BALZAC, Honoré de Le Curé de village. Scène de la vie de campagne.

Vendu

Balzac, légitimiste, se pose en sujet fidèle d’Henri de France.
Le Curé de village dédicacé par Balzac à Henri de France.

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Paris, Hippolyte Souverain, 1841.

Deux tomes reliés en un volume in-8 de : I/ (1) f., xii pp., (2) ff., pp. 21 à 337, (1) p. (errata), saut dans la num. de la p. 308 à 311 sans manque ; II/ (2) ff., 378 pp., (1) f, pte. déchirure p. 37 sans atteinte au texte, rousseurs ou taches éparses. Le faux-titre du tome 1 a été retiré à l’époque. Relié en demi-basane brune, dos lisse orné en long avec petit fer figurant un berger et son chien. Reliure de l’époque.

206 x 126 mm.

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Edition originale « rare » (Clouzot, 23) de ce roman de Balzac faisant partie de la Comédie humaine.

Vicaire, I, 216-217 ; Carteret, I, 76.

« Le curé de village est l’abbé Bonnet qui, à Montégnac, en Limousin, assiste Mme Graslin dans ses généreuses œuvres de bienfaisance. L’intrigue du roman tourne autour d’un ancien crime commis par un ouvrier, Jean-François Tascheron, qui a été secrètement l’amant de Mme Graslin et est monté à l’échafaud sans faire la moindre révélation. Et vraiment une ombre de mystère entoure pour le lecteur cette terrible histoire… » (Dictionnaire des Œuvres, II, 178).

Précieux et rarissime envoi autographe signé de Balzac à Henri de France (Duc de Bordeaux puis Comte de Chambord) sur le faux-titre du second tome : « A Henri de France, hommage d’un sujet fidèle, de Balzac, Paris, 7 mars 1841 ».

Cet exemplaire et cet envoi ont été cités par l’actuel Comte de Paris dans une allocution en 2000 à Vendôme à l’occasion de l’année Balzac.

Balzac y confirme ses sentiments légitimistes en se disant sujet du Comte de Chambord et non de Louis-Philippe alors régnant.

Henri d’Artois, petit-fils de France, duc de Bordeaux, est un prince de la famille royale de France, chef de la maison capétienne de Bourbon, plus connu sous son titre de courtoisie de comte de Chambord, né le 29 septembre 1820 au palais des Tuileries à Paris, et mort le 24 août 1883 au château de Frohsdorf à Lanzenkirchen en Autriche. Petit-fils du roi Charles X, chef et dernier représentant de la branche aînée et française de la maison de Bourbon, il est prétendant à la Couronne de France de 1844 à sa mort sous le nom d’Henri V.

Le nom d’Artois qui lui fut donné par le roi Louis XVIII est celui qui figure sur son acte de naissance, mais il ne l’utilisa plus à partir de 1844 (date de la mort de son oncle le comte de Marnes, dernier dauphin de France), considérant dès lors porter de jure le nom « de France ».

En outre, il opta à partir de la même date pour le nom de Bourbon dans ses relations avec les États étrangers (en particulier ceux qui lui accordaient l’asile politique). Sous la Restauration, Henri d’Artois portait le titre de duc de Bordeaux, que lui donna Louis XVIII en hommage à la première ville qui se rallia aux Bourbons en 1814.

Le 25 juillet 1830, Charles X promulgue des ordonnances qui provoquent la révolution de 1830, connue aussi sous le nom de Trois Glorieuses, s’étant étalée sur trois journées. Le 30 juillet 1830, un groupe d’hommes politiques parisiens lance la candidature au trône de Louis-Philippe, duc d’Orléans. Le 2 août 1830, Charles X abdique en faveur de son petit-fils Henri d’Artois. L’ordre de succession donnait cependant le trône au fils aîné du roi, le dauphin Louis-Antoine de France, qui était appelé à régner sous le nom de Louis XIX. Mais celui-ci est contraint de contresigner l’abdication de son père. Ainsi, la Couronne passerait au jeune Henri, duc de Bordeaux, qui deviendrait Henri V. Charles X envoie cet acte d’abdication au duc d’Orléans lui confiant de facto la régence, l’ayant déjà nommé dès le 1er août 1830 lieutenant-général du royaume. Dans cet envoi, il le charge expressément de faire proclamer l’avènement d’ Henri V. Louis-Philippe d’Orléans ne se tient pas pour régent à partir du 2 août ; il se contente de faire enregistrer l’abdication de Charles X et la renonciation de son fils, sans faire proclamer Henri V. Le 7 août, la chambre des députés puis la chambre des pairs appellent au trône le duc d’Orléans, qui prête serment le 9 août, sous le nom de Louis-Philippe Ier. Néanmoins, dès le 2 août, certains légitimistes (qui seront appelés les henriquinquistes) commencent à désigner le jeune Henri, âgé de neuf ans, sous le nom d’Henri V. La famille royale part en exil en Angleterre le 16 août 1830.

La mort du dauphin « Louis XIX », survenue le 3 juin 1844, amène ses partisans à se rallier au comte de Chambord, qui devient l’aîné de la maison de France et est désormais reconnu sous le nom d’Henri V par tous les légitimistes, qui restent dans l’opposition sous la monarchie de Juillet, la Deuxième République et le Second Empire.

« En 1841, dans ‘Le Curé de village’, dans le cadre d’une diatribe contre l’institution juridique, Balzac s’oppose en toutes lettres à la peine de mort, faisant écho au ‘Dernier jour d’un condamné’ (1829) de Victor Hugo. Il n’est pas surprenant qu’il soit ‘devenu le censeur impitoyable de la monarchie philiparde, en fustigeant dans ses œuvres la bourgeoisie, avide de faveurs et d’argent’. »

Le fait que Balzac ait rédigé sa dédicace sur le faux-titre du second tome, alors que les deux tomes étaient déjà reliés en un seul volume à l’époque, et que l’exemplaire ait été expurgé du faux-titre du premier tome révèle les risques encourus par Balzac alors qu’il affirme son soutien à Henri de France et non à Louis-Philippe, alors régnant.

Il nomme d’ailleurs le Comte de Chambord Henri de France dans cette dédicace datée de mars 1841 alors que le Comte de Chambord n’adoptera ce nom qu’à partir de 1844.

On peut imaginer que le Comte de Chambord, recevant ce présent dédicacé de la part de son fidèle sujet Honoré de Balzac, eut peur qu’une telle marque de loyauté ne nuise à son auteur, et lui ait alors demandé de transposer sa dédicace au milieu du volume, sur le faux-titre du second tome, la rendant ainsi moins visible et moins compromettante, prélevant par la même occasion le premier faux-titre du volume.

Passionnant exemplaire d’une provenance prestigieuse, du plus haut intérêt historique, qui révèle les positions légitimistes de Balzac.

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Auteur

BALZAC, Honoré de