Firenze, Stamperia de’ Giunti, 1579.
Petit in-4 de 58 pp., (1) f. de table, 24 pp., 16 gravures hors-texte numérotées de A à P dont 4 dépliantes. Titre dans un encadrement architectural agrémenté de putti et de grotesques. Déchirure à la gravure G anciennement restaurée, ancienne restauration au coin sup. de la p. 3 des Vaghezze. Maroquin vert, triple filet doré encadrant les plats, dos à nerfs finement orné, double filet doré sur les coupes, dentelle intérieure dorée, tranches dorées sur marbrures. Reliure signée Chambolle-Duru.
218 x 150 mm.
Édition originale de ce livre de fête donnant le récit détaillé des fastueuses célébrations organisées à Florence à l’occasion du couronnement et du mariage de Bianca Cappello avec le duc François Ier de Médicis le 12 octobre 1579.
Adams G1355; Brunet, II, 1772 qui ne mentionne que 15 planches ; Cicognara, I, 1388 ; Lipperheide, II, 2740 ; Mortimer, Italian, I, 224 ; Vinet, I, 605, qui ne compte que 15 planches ; Fairfax Murray, Libri Italiani, 830 ; Harvard, Italian, 223.
« Bianca Capello fut couronnée dans l’église métropolitaine de Florence le 12 octobre 1579. Les architectes du temps se signalèrent à l’envi pour les décorations de cette fête, et la célébration du mariage fut la première occasion où l’on rassembla une aussi grande quantité de chanteurs et de joueurs d’instruments. On en fit venir de toutes les parties de l’Italie, et même de la cour de l’empereur. »
« Voici le portrait que trace Montaigne (Journal de voyage) de Bianca Capello : ‘Elle est belle à l’opinion italienne, un visage agréable et impérieux, le corsage gros et des tétins à leur souhait’.
Cette beauté impérieuse, fille de Bartoloméo Capello, l’un des plus considérés parmi les patriciens de Venise, après une première aventure, devint maitresse du grand-duc ; puis, dans les trois mois qui suivirent la mort de Jeanne, archiduchesse d’Autriche, première femme de François (5 juin 1578), elle se fit épouser secrètement. Mais un mariage secret ne pouvait contenter une femme ambitieuse, et François, dégagé de tout lien, pouvait avouer sa passion. Aussi annonça-t-il au doge et à la république de Venise que son intention était de former avec eux la plus étroite alliance en prenant pour épouse une fille de Saint-Marc, proposition qui fut si bien accueillie que, le 16 juin 1579, une déclaration du sénat de Venise nomma Bianca fille véritable et particulière de la république. Deux ambassadeurs, suivis de quatre-vingt-dix nobles, furent envoyés à Florence pour célébrer en même temps l’adoption de Saint-Marc et le mariage. Les deux cérémonies furent célébrées le 12 octobre 1579, et les dépenses qu’elles occasionnèrent ne furent pas au-dessous de trois cent mille ducats.
Ce fut dans la vaste cour du palais Pitti, dite la cour d’Ammanato, du nom du célèbre architecte, qui en conçut l’idée que se firent les joutes et qu’on vit les merveilles dont Raphaël Gualterotti nous a conservé le souvenir. Les trois portes de la belle grotte couverte de rocailles, au midi de cette cour, grotte dont l’emplacement exact et les dispositions différaient probablement de celle qu’on voit aujourd’hui, servirent tantôt de coulisses, tantôt de toile de fond, suivant les nécessités du spectacle. C’est de là qu’on vit sortir un char trainé par deux éléphants, un autre trainé par des lions, un dragon qui lançait des flammes, d’autres chars trainés, les uns par des cygnes, d’autres par des tritons, etc. Des toiles peintes, représentant la mer ‘mouvante et écumante’, vinrent ajouter à l’effet du spectacle, qui eut lieu aux flambeaux et sous un immense voile tendu sur la cour pour préserver les spectateurs de la fraicheur de la nuit. Enfin, un tournoi sur la grande place de Florence, vint couronner ces fêtes. Voyez la dernière planche de cette intéressante publication ». (Vinet)
“Duke Francesco de’ Medici and Bianca Cappello’s marriage in 1578 was celebrated with great pomp, partially intended to help establish her in Florentine society. This festival book records the many celebrations organized, including an elaborate pageant in the courtyard of the Pitti palace, where wildly extravagant tableaux were performed. The entire event was said to have cost 300,000 ducats. » (Metropolitan Museum of Art)
Outre le titre orné d’un encadrement architectural agrémenté de putti et de grotesques, l’illustration se compose de 16 planches gravées à l’eau-forte par Accursio Baldi et Bastiano Marsili d’après les dessins de Gualterotti représentant le déroulement du spectacle avec le cortège historique, le tournoi, la cour du Palais Pitti, les chars somptueusement décorés, les acteurs costumés…
Les juges de la fête donnèrent le premier prix à la Marittima Pompa (planche N).
Bel et précieux exemplaire de ce rare livre de fête italien somptueusement illustré, conservé dans sa reliure en maroquin vert signée de Chambolle-Duru.