Paris, chez Toussaint Quinet, 1644.
In-4 de (28) pp. dont 1 portrait frontispice, (8) pp. de préface, 100 pp., (8) pp., 315 pp., (1) f.bl. Des rousseurs, qq. ff. brunis. Relié en plein vélin souple de l’époque, titre manuscrit au dos. Reliure de l’époque.
226 x 168 mm.
Rare édition originale de ce célèbre recueil composé par le premier poète-ouvrier français.
Cioranescu 12191 ; Graesse I, 18 ; Brunet, I, 46 (« le portrait de Me Adam manque souvent ») ; De Backer, 755 ; Lachèvre, pp. 119 et 153.
C’est le premier recueil donné par Billaut, qui jusqu’alors n’avait laissé imprimer que des plaquettes de circonstance.
Les 28 premières pages sont une longue épitre en vers adressée au vicomte d’Arpajon. Les 100 pages qui suivent la préface de l’abbé de Marolles renferment 62 poésies françaises par 53 auteurs et 7 pièces grecques, latines, italiennes et espagnoles à la louange de l’auteur. Sous le titre Approbation du Parnasse, Saint-Amant, Scudéry, Scarron, Corneille, Colletet, Benserade, Boisrobert, Beys, Raguenêu, Desfontaines, Tristan l’Hermitte, Melle de Gournay témoignent du succès considérable des Chevilles. La seconde partie contient les épîtres, stances, rondêux, sonnets, épigrammes, chansons et élégies de maître Adam.
L’ouvrage constitue, avec Le Vilebrequin (1663, imprimé à titre posthume), et Le Rabot (jamais publié) l’un des trois titres composés par le simple menuisier de Nevers que demeura toute sa vie Adam Billaut (1602-1662), en dépit de ses attaches parisiennes et des protections qu’il trouva dans la capitale, auprès des milieux littéraires et les grands (Marie-Louise de Gonzague, Condé, Richelieu). Il est considéré aujourd’hui comme le premier poète prolétaire français.
Adam Billaut voit le jour à Nevers en 1602. Sa jeunesse est mal connue. Il est menuisier et poète. Il est même le premier d’une grande tradition de poètes ouvriers qui se développera surtout au XIXe siècle. Il commence par des vers “d’atelier”, une Muse des copêux qui séduisit princesses et académiciens et deviendra la coqueluche des salons parisiens. Introduit par l’abbé Marolles dans la Bohème des Lettres ce “Virgile au rabot” fut surtout un poète courtisan. Il résista aux instances de ses amis qui voulaient l’attirer à Paris avec une pièce fameuse : Au loin l’ambition et ses folles chimères ! / Qu’un autre aille, orgueilleux, dans le palais des rois Moi, j’aime mieux Nevers et l’ombre de ses bois !
Billaut meurt en 1662.
Les chevilles de Maître Adam parurent en 1644 et eurent un grand succès critique. Si sa poésie brille peu par l’élégance, dans un siècle qui en fut plein, sa langue est pleine de verve et d’originalité et ses recueils font de lui un des tous premiers poètes du XVIIe, l’un de ceux dont la langue est toujours appréciée, dénuée d’afféteries et d’ornements inutiles. Celui qu’on surnomma “le Virgile du rabot” et que Voltaire tint pour l’un des grands écrivains du XVIIe, fut un poète et un chansonnier.
Cette édition contient la préface par Michel de Marolles, qui l’avait rencontré par hasard dans les rues de Nevers, qui avait lu ses vers et considérait ce menuisier « comme une des plus rares choses du siècle ». Dès lors, il fut introduit auprès des grands et, objet de curiosité, fut recherché de toute la bonne société. Billaut devint le protégé du prince de Condé, fut pensionné par Richelieu et admiré par ses pairs ; les 96 premières pages correspondent à des éloges en vers de poètes contemporains de celui qui fut un événement littéraire. Corneille le met dans un sonnet, Rotrou lui consacre une épigramme, Scarron et Scudéry lui dédient des odes.
Le recueil contient une ode au cardinal de Richelieu qui l’avait pris sous sa protection. Impression en caractères italiques et romains, parfois grecs, avec ornements typographiques.
Exemplaire bien complet du bêu portrait de l’auteur dans son atelier de menuiserie en frontispice. Il manque à bêucoup d’exemplaires.
Précieux exemplaire conservé dans son authentique reliure en vélin souple de l’époque.