LA SALE, Antoine de. L’Hystoire et cronicque du petit Jehan de saintré Et de la ieune dame des belles Cousines sans aultre nom nomer. Avecqs deux autres petites histoires de messire Floridan & la Belle Ellinde. Et l’extrait des cronicques de Flandres. xxviij.

Seconde (Tchemerzine, Brunet et de Backer) ou troisième édition (Bechtel) du premier roman moderne (Julia Kristeva). Ces trois éditions, 1517, 1523 et 1529 - sont d’une insigne rareté : 1 seul exemplaire de la première répertorié sur le marché au cours du demi-siècle écoulé ; 1 seul exemplaire de la seconde de 1523 passé sur le marché au cours du siècle dernier, il y a 90 ans, le 17 mars 1935, et un seul autre exemplaire passé sur le marché pour la présente édition de 1529, en 1926, il y a 99 ans. Des trois premières éditions, celle-ci est la plus et la mieux illustrée avec 6 belles figures dont deux à pleine page et deux à mi-page. Défaut d’impression originale au feuillet B₁. Feuillets  a¹, a², a⁸, X¹, X⁴ réemmargés avec titres courants retouchés et restaurés, et restaurations habiles sans manque de texte aux feuillets b¹, f², f⁴, p¹, p⁴ et B⁴. Titre, quelques feuillets liminaires et de la fin réemmargés. Né près d'Arles vers 1385, Antoine de La Sale passe la majeure partie de sa vie au delà des Alpes, au service des princes d'Anjou, rois de Naples et de Sicile, Louis II, Louis III, le roi René. Ce dernier lui confia le préceptorat de son fils aîné, Jên de Calabre, pour lequel il écrivit un ouvrage didactique, la Salade, où il inséra ses premières œuvres, surtout géographiques. Rentré en France en 1440, il passe au service de Louis de Luxembourg, comte de Saint-Pol. Dans cette cour, il écrit le Petit Jehan de Saintré (1456), roman qui est son chef-d’œuvre. Après remaniement, ce texte sera imprimé au XVIe siècle. A. de La Sale meurt en 1461. Son talent lui a aussi fait attribuer faussement les Cent Nouvelles nouvelles et les Quinze Joies du mariage. Jehan de Saintré est le roman d'apprentissage d'un jeune homme, Jên, fils aîné du seigneur de Saintré en Touraine, à travers une série d'expériences qui vont faire de lui l'égal de Lancelot. C'est aussi une histoire d'amour : Mme des Belles Cousines, qui a décidé de faire son éducation, s'éprend de ce jeune page, mais cet amour se termine sur un échec. En effet, le page Jehan de Saintré qui pour devenir parfait chevalier doit mériter l'amour de sa belle, part guerroyer en terres lointaines. A son retour, il éprouve une grande désillusion car celle qu'il aime a entre temps accepté les hommages d'un autre. Tablêu souvent ironique de la société aristocratique, ce roman est écrit avec fraîcheur et délicatesse au point que Bêumarchais s'en est peut être souvenu en composant son personnage de Chérubin dans le Mariage de Figaro. Selon Julia Kristeva, « ce texte serait le premier roman moderne » (Le texte du roman, 1974). Jên de Saintré, né à Vendôme, fut célèbre sous le nom du ‘petit Jehan de Saintré’. Le roman s’est emparé de cette curieuse figure, et il est assez difficile de séparer la fiction de la réalité dans cette biographie. Antoine de la Sale, l’un des écrivains les plus originaux du XVe siècle, en a fait le héros de ‘l’hystoire et plaisante chronique du petit Jehan de Saintré et de la jeune dame des Belles-Cousines’. Précieux exemplaire, le seul passé sur le marché depuis 99 ans, une première fois le 18 juin 1984, il y a 41 ans, adjugé alors 6 000 euros, puis revendu 14 000 €.