« Homère est l’énorme poète enfant. Le monde naît, Homère chante. C’est l’oisêu de cette aurore. Homère a la candeur sacrée du matin. Il ignore presque l’ombre… Homère est un des génies qui résolvent ce bêu problème de l’art, le plus bêu de tous peut-être, la peinture vraie de l’humanité obtenue par le grandissement de l’homme, c’est-à dire la génération du réel dans l’idéal.
Fable et histoire, hypothèse et tradition, chimère et science, composent Homère.
Il est sans fond, et il est riant. Toutes les profondeurs des vieux âges se meuvent,
radieusement éclairées, dans le vaste azur de cet esprit. » Victor Hugo.
Amsterdam, 1656.
Le somptueux exemplaire du baron de Longepierre (1659-1721) relié à l’époque par Boyet
en maroquin bleu doublé de maroquin rouge.
Homère. homeri ilias & odyssê, et in êsdem scholia sive interpretatio Didymi. Cum Latina versione accuratissima, Indiceque Græco locupletissimo Rerum ac variantium lection. Accurante Corn. Schrevelio.
Amstelodami, ex Officina Elzeviriana, Anno 1656.
2 volumes in-4. T. I : (8) ff. y compr. le titre gravé, 716 pp., T. II (daté 1655) : 536 pp., (22) ff. d’index. Maroquin bleu, emblème de la Toison d’or aux angles, au centre et quatre fois répétée aux dos, doublures de maroquin rouge, dentelle intérieure dorée, toison dorée au centre, tranches dorées sur marbrures. Reliure de Boyet, actif sous le règne de Louis XIV.
235 x 167 mm.
« Belle édition, dont le texte est formé sur ceux de Turnière et d’Estienne. »
Brunet III, colonne 272.
Edition en grec, accompagnée de la traduction latine.
« Le plus grand fait de la civilisation grecque reste toujours ceci, qu’Homère devint de si bonne heure panhellénique. Toute la liberté intellectuelle et humaine où parvinrent les Grecs revient à ce fait… De temps en temps s’éleva du fond le plus intime de l’hellénisme une protestation contre Homère ; mais il resta toujours vainqueur. Toutes les grandes puissances spirituelles exercent à côté de leur action libératrice, une autre action déprimante ; mais, à la vérité, cela fait une différence que ce soit Homère ou la Bible ou la Science qui tyrannise les hommes ! » Nietzsche.
« Inscrivez en tête d’un papier le nom d’Homère. C’est le plus grand nom, mon enfant. Les dieux ne seraient rien, et non seulement les dieux, mais les hommes, s’il ne les avait pas chantés… Rien n’est aussi pur qu’Homère… C’est le plus grand. C’est le plus vieux. C’est le patron. C’est le père. Il est le maître de tout. Et notamment il est le maître de tout ce qu’il y a jamais eu de plus grand dans le monde, qui est le familier. » Charles Péguy.
Merveilleux exemplaire relié spécialement par Boyet pour Hilaire-Bernard de Roqueleyne, Baron de Longepierre,
« Longepierre (1659-1721) se distingua tellement de ses condisciples, dans ses études classiques, que Baillet le plaça parmi les Enfants célèbres. Il composa, comme on le sait, plusieurs tragédies qui toutes, à l’exception de sa ‘Médée’, eurent une fin tragique. Le succès de sa ‘Médée’ fit qu’il ne voulut d’autres signes héraldiques sur ses livres que la Toison d’Or.
L’amour des livres contribua peut-être plus à sa notoriété que ses pièces de théâtre. L’auteur dramatique est presque oublié aujourd’hui, tandis que le bibliophile est resté en grande réputation parmi les amateurs. » (J. Guigard. Nouvel armorial du Bibliophile. Paris, 1890).
Cet exemplaire fut vendu 200 000 FF (30 500 €) le 5 juin 1988, il y a 34 ans (Ref. Livres précieux, n°83).
Ex-libris manuscrit ancien sur le titre et ex-libris gravé au verso de C.L. Robert Jardel.