Paris, L’Edition d’Art H. Piazza, 1926-1932.
12 tomes en 12 volumes grand in-4. 144 illustrations hors-texte en couleurs et or, certaines recouvertes de serpentes, et 85 ornementations. Reliés en plein maroquin rouge, plats richement ornés d’une superbe plaque à motifs orientaux dorés, différente pour chacun des volumes, dos à nerfs ornés de fleurons et titres dorés, date en queue des dos, têtes dorées, filets dorés sur les coupes, triple filet doré et filet à froid encadrant les contreplats, rosaces dorées en écoinçons, gardes de soie moirée rouge, couvertures illustrées en couleurs avec rehauts d’or et dos conservés. Etuis. Reliure signée et numérotée de René Assourd.
298 x 228 mm.
Somptueuse édition des ‘Mille et une nuits’ illustrée par Léon Carré. Carteret, Le trésor du bibliophile: livres illustrés modernes, 1875 à 1945, IV, p. 281.
« Belle publication très recherchée et cotée ». (Carteret).
Dans cette édition française des Nuits, les miniatures furent confiées au français Léon Carré et l’enluminure à Mohammed Racim.
Léon Carré (Granville 1878 – Alger 1942) est un peintre orientaliste et illustrateur français qui jouit à cette époque d’une réputation solide. Il fut l’élève à Rennes de Mathurin Meheut, ainsi qu’à Paris de Léon Bonnat et de Luc-Olivier Merson. C’est au contact de l’Orient qu’il devient le peintre que l’on connait ; il est séduit dès son premier voyage en Algérie en 1905, et grâce à la bourse de la Villa Abd-el-Tif qu’il remporte en 1909, il se fixe à Alger qu’il ne quittera plus. Il pratique l’huile, la gouache et le pastel. L’autre grand homme de l’édition est l’ornemaniste Racim Mohammed (1896-1975). Il a consacré huit ans à l’ornement des Mille et une Nuits, composant avec harmonie des bandeaux aux motifs d’entrelacs, de lacis et de fleurs. Reprenant les motifs hérités du Maghreb mais aussi d’Iran et de Turquie, ce peintre algérien réinvente l’art traditionnel du décor. Ses tableaux renouvellent le genre de la miniature en y introduisant des techniques occidentales comme la perspective ou le modelé.
La magnifique illustration en premier tirage se compose de 144 superbes planches hors texte en couleurs et or dessinées par Léon Carré et de 85 compositions décoratives de style oriental en couleurs de Racim Mohammed. Pour chaque conte, le titre orné apparait en français dans une pleine page, puis, en arabe, sur la page suivante, dans un cartouche en bandeau. Des encadrements de style oriental rouge, bleu et vert ornent toutes les pages.
Cette édition a été tirée à 2500 exemplaires numérotés. Notre exemplaire, l’un des 2200 sur vélin chiffon, porte le numéro 1954.
« La traduction de Mardrus, dans l’histoire des ‘Mille et une nuits’ constitue un passage important, leur apportant un nouveau souffle et amenant à elles un nouveau public. Des personnes les découvrent, d’autres les redécouvrent, mais par le phénomène qu’elle suscite, souvent qualifié de foudroyant, en dehors du texte même, c’est tout un attrait pour l’Orient des ‘Mille et une Nuits’ qui apparait à cette époque dans tous les milieux… Mardrus est né au Caire en 1868. En 1878 il quitte le Caire pour Beyrouth. Il quitte le Liban pour Paris en 1893, où il obtient en 1894 son diplôme de docteur en médecine. C’est à cette époque qu’il commence à fréquenter les milieux littéraires. De 1894 à 1899, il s’engage en tant que médecin sanitaire aux Messageries maritimes. Le docteur va voyager, et profiter des escales pour s’imprégner de parfums du bout du monde. En effet, c’est pendant cette période et sur la mer que Mardrus rédige ses ‘Mille et une Nuits’… Entre 1899 et 1904 paraissent à la ‘Revue Blanche’ 12 volumes des seize qui composeront ‘Le Livre des Mille Nuits et une Nuits’, puisqu’en 1904, la revue cesse d’exister.
C’est un succès foudroyant, autant sur le plan de la reconnaissance des milieux artistique et mondain, que sur le plan financier… Ce n’est pas seulement dans les milieux mondains, mais dans les milieux littéraires que Mardrus trouvera son premier soutien avec les membres de la ‘Revue Blanche’ et particulièrement Mallarmé. Dès 1894, la Revue est assez forte pour pouvoir se doter d’une activité d’édition, et c’est aux éditions de la ‘Revue Blanche’ que parait ‘Le Livre des Mille Nuits et une Nuit’. C’est à cette sympathie et à l’émulation entre jeunes auteurs audacieux qui s’adressent à un public de bibliophiles avertis, ainsi qu’à l’influence de Mallarmé qu’il doit de voir son texte, qu’il envoie des Messageries maritimes, publié aussi rapidement bien qu’il soit encore inconnu. Si ce texte eut un tel retentissement, c’est parce qu’il s’inscrit dans un terrain parfaitement disposé à l’accueillir. Depuis le XIXe siècle, se développe en France et plus largement en Europe un goût pour ce qui touche à l’Orient, qui prend forme dans des réalisations artistiques aux codes occidentaux que l’on nomme orientalisme… L’influence de Mardrus sur la perception des ‘Nuits’ est très importante, il a marqué ses contemporains séduits par sa traduction et par toutes les manifestations dans les milieux culturel et mondain qui les ont accompagnées, elles sont entrées dans l’univers des élégants… Jusqu’en 1926, seules des éditions séparées de contes avaient été illustrées de manière originale, l’ensemble du texte, dans son édition de la ‘Revue Blanche’, était d’abord paru sans illustration, puis dans une édition décorée de miniatures, mais il fallait un acteur aussi solide que Piazza pour commander l’illustration de l’ensemble de l’œuvre. » (R. Léostic, Les éditions illustrées de luxe des ‘Mille et une Nuits’ dans les années 1920).
Magnifique exemplaire de cette publication recherchée, conservé dans douze somptueuses reliures signées et numérotées de René Aussourd, chacune ornée d’une plaque dorée différente à motifs orientaux. Elève de son oncle, Charles Meunier, ancien premier doreur chez Chambolle-Duru, René Aussourd s’établit à son compte en 1912.