A Paris, par Jean Ruelle,1573.
In-8 de (8) ff., 63, (1) f., titre dans un encadrement gravé sur bois. Tache claire p. 37, f. 53 rogné court avec atteinte a la manchette. Veau blond glacé, triple filet doré encadrant les plats, dos à nerfs orné de filets dorés, pièce de titre de maroquin noir, filet or sur les coupes, tranches dorées. Reliure du début du XIXe siècle.
153 x 96 mm.
Édition originale et unique, parfaitement conservée, de ce recueil romanesque et poétique d’une rareté insigne.
Le jugement le plus récent et l’un des plus autorisé, celui de Marcel Raymond, place Pierre BOTON (1555-1618) parmi les meilleurs poètes de la province française de son époque.
Cet ouvrage témoigne de la grande vivacité de poètes de province, à la fin du règne de Charles IX.
« Né à Mâcon vers 1555, avocat dans cette ville et ligueur à la fin des guerres de religion, il fut député auprès du duc de Mayenne, alors à Dijon, en juillet 1587. Après l’abjuration d’Henri IV il passa au parti royal et fut nommé président en l’élection de Mâcon. Il siégea, à ce titre, aux Etats du Mâconnais et et fut délégué par eux aux Etats de Bourgogne de 1599 et de 1622. Il mourut à 63 ans. »
(P. Vauxelles, Dictionnaire de biographie française. Les biographies antérieures le donnent mort en 1598, qui est la date de sa dernière oeuvre connue).
Viollet-le-Duc, le premier, entreprit timidement de faire valoir La Camille de Pierre Boton (dans sa « Bibliothèque poétique », 1843), en dépit de l’opinion de ses prédécesseurs.
« On n’a de renseignements sur Pierre Boton que ceux qu’il donne de lui-même dans ses poésies ; c’est-à-dire qu’il était fort jeune quand il les composa, nonobstant les avis qu’il recevait de toutes parts de se livrer à un travail plus fructueux. Ces conseils, impuissants comme toujours, excitaient sa colère, qu’il exhale avec amertume dans une épître en prose qu’il adresse au lecteur, comme il paraît, à l’exemple d’Etienne Forcadel, que c’est l’usage alors ; mais Boton est plus violent […] Nous n’avons malheureusement pas de journaux de ce temps, et je ne puis connaître l’effet que cette épître fit sur l’esprit des critiques d’alors ; mais les biographes, et en particulier l’abbé Goujet, font un sévère reproche à Boton de sa hauteur et de ses airs de mépris, qui, ajoute-t-on, lui conviennent moins qu’à tout autre ; ce que je nie, sans approuver les injures de Boton ; mais certes son talent, et il en a, n’est pas inférieur à celui de la plupart de ses contemporains ».
Le jugement porté par l’abbé Goujet (« Bibliothèque françoise… », 1740-1756) sur La Camille, et sur Pierre Boton, fut conditionné par des considérations morales, et l’agacement qu’a pu produire sur cet austère prêtre janséniste du 18e siècle, la violente Epitre au lecteur d’un jeune et fougueux poète décidé à se faire connaître, en dépit des conseils de prudence que formulait son entourage.
De l’aveu des spécialistes, l’oeuvre est empreinte d’une ferveur, d’une conviction et d’une authenticité remarquables qui en font tout le charme.
Exemplaire en parfaite condition, conservé dans son élégante reliure en veau blond glacé.
Bibliographie : Barbier, Ma bibliothèque poétique, IVè partie, tome I, Genève, 1998 ; Brunet, I, 1143 ; Suppl., I, 157 ; Raymond, L’Influence de Ronsard sur la poésie française, P., 1927, Genève, 1993 ; Viollet-le-Duc, Catalogue des livres composant la bibliothèque poétique de M. Viollet Le Duc… Paris, 1843 ; cat. Herpin, n°168, « recueil très rare » ; cat. Techener, 1859 n° 27, « rare ».