HUGO, Victor La Voix de Guernesey.

Vendu

Victor Hugo et la Bataille de Mentana
La poésie de Victor Hugo au service de la politique.

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UGS : LCS-2387 Catégories : ,

Guernesey, de l’imprimerie de T.-M. Bichard, 1867.

In-32 de 16 pp. imprimées sur papier très fin. Relié en demi-maroquin rouge, dos lisse orné du titre doré en long, date frappée or en queue du dos. Reliure du XXe siècle signée Le Douarin.

127 x 90 mm.

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Rare édition originale imprimée pour être expédiée clandestinement en France. Clouzot p. 92 ; Carteret, I, 423.

« Assez rare. Tiré sur papier pelure pour être expédié clandestinement en France » (Clouzot).

« Tout laisse supposer que c’est cette édition, imprimée sur papier très mince, sans lieu ni date, qui a été mise sous enveloppe pour la France ». (Carteret).

« En 1867, Garibaldi, encouragé de longue date par Victor Hugo, prend l’initiative de mettre un terme au pouvoir temporel du pape et de rendre Rome à l’Italie quasiment unifiée. Mais la France protège toujours le pape, et n’est pas prête à laisser l’initiative à Garibaldi : ce dernier est arrêté à la fin du mois de septembre, puis placé en résidence surveillée, chez lui à Caprera, petite ile du nord-est de la Sardaigne. Il parvient néanmoins à s’évader et, accompagné de quatre mille hommes, lance une offensive sur Rome à la fin du mois d’octobre. Napoléon III décide alors d’envoyer une division, dirigée par le général de Failly, pour protéger les Etats pontificaux : elle débarque le 28 octobre à Civita-Vecchia. Beaucoup plus nombreuse et mieux équipée que les troupes de Garibaldi, elle remporte une victoire sans péril à Mentana, petit ville à l’est de Rome, les 3 et 4 novembre : six cents italiens sont tués, contre vingt soldats pontificaux et deux soldats français. Garibaldi, une nouvelle fois arrêté, est renvoyé à Caprera.

Quand Victor Hugo apprend le désastre de Mentana, il écrit en trois jours un long poème, qu’il intitule La Voix de Guernesey. 326 vers en trois jours, c’est une bonne moyenne. Travaillant à ‘L’Homme qui rit’, Victor Hugo était dans une période de prose, et, s’il faut en croire la chronologie, n’avait pas écrit de poèmes depuis quatre mois. Dans son agenda, il souligne discrètement cette performance : ‘ – j’ai terminé aujourd’hui 18 novembre la chose intitulée La Voix de Guernesey. 16. 17. 18 novembre. Trois jours.’ […]

Le 11 décembre, on apporte à Victor Hugo un tirage de 500 exemplaires fait chez Thomas Mauger Bichard. La plaquette, sans couverture, qui porte pour seul titre La Voix de Guernesey, est un in-32 de 16 pages ; au verso du titre se trouve l’inscription suivante : De l’Imprimerie de T.-M. Bichard, rue du Bordage, Guernesey. Cent exemplaires en placards imprimés à Guernesey et que Victor Hugo appelle les épreuves ont été envoyés par la poste à Bruxelles le 23 novembre et vont servir de modèle pour les publications de La Voix de Guernesey dans les journaux. […]

Après l’exil, Victor Hugo n’intégrera jamais ‘La Voix de Guernesey’ dans un recueil de poèmes. Il ne le republiera pas avant la sortie du deuxième tome d’Actes et paroles, en 1875 ; occupant la section VIII de l’année 1867, il sera alors rebaptisé « Mentana ». Mais cette publication ne sera pas intégrale, les dix derniers vers de la cinquième section, particulièrement anticléricaux, étant remplacés par des lignes de points. Il faudra donc attendre 1883, et le deuxième tome d’Actes et paroles pour que La Voix de Guernesey reparaisse enfin dans son intégralité.

Cette pièce a un statut politique évident. Le poème est divisé en huit parties de dimensions inégales mais de forme semblable, des blocs d’alexandrins séparés par quelques sauts de lignes :

I/ Mentana après la bataille, férocité du pape, honte des Français ; II/ Responsabilité et hypocrisie du pape ; III/ Règne du mal sur la terre, confusion du bien et du mal ; IV/ Cynisme de la société et du pape ; V/ Invitation de Victor Hugo à Garibaldi ; VI/ Ce que Garibaldi aurait pu faire pour l’Italie ; VII/ Le vrai responsable : Napoléon III, contraste entre la fête impériale et le champ de bataille ; VIII/ Appel au réveil du peuple. » (Claude Millet, Hugo et la guerre, Paris-2002, pp. 208-212).

L’ouvrage est daté à la fin: « Hauteville House, Novembre 1867 ». Hauteville House est la maison d’exil que Victor Hugo s’était achetée à Guernesey en 1856.

Intéressant exemplaire de cette fragile plaquette dans laquelle Hugo affirme son engagement politique, l’un des rares parvenu jusqu’à nous.

Nos recherches nous ont permis d’en localiser seulement 3 exemplaires dans l’ensemble des bibliothèques publiques du monde : en France seule la B.n.F en possède un, un autre est conservé à la British Library, et un dernier à la Yale University Library.

 

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Informations complémentaires

Auteur

HUGO, Victor