BIET, Antoine. Voyage de la France Equinoxiale en l’isle de Cayenne, entrepris par les François en l’année MDCLII. Divisé en trois Livres. Le premier, contient l’établissement de la Colonie, son embarquement, & sa route jusques à son arrivée en l’Isle de Cayenne. Le Second, ce qui s’est passé pendant quinze mois que l’on a demeuré dans le païs. Le Troisième, traitte du temperament du païs, de la fertilité de la terre, & des mœurs & façons de faire des Sauvages de cette contrée. Avec un Dictionnaire de la Langue du mesme Païs.

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Rare édition originale du récit de la tentative d’établissement d’une colonie à Cayenne entreprise par les Français en 1652.
Rare édition originale du récit de la mission de Cayenne entreprise par les français en 1652. Exceptionnel exemplaire ayant appartenu à l’un des survivants de l’expédition, le père Jacques Aléaume, qui a fait relier à l’époque dans son exemplaire une carte de Cayenne abondamment annotée de sa main.

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Paris, François Clouzier, 1664.

In-4 de (12) ff. (titre, dédicace, préface, table, privilège), 432 pp., 1 carte dépliante avec un rabat. Relié en plein veau brun granité de l’époque, dos à nerfs orné, pièce de titre de maroquin rouge avec un petit manque, tranches mouchetées. Charnières légèrement frottées.

230 x 173 mm.

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Rare édition originale du récit de la tentative d’établissement d’une colonie à Cayenne entreprise par les Français en 1652. Il s’agit de l’un des tout premiers ouvrages sur la Guyane Française. Streit 1974 ; Leclerc 2236 ; Brunet, I, 941 ; Chadenat 18 ; Sabin 5269 ; Picot, Catalogue Rothschild, 1993 ; Rahir, La Bibliothèque de l’amateur, 323 ; Bulletin de la librairie Morgand et Fatout, 9094 ; Huth 167 ; Field, An Essay towards an Indian Bibliography, 127 ; Rich 334 ; Arents 287.

« Très rare » (Morgand et Fatout).

« « Aucune relation ne donne autant de lumières que celle de Biet sur les naturels de la Guyane ; il les a dépeints dans toute leur simplicité primitive. Le vocabulaire de leur langue est fait avec soin, et est précédé de remarques utiles sur la langue commune aux Galibis et à tous les habitants de la côte depuis la rivière des amazones. » Biblioth. Des Voyages ». (Chadenat).

« An account of the conquest of French Guinea. The country and nations are very accurately described». (Bohn, Catalogue of a very select collection of books, 562).

The first book contains an account of Cayenne; the second the history of the first fifteen years; and the third of the natives, who are very accurately described. A vocabulary of their language is added.” (Pinkerton).

Antoine Biet, né vers 1620 dans le diocèse de Senlis, est un missionnaire français qui s’embarqua pour Cayenne en 1652 avec une troupe de 600 colons envoyés en Amérique par une compagnie à laquelle la colonie avait été concédée. L’entreprise eut une issue des plus lamentables, et Biet dut se consacrer au soulagement de ses compagnons, victimes des maladies et de la misère. Il rentra en France après un séjour de quinze mois en Amérique, et se mit à écrire la relation de son voyage. Les deux premiers livres donnent un récit détaillé de la préparation de l’expédition et de l’installation de la colonie à Cayenne, laquelle se solde par un échec puisque la faim et les maladies déciment rapidement les colons. Les luttes avec les peuplades indigènes sont également décrites dans cette seconde partie. Le troisième livre est une étude détaillée le l’île et de sa population. Le Dictionnaire de la Langue des Sauvages Galibis donné par Biet, qui occupe les pages 399 à 432 est du plus haut intérêt. Les indiens Galibis vivent répartis entre la Guyane, le Surinam, la Guyana, le Brésil et le Vénézuela.

« L’abbé de Marivault fut appelé au poste de premier directeur de la colonie dans le pays : les deux autres étaient MM. De Vertaumon et Isambert. D’après la demande de la colonie, l’abbé de Marivault se chargea du spirituel, aidé de quatre autres ecclésiastiques, les sieurs Chasteau, Colsonet, Aleaume et Biet. »

Très précieux exemplaire ayant appartenu au père Jacques Aléaume, l’un des 4 religieux ayant pris part à l’expédition de Guyane, et le seul à avoir survécu a l’aventure avec l’auteur du livre, Antoine Biet.

