A Amsterdam, et se trouve à Paris, Durand Neveu, 1782.
4 parties en 2 volumes in-12 de 248 pp. pour le tome I ; 242 pp., (1) f. bl. pour le tome II ; 231 pp. pour le tome III ; 257 pp., (1) p. pour le tome IV. Veau fauve marbré, filet à froid d’encadrement, dos à nerfs, pièces de titre et de tomaison respectivement en maroquin rouge et olive, tranches marbrées. Reliure de l’époque.
164 x 97 mm.
Edition originale, premier tirage, fort rare parmi les 20 éditions parues avant l’année 1800.
Exemplaire correspondant à tous les détails donnés par Brun, qui corrigea les erreurs de Ducup, notamment en ce qui concerne les faux titres qui se terminent bien par un point final (et non par une virgule), et les errata, imprimés au verso de la page 257 et non sur un feuillet individuel.
Exemplaire n° 1, décrit sous le type « A » par Max Brun dans Le Livre et l’Estampe (1963, p. 8).
« Ce fameux roman est une intrigue libertine, moins originale par son thème et son déroulement que par l’efficacité de la forme choisie et par les intentions de Choderlos de Laclos. Le genre épistolaire, en effet, joue un rôle particulièrement important : dans un contexte de vie sociale où tout n’est qu’apparence et dissimulation, la lettre est la seule forme possible de la sincérité ; et donc la seule possibilité de dire la vérité sans craindre de braver les interdits sociaux.
Madame de Merteuil, qui se fait passer officiellement pour une veuve vertueuse et bigote auprès des gens qu’elle fréquente, révèle son vrai visage dans sa correspondance avec Valmont, sans se douter qu’une fois les règles du jeu modifiées, cette réalité la perdra. Il en est de même pour Valmont ».
Ainsi, le choix d’une correspondance est un des éléments clefs du libertinage en action, puis de la révélation indubitable de ce même libertinage : en ce sens, on pourrait dire que les 2 héros sont punis par ce qui a assuré leur réussite.
« La fin tragique des 2 héros se présente comme un véritable châtiment, mort physique pour Valmont, mort « sociale » et affective pour la marquise. Il est cependant difficile de ne pas s’interroger sur l’admiration horrifiée que suscitent parfois l’habileté, la séduction et le cynisme des protagonistes. Aujourd’hui encore, Les Liaisons dangereuses continuent de provoquer des prises de positions contradictoires. »
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« Bible du libertinage pour certains, le livre s’impose comme un des romans les plus abstraits et les plus intelligents. L’idéologue en Laclos est fasciné par les mécanismes de l’intelligence et de la volonté qu’il n’aperçoit jamais mieux à l’œuvre que chez ces méchants parfaitement polis, fleurs vénéneuses de la société raffinée et décadente de l’Ancien Régime finissant. Aussi l’audace des
Liaisons dangereuses ne consiste-t-elle ni dans la débauche facile au langage cru, ni dans la perversité au premier degré ou la jouissance de faire le mal propre à Sade, mais dans l’art de le dire ou plutôt de l’écrire pour un connaisseur admiratif et un peu vexé, placé en position de voyeur comme le lecteur. L’artilleur a combiné la balistique de ces lettres qui visent au cœur, l’artiste, agencé les entrecroisements d’une savante polyphonie (…). Ce libertinage d’esprit trouve son antidote et sa défaite dans la tendresse déjà stendhalienne de la présidente, sœur de Julie d’Etange et de Marie-
Soulange. Ce roman libertin est aussi un roman d’amour où l’on meurt d’amour » (Laurent
Versini, En Français dans le texte).
Le plus bel exemplaire apparu sur le marché depuis plusieurs décennies relié en élégant veau fauve marbré de l’époque.
Jacques Guérin lui-même n’avait pu se procurer un bel exemplaire du premier tirage et avait dû se contenter du 3ème tirage, adjugé 240 000 F (35 000 €) le 29 novembre 1988, il y a 36 ans (Ref. Paris, 29 novembre 1988, n°12).