Angers, Labitte, 1842.
In-8 de (4) pp., xxii, (1) f.bl., 324 pp. Relié en demi-maroquin noir à coins par Cuzin vers 1870, dos lisse finement orné, non rogné. Couvertures vertes imprimées conservées.
246 x 155 mm.
Édition originale de toute rareté, imprimée sur papier vélin et précédée d’une notice de Sainte-Beuve. Vicaire, I, 447 ; Bibliothèque de Backer n°1841 ; Carteret, I, 138.
« Ouvrage fort rare et recherché pour ses poèmes en prose ». Carteret.
Ce livre auquel Bertrand travailla toute sa vie ne parut qu’après la mort de l’auteur, à l’initiative de ses amis, David d’Angers, Sainte-Beuve et Victor Pavie.
« Bien que vivement apprécié par quelques connaisseurs et honoré d’une préface de Sainte-Beuve, le livre demeura longtemps dans l’obscurité. Environ vingt ans après sa publication, Baudelaire, dans la préface à son Spleen de Paris, y faisait allusion comme à l’œuvre d’un précurseur de la poésie moderne. Depuis lors, la renommée et l’influence de ces pages n’ont fait que croître. » (Dictionnaire des Œuvres, III, 218).
Il faudra donc attendre Baudelaire et sa préface au Spleen de Paris pour reconnaître l’importance de cet ouvrage, où il verra l’œuvre d’un précurseur de la poésie moderne. En effet, Bertrand fut le premier à composer un recueil de poèmes en prose.
« On ne saurait mieux situer cette œuvre étrange et féconde, en rappelant les phrases que Baudelaire lui a consacrées dans la dédicace de son ‘Spleen de Paris’ : ‘J’ai une petite confession à vous faire. C’est en feuilletant, pour la vingtième fois au moins, le fameux ‘Gaspard de la nuit’, d’Aloysius Bertrand (un livre connu de vous, de moi et de quelques-uns de nos amis, n’a-t-il pas tous les droits à être appelé ‘fameux’) que l’idée m’est venue de tenter quelque chose d’analogue, et d’appliquer à la description de la vie moderne, ou plutôt d’une vie moderne et plus abstraite, le procédé qu’il avait appliqué à la peinture de la vie ancienne, si étrangement pittoresque ». (Dictionnaire des Œuvres).
Superbe exemplaire à toutes marges car non rogné, élégamment relié par Cuzin qui a conservé les couvertures vertes imprimées.
En France, seules la B.n.F. et la Bibliothèque d’Angers possèdent un exemplaire de cette originale littéraire. OCLC n’en répertorie que 3 dans le monde : à l’Indiana University, à l’Université d’Harvard et à la Princeton University.
D’autre part, ABPC ne liste que deux exemplaires passés en vente publique ces trente dernières années, dont celui de la collection Hayoit, relié par Huser au XXe siècle et vendu par Sotheby’s Paris le 29 juin 2001 au prix de 144 000 F (soit environ 22 000 €).
Provenance : Bibliothèques de Paul Voûte et du Marquis Du Bourg de Bozas avec leurs ex-libris.