Biet mentionne à diverses reprises le nom de son confrère au cours de son récit : -p.4 : « Le sieur Abbé de l’Isle de Marivault associa six Ecclesiastiques avec lui, deux desquels manquèrent de courage après sa mort, les autres quatre ont passé dans le pays, à savoir les sieurs Chasteau, Colsonet, Aleaume et moi ». -p.26 : « On mit dans chaque vaisseau deux Ecclesiastiques, pour avoir soin du spirituel ; j’étais dans l’Admiral avec Monsieur Chasteau, & dans le saint Pierre étaient Messieurs Colsonet & Aleaume ». -p.129 : « Le sieur de Vertaumon Gouverneur du Fort commence à faire paraître par ses intrigues qu’il voulait se rendre absolu & indépendant des Seigneurs de la Compagnie, qui étaient dans le pays […]. Il ne voulait pas que l’Ecclesiastique que je lui avais laissé, & qu’il m’avait demandé avec instance, fut dépendant de moi, ni de qui que ce fut. La place que je tenais dans la Colonie faisait que tous les Ecclesiastiques dépendaient entièrement de moi. Je lui avais donné le sieur Aleaume, très homme de bien, & très docte, en qualité de Chappelain, pour assister dans le fort la Garnison, & administrer les Sacrements aux malades seulement ». -p. 140. Le 5 février 1653, un traité de paix rédigé par Biet est signé par les différents Seigneurs de la Colonie, où on peut lire l’article suivant : « Ledit sieur Vertaumon se charge de fournir des vivres de ceux qu’il a, & qu’il aura des Sauvages & de la Compagnie, au sieur Aleaume Chappelain du fort & à son Clerc, … ». -p. 191 : Dans le passage relatant la « fuite honteuse du sieur de Vertaumon & de tous ses adherans dans la Barque, après avoir pillé le fort », Biet nous apprend la manière dont Jacques Aléaume a quitté la Guyane, le 10 avril 1953 : « Le 9e jour d’Avril […], le sieur de Vertaumon faisait transporter dans la barque le meilleur qui appartenait à la Compagnie […]. Il débaucha Monsieur Aléaume Chapelain du fort, à qui il fit emporter les ornements nécessaires pour célébrer la Sainte Messe […]. Le plus grand pirate & forban de la mer n’aurait pas agi de la sorte ».

Parmi les 5 religieux partis pour cette expédition de Guyane, seuls les pères Biet et Aléaume survécurent aux conditions de vie difficiles de la colonie. Le père Aléaume fut en quelque sorte sauvé de la famine qui décima la colonie par son statut de chapelain du fort car le sieur de Vertaumon qui dirigeait ce fort avait pris le contrôle de la nourriture et en gardait la majeure partie pour les hommes travaillant à son service. Un document ancien nous a par ailleurs appris que Jacques Aléaume était le curé de l’église Saint-Paul d’Orléans en 1665.

Le présent exemplaire est en outre truffé. Jacques Aléaume, son premier possesseur, a en effet fait relier à l’époque dans le volume une carte détaillée de la colonie intitulée Carte de l’Isle Cayenne située à 5 degrés de latitude Septentrionale, en la Terre-Ferme de l’Amérique appelée vulgairement Güaiane, Coste sauvage Roïaume du Roy doré, pais des Amazones et aujourd’hui France Equinoctiale. Paris, chez Jacques Lagniet, s.d. (1664-1672). Cette rare carte est répertoriée dans l’Inventaire du fonds français, graveurs du XVIIe siècle. (Bibliothèque nationale, Département des estampes ; [réd.] par Roger-Armand Weigert,… – Paris : Bibliothèque nationale, 1973) sous le n° 421 (p.124).

Cet exemplaire est du plus haut intérêt car Jacques Aléaume, qui a participé à l’expédition de 1652, a fait relier dans son exemplaire une carte de la colonie gravée par Lagniet, et a en outre ajouté de très nombreuses informations manuscrites sur cette carte. Il désigne ainsi à la plume : la « pointe de Mahury », la « Rivière de Mahury », les « tribus difficiles en 1652 », l’ « Anse de Rémire », « l’Ile aux lézards », la « Montagne de Romata », la « crique », la « Colline de Conabo », la « fontaine », la « Pointe de Ceperou », le « Mont de Ceperou », le « Fort de Saint Michel Ceperou », … Aléaume a en outre dessiné diverses habitations sur la carte, telles que des « carbets », les « Habitations de Mahury », « l’Habitation du sauvage Appoto », celle de « Biraumont », … Il donne des détails très précis concernant certaines parties de la carte : « Grande anse où les barques ou chaloupes peuvent aborder… », « Rivière de Cayenne qui a … à son embouchure » … Cette carte est d’autant plus intéressante qu’Aléaume y a ajouté un volet en papier de 12 x 16 cm sur lequel il a dessiné une partie de Cayenne qui n’était pas représentée sur la carte imprimée, située à l’ouest du Fort où il vivait. Aléaume a représenté sur ce document les embarcations dont disposait la colonie (des canots, des pirogues), les rivières de Corou et de Macouriague, ainsi que les habitations de quelques sauvages, dont celle de Pepora, dessinée sur les bords de la rivière de Corou.

Exceptionnel exemplaire de ce récit de la terrible mission de Cayenne entreprise en 1652 par les français, ayant appartenu à l’un des deux religieux ayant survécu au désastre qui l’a truffé à l’époque d’une carte de Cayenne couverte de ses annotations manuscrites détaillées.

Provenance: ex libris manuscrit de Jacques Aleaume sur la contre-garde et ex libris armorié de Henry Somerset, second duc de Beaufort (1684-1711) sur le contre-plat.

ABPC ne liste qu’un seul exemplaire de cet ouvrage passé sur le marché depuis 1975 en reliure de l’époque et sans restaurations.

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Auteur

BIET, Antoine.