Paris, Gallimard-NRF, 1959.
In-8 198 pp., (10).
Box gris « rhinocéros », dos lisse, lettre dorée, doublures et gardes de daim gris, serties d’un listel de box gris clair, tranches dorées sur témoins, couverture et dos conservés, chemise, étui. Reliure janséniste de Jean-Paul Miguet.
185 x 116 mm.
Exemplaire de tête de l’édition originale en parfait état, dans une reliure gris « rhinocéros » de Jean-Paul Miguet.
Un des 13 exemplaires de tête sur Hollande Van Gelder.
Rhinocéros d’Eugène Ionesco est une pièce de théâtre en trois actes et quatre tableaux en prose, créée dans une traduction allemande au Théâtre de Düsseldorf le 6 novembre 1959. Publiée en France le 20 janvier 1960, elle est créée en français à Paris à l’Odéon-Théâtre de France dans une mise en scène de Jean-Louis Barrault.
En avril 1960, Rhinocéros est montée à Londres au Royal Court Theatre dans une mise en scène d’Orson Welles avec Laurence Olivier dans le rôle principal.
Œuvre emblématique du théâtre de l’absurde au même titre que La Cantatrice chauve, la pièce dépeint une épidémie imaginaire de « rhinocérite », maladie qui effraie tous les habitants d’une ville et les métamorphose bientôt en rhinocéros. Métaphore tragique et comique de la montée des totalitarismes à l’aube de la Seconde Guerre mondiale, elle montre les dangers du conformisme qui, en laissant disparaître la pensée des individus, favorise la mise en place de régimes totalitaires.
Chaque acte montre un stade de l’évolution de la « rhinocérite ».
Il s’agit d’une fable dont l’interprétation reste ouverte. Beaucoup y voient la dénonciation des régimes totalitaires (nazisme, stalinisme et autres) et celle du comportement grégaire de la foule qui suit sans résister. Ionesco dénoncerait ainsi plus particulièrement l’attitude des Français aux premières heures de l’Occupation, mais aussi le fait que tous les totalitarismes se confondent pour « attenter » à la condition humaine et transformer en monstre le meilleur des hommes, l’intellectuel (comme « le Logicien ») ou celui qui est épris d’ordre, comme Jean. Bérenger, dont le spectateur découvre la mutation tout au long de la pièce, est le seul à résister face à l’épidémie de « rhinocérite ». C’est le seul qui semble avoir des réactions « normales » face à cette épidémie : « Un homme qui devient rhinocéros, c’est indiscutablement anormal ». Il est censé représenter la résistance à l’occupant qui, petit à petit, s’est formée au cours de la Seconde Guerre mondiale. Ionesco utilise, dans son œuvre, l’absurde et le comique, pour accentuer son propos.
Contrairement aux pièces classiques, dans lesquelles le registre utilisé apparaît dès la scène d’exposition, Rhinocéros est caractérisé par différents registres. Tout d’abord, le registre fantastique. En effet, l’apparition d’un rhinocéros est celle d’un élément surnaturel dans un cadre réaliste. De plus, le registre comique, par le comique de gestuelle, de langage (la faillite du langage), de répétition, mais aussi par l’impression de désordre qui caractérise la pièce, est présent. Enfin, le registre tragique est annoncé dès la première scène par la perte progressive du langage, par le décalage d’attitudes entre Bérenger et les autres personnages et par le monologue délibératif de Bérenger qui le poussera à résister face aux rhinocéros.
Superbe exemplaire conservé dans une reliure en box gris « rhinocéros » de Jean-Paul Miguet avec des doublures et gardes de daim gris.