Normandie, début du XVe siècle.
In-8. 132 ff. sur peau de vélin dont 12 ff. pour le calendrier et 5 pages in fine d’oraisons manuscrites écrites postérieurement. Texte en latin, sur une colonne, sur 15 lignes. Marge supérieure de certaines miniatures coupées court.
Ecriture gothique à l’encre brune, le calendrier en français en encre bleue, rouge et or sur 16 lignes. Nombreux saints rouennais ((30 janvier : translation des reliques de Sainte-Anne, 10 février : saint Austreberte, 15 novembre : saint Maclou, 30 décembre : Saint Ursin, etc.).
Justification : 95 x 68 mm.
Plein veau brun, plats ornés d’un double encadrement de filets dorés, écoinçonné d’une rose dont le centre est frappé d’un médaillon à bords godronnés décoré d’une crucifixion typique du XVIe siècle (le Christ en croix avec à ses pieds la Vierge et Saint-Jean), dos à nerfs orné de roses dans les caissons, tranches dorées. Reliure du XVIe siècle.
173 x 123 mm.
Chatoyant manuscrit enluminé de belle qualité, témoignant de l’art des artistes enlumineurs français au début du XVe siècle.
Le Calendrier est rédigé en français. La première page (janvier) est ornée d’un riche encadrement formé de rameaux de feuillage, de fleurs et feuilles peintes au naturel avec parties dorées. Les noms des mois, des grandes fêtes liturgiques et des quelques saints sont dorés ainsi que certains lettrines. Les autres noms des saints sont alternativement en bleu ou en rouge-brun.
Ce livre d’Heures a été exécuté pour l’usage d’un diocèse normand comme en attestent les nombreux saints honorés spécifiques de cette région : Saint Sever (évêque d’Avranches), Sainte Austreberte, Saint Ouen (évêque de Rouen), Saint Godard (évêque de Rouen et patron de la ville jusqu’à la mort de Saint Romain), Saint Ursin (évêque de Coutances), Saint Romain (évêque de Rouen et patron de la ville après Saint Godard), Saint Evode (évêque de Rouen), Saint Taurin (évêque d’Evreux) Saint Nicaise, Saint Mellon (premier évêque de Rouen) et Saint Maclou.
– Les pp. 14 à 30 présentent les dévotions à la Vierge.
– Les pp. 31 à 49 présentent le « Te Deum », le « Benedicite ».
– Les pp. 50 à 60 comportent des prières à Saint Nicolas, Sainte Catherine, Sainte Marguerite, Saint Romain, Saint Michel, Saint Jean-Baptiste, Saints Pierre et Paul, Sainte Apolline et tous les saints.
– p. 75 : un texte de prières introduisant la suite des psaumes
– pp. 87-95 : l’hymne « Ave Mais Stella » et le « Magnificat ».
– p. 96 : suite du magnificat
– pp. 97-100 : cantique de Siméon
– pp. 108-130, Heures de la croix, Heures du Saint-Esprit, Heures de la Vierge.
– pp. 153-161 : litanies des Saints
– pp. 162-163 : oraison « Deus cui proprium est misereri »
– pp. 166-176 : l’office des morts
– pp. 177-216 : la première leçon des morts « parce mihi » suivi de versets du livre de Job
– pp. 218-227 : texte en français des « XV joies de Nostre-Dame »
– pp. 228-235 : le texte en français « Les VII requestes »
– pp. 236-240 : 5 pages manuscrites d’oraisons écrites au tout début du XVIe siècle terminent l’ouvrage.
Ce précieux manuscrit est orné de 9 grandes peintures de belle facture :
– Feuillet 13 : les quatre évangélistes (visage de Saint Marc en partie effacé),
– Feuillet 19 : Belle Annonciation complétée de deux petites miniatures en médaillon, l’une au côté droit représentant une sirène près d’une tour tenant un miroir à la main droite et vraisemblablement un peigne de la main gauche (Mélusine, représentation de la séduction) ; l’autre médaillon représente trois femmes assises (Marie, Anne et Elisabeth),
– Feuillet 43 : très jolie Nativité complétée en partie basse d’une petite miniature en médaillon représentant la joie des bergers à l’annonce de la naissance du Messie (manque de peinture dans les visages des bergers),
– Feuillet 52 : la Présentation au temple, une femme tient le panier qui est sensé contenir les deux pigeons du « rachat »,
– Feuillet 55 : la Fuite en Egypte, une femme au second plan a le visage légèrement estompé ainsi que celui de la Vierge,
– Feuillet 66 : Crucifixion,
– Feuillet 78 : le Roi David en prières, complétée en partie basse d’un médaillon où sont représentés deux personnages au milieu de moutons, l’un en armure tenant un bouclier de la main gauche et une grande hache à double tranchant de la main droite, l’autre un manant en habit de fête,
– Feuillet 95 : l’ensevelissement. L’image présente trois officiants et un groupe de quatre personnages en prières tout vétus de noir. La tombe qui vient d’être fraichement creusée est occupée par deux fossoyeurs déposant le déunt enveloppé dans son suaire marqué d’une croix pattée. Au second plan, l’âme du défunt est disputée en vain à l’ange par un diable noir. Dans un médaillon en marge basse, une petite miniature représente la mort transperçant d’une grande flèche empennée un personnage de haut rang ayant un genou à terre.
– Feuillet 121 : la Descente de croix, avec l’ange, les trois Marie et un cinquième personnage féminin agenouillé portant un phylactère « Mater dei memento mey », vraisemblablement le portrait de la commanditaire de l’ouvrage voulant ainsi se rappeler au bon souvenir de la Sainte Mère.
Chacune de ces miniatures est insérée dans une superbe bordure ornée de feuilles d’acanthe colorées, fleurs, fruits peinte dans des tons chatoyants.
Quatre de ces bordures sont en outre agrémentées d’un ou deux médaillons présentant des scènes religieuses.
Neufs pages de texte du manuscrit sont également ornées de magnifiques bordures décorées de feuilles d’acanthe colorées, de fleurs et de fruits.
Des centaines d’initiales filigranées et peintes (1 à 2 lignes de hauteur) et de bouts de lignes agrémentent chacune des pages du manuscrit. Elles sont peintes en or sur fond alternativement bleu ou lie de vin.
Le livre d’Heures présente une iconographie originale avec les Trois vifs et les Trois Morts.
Très séduisant manuscrit à peintures unissant à la verve d’un artiste original dans les bordures agrémentées de médaillons, la maîtrise d’un peintre normand du début du XVe siècle.
