Paris, André Pralard, 1694.
In-12 de (12) ff., 484 pp., (1) f.
Maroquin rouge, double encadrement de double filet doré sur les plats avec fleurons d’angle à la Duseuil, dos à nerfs richement orné, coupes décorées, roulette intérieure, tranches dorées. Reliure de l’époque attibuable à Boyet.
168 x 93 mm.
Edition originale rare de « La vie des gens mariez » de Girard de Villethierry.
L’auteur, Jean Girard de Ville-Thierri (1641-1709) partagea sa vie entre ses devoirs d’ecclésiaste et la composition d’un grand nombre d’ouvrages de piété qui, recueillis, pourraient composer un corps de morale pratique pour tous les états de la société.
Cet ouvrage eut un énorme succès à sa parution grâce à Madame de Maintenon qui, proche de l’Abbé, en recommanda sa lecture.
Cette dernière fera planer sur la Cour, à la fin du règne de Louis XIV, une ère de dévotion et d’austérité. Elle accrut le poids du clergé de façon considérable et eut une réelle influence sur le Roi, notamment concernant la décision qui conduira à la révocation, en 1685, de l’édit de Nantes.
On trouve dans ce traité des lumières, de la solidité ; c’est toujours en s’étayant de l’autorité de l’Ecriture sainte, des Pères et des conciles, que l’auteur propose les règles que chacun doit suivre. Il règne une noble simplicité qui convient à cette sorte de livres.
« La paix ne règne pas longtemps entre des gens qui n’ont point consulté Dieu sur l’alliance qu’ils vouloient contracter, & qui ne se sont unis que par des motifs d’intérêt, d’ambition, ou de sensualité ; & bien loin de conserver entr’eux une sainte union, ils se chagrinent les uns les autres par leurs mauvaises humeurs & par leurs impatiences ; ils deviennent même ennemis en plusieurs rencontres & ils se persécutent avec toute sorte d’animosité.
La plupart des gens mariez ne se conduisant que par l’esprit du monde, il arrive tous les jours qu’ils commencent une infinité d’injustices dans la dispensation de leurs biens : tantôt ils les aiment avec excès, & ils tombent dans l’avarice ; & tantôt ils les dépensent avec profusion, & ils les font servir à leurs débauches : & l’on en voit plusieurs qui excitent le trouble & la division dans leurs familles par le partage inégal qu’ils en font.
Ils négligent presque toujours de s’appliquer à l’éducation de leurs enfants, & plusieurs d’entr’eux leur en donne une toute païenne, & entièrement opposée à l’esprit de l’évangile, & par ce moïen ils se rendent coupables de la plupart des abus qui se commettent dans les differentes conditions, soit Ecclesiastiques, ou, seculières ; car les enfans qu’ils élèvent mal, remplissent, lorsqu’ils sont parvenus à l’âge viril, les charges & les emplois de l’Eglise et de la Republique, & ils y portent ordinairement les passions & les mauvaises dispositions dans lesquelles ils les ont entretenus pendant leur jeunesse.
C’est pour prévenir tous ces maux differens, & pour en garentir les fideles, que j’ai entrepris ce traité. » (Gérard de Villethierry).
Superbe exemplaire a grandes marges revêtu d’une remarquable reliure en maroquin de l’époque attribuable à Boyet.