Venise, Alde Manuce, 15 juillet 1498.
In-folio de (347) ff. Commentaires nombreux de 41 à 42 lignes à la page, encadrant le texte. Relié en plein vélin ivoire souple, dos lisse orné du titre manuscrit à l’encre, tranches bleues. Reliure de la fin du XVIe siècle.
317 x 210 mm.
Édition princeps des Comédies d’Aristophane.
HC 1656 ; BMC, V, 559 ; GW 2333 ; Goff A 958 ; Essling 1163 ; Renouard, Alde, 16 ; Brunet, I, 451; Picot, Catalogue Rothschild, n°1061.
« Première édition, belle et rare. » (Brunet)
Dans cette première édition, Alde Manuce présente au public cultivé de la Renaissance italienne 9 des 11 comédies complètes d’Aristophane dont les manuscrits soient parvenus jusqu’à nous : Ploutos, les Nuées, les Grenouilles, les Cavaliers, les Acharniens, les Guêpes, les Oiseaux, la Paix et l’Assemblée des femmes.
Alde avait l’intention d’inclure dans cette édition princeps une dixième pièce, Lysistrata, mais il ne parvint pas à trouver un manuscrit comportant le texte complet de cette comédie.
Dans sa lettre de dédicace en latin à Daniele Clario, professeur de grec et de latin à Raguse, Alde souligne l’impossibilité de se fier aux textes altérés des versions latines d’Aristote, Galien et Euclide. Il ajoute que le temps est venu de se tourner vers la grande littérature grecque et les Comédies d’Aristophane sont envoyées à Clario comme le meilleur des guides pour s’imprégner de la pureté de la langue antique. Alde se souvient aussi de la réponse de Theodore Gaza auquel on avait demandé quel auteur grec il convenait de conseiller à des lecteurs désireux d’apprendre la grande langue grecque : « seulement Aristophane ».
Cette édition princeps fut réalisée par Alde sous le contrôle de Marc Musurus (1470-1517), l’un des savants grecs qui contribua à répandre le goût des lettres en Europe et qui avait été chargé par le Sénat de Venise d’exercer une sorte d’inspection littéraire sur les ouvrages que les Alde mettaient sous presse.
Disciple de Jean Lascaris, Musurus faisait en effet partie de l’académie qui se réunissait dans l’atelier d’Alde Manuce et donnait son accord sur le contenu des manuscrits grecs de l’Antiquité.
L’édition fut ainsi publiée avec des commentaires très copieux de Marc Musurus qui en rehaussent l’intérêt.
Aristophane est le seul des poètes de la comédie ancienne dont des pièces de théâtre complètes soient parvenues jusqu’à nous. Dès l’Antiquité, l’excellence de son style et sa finesse d’esprit étaient déjà louées par Platon qui pensait que les Grâces avaient trouvé un sanctuaire dans son âme.
« Le sommet de la carrière d’Aristophane fut marqué par l’enthousiasme que suscitèrent ses ‘Grenouilles’ en 405. Dans cette pièce engagée et politique, Aristophane traitait brillamment de la question de la tragédie en confrontant Euripide le poète moderne, à Eschyle, le poète de la vieille et glorieuse Athènes. Dionysos consulté, devait reconnaitre la supériorité d’Eschyle ».
Les critiques modernes s’accordent à souligner la modernité inouïe de ces comédies enlevées dans lesquelles Aristophane se révèle un peintre incomparable des mœurs de la société athénienne.
« Poète politique vigoureux, comparable en cela à Dante, Aristophane est en même temps le poète par excellence de la joie de vivre, de la sensualité débordante, un Rabelais antique ». A. Lokinovich.
Superbe exemplaire, très frais et grand de marges, de cette précieuse édition princeps des œuvres du grand poète comique de l’antiquité, conservé dans sa séduisante reliure en vélin souple.