Paris, Maison Barbedienne, Paul-A. Dumas Successeur, ca. 1900.
In-folio oblong regroupant 234 échantillons de papiers peints (déch. marginale sur 4 échantillons, 1 échantillon prélevé aux 2/3 dans le sens de la longueur). Percaline noire souple éditeur, titre doré sur le plat supérieur. Reliure de l’époque.
283 x 391 mm.
Impressionnante et rare collection de 234 échantillons de papiers peints proposés à la vente par la Maison parisienne Barbedienne au tournant du XXe siècle.
Le catalogue est divisé en 5 sections avec au début de chacune une page de titre indiquant les pièces de la maison pour lesquelles les échantillons ont été conçus : Chambres secondaires (22), Antichambres – Cabinets de toilette – Salles de bains – Escaliers – Couloirs – Dégagements (41), Chambres à coucher (68), Salons (31), Salles à manger – Bureaux – Salles de billard (72).
Né en 1810 à Saint-Martin de Fresnay (Calvados), Ferdinand Barbedienne était le fils d’un modeste cultivateur ; venu à pied de sa Normandie natale à Paris à l’âge de 12 ans, il s’installe d’abord comme ouvrier-sellier, puis papetier. Il ouvre bientôt sa propre boutique de papiers peints au 24 et 26, rue Notre-Dame-des-Victoires à Paris.
Très tôt, son goût pour les arts se développa, favorisé par l’atmosphère du romantisme naissant et affiné par la visite des musées de la capitale. C’est vraisemblablement dans le magasin de papiers peints qu’il tînt de 1833 à 1838 que Barbedienne fit la connaissance d’Achille Collas, autodidacte comme lui, mécanicien et inventeur, en 1829, d’un modèle de cylindre pour l’impression des toiles peintes et indiennes, industrie florissante qui fut, au moment où se répandait la machine à vapeur et où se développaient les techniques modernes de teinturerie, à l’origine de l’essor industriel de la banlieue parisienne. Imprimeurs sur étoffe, peintres et graveurs, sans cesse en rapports les uns avec les autres, formaient en outre un milieu ouvrier évolué à la limite du monde des arts et ce au moment où les idées libérales, souvent véhiculées par le colportage des figurines politiques, étaient en honneur.
Ferdinand Barbedienne fonde en 1839 une société en collaboration avec Achille Collas, inventeur du procédé pour la réduction mathématique de la sculpture. Grâce à ce procédé révolutionnaire, ils ouvrent les portes à une production sans précédent. Sous la raison sociale « Collas et Barbedienne », ils se spécialisèrent dans les reproductions d’après l’antique et mirent au point de nouveaux procédés chimiques pour colorer et patiner les bronzes. En bon représentant de la génération romantique, Ferdinand Barbedienne se donne pour mission de démocratiser l’art, en réalisant de nombreuses copies d’antiques et en stimulant la diffusion des œuvres de ses contemporains. De très nombreuses sculptures célèbres sont ainsi éditées par la fonderie Barbedienne. A côté des statues, il produit une large collection d’objets décoratifs, telles que pendules, vases, miroirs, etc.
A sa mort en 1892, son hériter Gustave Leblanc-Barbedienne (1849-1945) reprend la fonderie qui devient alors la maison « Leblanc-Barbedienne », spécialisée dans les sculptures monumentales, et active jusqu’à la moitié du XXe siècle. C’est à Leblanc-Barbedienne que revient l’honneur de travailler avec Auguste Rodin. La production de bronzes d’ameublements est elle reprise par Paul-Alexandre Dumas, artiste de l’Art Nouveau et élève de Majorelle, qui signe plusieurs catalogues de meubles et de papier peints « Dumas-Barbedienne » entre 1900 et 1906.
Superbe ensemble parfaitement conservé du plus haut intérêt pour l’histoire des arts décoratifs et de l’ameublement.