Pour les années 1774 à 1788.
Paris, chez la Veuve Duchesne.
Soit 15 volumes petit in-12, plein maroquin rouge, triple filet doré sur les plats, dos lisses finement ornés d’un semé d’étoiles et de roses, filet doré sur les coupes, roulette intérieure, tranches dorées. Reliure de l’époque.
118 x 64 mm.
Édition unique et par là-même, originale, des « Spectacles de la France » conservée dans son frais et élégant maroquin rouge de l’époque couvrant la totalité des années 1774 à 1788.
« Intéressant par ses documents sur le théâtre, l’Almanach des Spectacles est encore bien curieux à parcourir au point de vue pittoresque et de la naïveté des adresses officielles des messieurs et dames de la rampe ; qu’il s’agisse des principaux sujets ou des simples figurants. De 1774 à 1787 on voit une grande partie de ce monde, hommes ou femmes, chanteurs ou danseurs, choristes ou musiciens d’orchestre, loger à la butte Saint-Roch. Le corps de ballet de l’Opéra semble ne pas avoir quitté la rue Ste Anne, attiré vers les petites maisons de la colline à la mode et par la présence de ses reines, et par la proximité de son théâtre, de son administration, et par la facilité des mœurs du quartier.
De la rue Ste Anne à la rue de la Lune, en passant par le quartier Montmartre il y eut là toute une colonie qui a fourni à l’Almanach des Spectacles de bien amusantes adresses dont la naïveté surprend d’autant plus que vers 1787 la numérotation des maisons était presque partout générale. Qu’on en juge par ce petit lot choisi au hasard :
« Mlle Joséphine, porte S. M (Saint Martin) vis-à-vis l’allé (sic) du second réverbère, chez un Marchand de vin, à côté du cul-de-sac de l’Egout.
Mlle Esther, rue Poissonnière, vis-à-vis le corps de garde des Suisses.
Mlle Courtois cadette, rue Froidmanteau, chez le marchand de cors (autrement dit le tailleur pour dames, le cors étant le vêtement qui prenait le corps.
Mlle Hortense F. S. D. (Fossés St Denis), près le laissez passer.
Mlle Dubuisson, la 3è porte à droite en entrant dans le F. St M. (Fossé St Maur) à côté du perruquier.
Mlle Henriette, rue St Louis St Honoré, dans la porte cochère. » Ce « dans » fait rêver.
Et le côté des hommes n’est pas moins gai : l’un demeure rue de la Lune, chez un épicier, l’autre rue d’Argenteuil, maison Neuve, à côté d’un vitrier, un troisième rue Bourbon-Villeneuve, la seconde porte cochère après celle de St Philippe, etc. Voilà, certes, un succès post mortem auquel n’avaient point songé les éditeurs de l’Almanach des Spectacles.
La plus grande partie de cet Almanach a été rédigée par l’abbé de Laporte.
Très bel exemplaire conservé dans son maroquin rouge de l’époque au dos orné d’un semé d’étoiles et de roses dorées, condition particulièrement rare et recherchée, pour les années couvrant le règne de Marie-Antoinette.