une des comédies les plus originales de Molière.
Paris, Pierre Le Monnier, 1671.

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Et se vend pour l’Autheur, A Paris, chez Pierre Le Monnier, au Palais, vis-à-vis la Porte de l’Eglise de la S. Chapelle, à l’Image S. Loüis, & au Feu Divin, M. DC.LXXI, avec Privilège du roy, 1671.

In-12 de (2) ff., 123 pp., (2) ff. pour le Privilège, (1) p.bl.

Plein maroquin rouge janséniste, dos à nerfs, double filet or sur les coupes, roulette intérieure dorée, tranches dorées. Chambolle-Duru.

145 x 85 mm.

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Édition originale rare des « Fourberies de Scapin », l’une des comédies les plus originales de Molière et l’une des plus difficiles à trouver, donnée pour la première fois au Théâtre du Palais Royal le 24 mai 1671.
Guibert, I, 321.

« Les Fourberies de Scapin » sont une pièce très originale et l’intrigue n’est qu’un prétexte à un jeu intarissable d’inventions bouffonnes et de scènes qui sont dignes de la grande comédie de caractère. Aussitôt après la mort de leur auteur, la pièce connut un succès éclatant (197 représentations de 1673 à 1715).

Cette comédie d’intrigue à l’italienne, dénuée d’intentions satiriques ou morales, paraît marquer ainsi la fidélité de Molière à lui-même comme aux comiques de la farce française et de la farce italienne : elle se situe dans la lignée de « L’Étourdi », sa première comédie en cinq actes, où tout reposait déjà sur les inventions incessantes d’un valet fourbe, aussi bien que dans la lignée de ses courtes farces où pleuvent les coups de bâton sur les personnages ridicules. De là les célèbres réserves de Boileau qui regrettait dans son « Art poétique », publié un an après la mort de Molière (1674), que celui-ci se fût éloigné de la grande comédie de mœurs et de caractères qui faisait de lui le Térence du xviiè siècle (« Dans ce sac ridicule où Scapin s’enveloppe. / Je ne reconnais plus l’auteur du Misanthrope »). Fidélité à soi, fidélité à la tradition comique. Les Fourberies possèdent en outre une dimension supplémentaire, qui rattache cette comédie aux grandes comédies-ballets de la fin de la carrière de Molière : « Monsieur de Pourceaugnac », « Le Bourgeois gentilhomme », « Le Malade imaginaire ». Cette dimension, qui s’exprime essentiellement à travers le rôle primordial du valet Scapin, véritable apologie du jeu théâtral, consiste en une sorte de théâtralité généralisée. Il suffit de réfléchir sur la nature des « Fourberies de Scapin », « forgeur d’inventions et de machines » (I,2). Dans la définition qu’il donne de lui-même (« et je puis dire, sans vanité, qu’on n’a guère vu d’homme qui fût plus habile ouvrier de ressorts et d’intrigues »), on retrouve le même vocabulaire que dans la présentation des tours qu’un autre fourbe, Sbrigani, s’apprêtait à jouer au provincial ridicule de « Monsieur de Pourceaugnac » : les tours, stratagèmes et ressorts des fourbes ne sont rien d’autre que des « comédies ». Et c’est une véritable pièce de théâtre que Scapin joue à Géronte dans la fameuse scène du sac (III, 2), où, tandis que Géronte est caché dans et aveuglé par le sac, Scapin joue trois personnages : lui-même qui feint d’essuyer les coups de bâton dont il accable Géronte, et deux spadassins successifs, un Gascon et un Basque, dont il imite le langage et l’accent. De même, c’était une véritable pièce de théâtre qu’il avait jouée avec le valet Silvestre déguisé devant l’autre vieillard (II, 6). Auteur et acteur, Scapin est aussi directeur d’acteurs : dès la scène 3 du premier acte, il avait tenté en vain de faire répéter Octave en esquissant devant lui le personnage de son père, avant de préparer longuement Silvestre à son rôle (I, 5). Scapin héritier du valet fourbe de la comédie italienne ? On voit qu’il est aussi l’héritier du Molière jouant son propre personnage de directeur et d’acteur dans l’Impromptu de Versailles, petite comédie qui était, au sens propre du terme, une exhibition du théâtre sur le théâtre.

Précieux exemplaire a belles marges conservé dans son élégante reliure en maroquin janséniste du XIXe siècle signée de Chambolle-Duru, de l’une des plus célèbres et rarissimes éditions originales de la littérature française.

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MOLIERE