MESSISBUGO, Cristoforo da. Banchetti, compositioni di vivande, et apparecchio generale.

« Edition originale de la plus grande rareté. »

Le livre de Messisbugo est le joyau le plus convoité de toutes les grandes bibliothèques de gastronomie, et cette première édition, imprimée à Ferrare, manque à presque toutes les collections. La plupart des ama­teurs se sont contentés des éditions postérieures (d’ailleurs également rares) données à Venise en 1552, 1556 ou 1576. »

L’ouvrage est dédié au célèbre Hippolyte d’Esté, cardinal de Ferrare (1509-1572), fils du duc Alphonse d’Esté et de la fameuse Lucrèce Borgia. Ce grand mécène des arts et des lettres vécut dans sa jeunesse à la Cour de François 1^er. Son frère, Hercule II, avait épousé Renée de France, sœur de la première femme de François 1^er. En 1539, il obtint l’archevêché de Milan, puis celui de Lyon. En 1540, le roi lui donna entrée dans son conseil privé. En 1546, il eut l’évêché d’Autun dont il se démit en 1550 pour celui de Narbonne. Il ne fut pas moins favorisé par Henri II.

Ces détails biographiques ne sont pas sans importance, car la première partie du volume donne la description d’un grand nombre de festins préparés par Messis­bugo pour ce prélat et divers autres grands personnages de sa famille, entre 1529 et 1548.

Le premier, du 20 mai 1529, fut offert par Hippolyte d’Esté à son frère Hercule, alors duc de Chartres ; le second fut organisé par Hercule d’Esté pour son père et pour sa femme Renée ; un autre, en 1532, con­cerne la réception donnée à Mantoue par le duc Alphonse d’Esté ; un autre encore, en 1543, fut offert par Messisbugo dans sa propre maison à Hercule d’Esté ; le dernier décrit un festin de carnaval organisé par Messisbugo dans sa maison, en février 1548, pour le Duc d’Esté et quelques gentilshommes de ses amis.

Sont également abordés les problèmes de logistique, les ustensiles, l’ameublement et les décorations nécessaires à la pleine réussite de ces événements gastronomiques et politiques.

La seconde partie, qui occupe la plus grande partie du volume, est un véritable recueil de recettes : « C’est un document de premier ordre sur la cuisine en Italie pendant la Renaissance : tartes, pizzas, pâtes, tortelletti, macaronis à la napolitaine, à la romaine, lasagnes, raviolis de viande, de mortadelle, de poissons, tartes et pâtés, minestres diverses, plats de riz ; tripes de veau, d’agneau ou de chevreau ; soupes, recettes de moutardes, de sauces froides et chaudes ; viandes, charcuterie (cervelas, mortadelle, saucisses) ; fruits de mer ; plats en gelées, etc « (Oberlé, Fastes, 61).

L’illustration gravée sur bois se compose de 3 figures à pleine page : un portrait de l’auteur entouré d’un riche encadrement Renaissance ; une planche montrant un festin ; une autre planche montrant Cristoforo da Messisbugo officiant dans sa cuisine (ces deux bois sont attribués à l’un des éditeurs, Antonio Hucher) ; et la marque typographique est répétée.

Joyau incontestable de toute grande bibliothèque gastronomique et précieux témoignage de la permanence du goût italien sous le règne de François 1^er, cette première édition manque à presque toutes les collections spécialisées, la plupart des amateurs ayant dû se contenter d’éditions postérieures (et rares) données à Venise en 1552, 1556 ou 1576.

Très bel exemplaire, à grandes marges, relié par Chambolle-Duru en maroquin et aux armes du Baron Achille Seillière.