À Paris, chez les auteurs, et P. Didot l’aîné, [1802].
In-folio, 8 pp., 100 gravures sur 99 planches, 3 pp., 40.
Exemplaire à grandes marges, maroquin rouge à grain long, encadrement doré de motifs géométriques et frises végétales avec armoiries dorées au centre, dos cloisonné et orné de treillis géométriques, roulette ornant les coupes et les chasses, doublures et gardes de tabis bleu, tranches dorées. Reliure armoriée de l’époque.
409 x 285 mm.
Seconde édition, dont l’originale avait paru sans nom d’auteurs en livraisons chez Ducamp de 1798 à 1801.
Le texte a été entièrement recomposé avec minimes changements de rédaction, et une vignette gravée a été changée d’emplacement.
Illustration gravée sur cuivre hors texte : 99 planches portant 100 cuivres numérotés 1 à 100 (avec les n° 12 et 13 sur un même feuillet) et 16 titres illustrés de compositions architecturales et ornementales fictives. 3 vignettes dans le texte dont une estampée sur le titre imprimé.
La Rome « moderne » revisitée. Fruit d’un séjour des architectes Percier, Fontaine et Bernier à Rome, de 1786 à 1791, ce superbe recueil réunit des vues en perspectives dessinées par Fontaine, des frontispices composant des éléments architecturaux et ornementaux composites en somptueuses vues fictives, imaginées par Percier, et des plans géométraux dressés par Bernier ; des notices historiques imprimées ont été procurées par l’architecte Dufourny. L’ouvrage est principalement consacré à l’architecture romaine de la Renaissance, mais sans négliger le Moyen Âge ni la période baroque, et traite de bâtiments de tailles et natures diverses : palais majeurs ou plus modestes, voire simples maisons, et quelques églises.
« Une rupture dans la théorie de l’architecture » (Jean-Philippe Garric). À la différence des catalogues antérieurs d’édifices anciens, simples juxtapositions d’exemples comme ceux de Bibiena, Ferrerio ou Vasi, Percier et Fontaine opèrent ici une sélection dictée par un propos global obéissant à des critères particuliers, à une stylisation géométrisée idéale, et procédant pour cela parfois à des transformations, des retranchements, des recompositions éloignées de l’exactitude documentaire. En outre, les frontispices des livraisons se voient reconnaître un statut particulier, démonstrations d’un art de l’ornementation, et l’un d’entre eux reprend le modèle des Églises de l’Empire d’Orient. Ces compositions éclectiques de Percier s’avèrent tributaires dans leur foisonnement créatif des compositions du Piranèse, mais s’en écartent par un dessin épuré qui reconstruit une Antiquité idéalisée.
Destiné à un public élargi d’artistes et d’amateurs, « Palais, maisons et autres édifices modernes dessinés à Rome » est le premier d’une série de recueils publiés en France, par Percier et Fontaine, Durand, Rondelet ou Ledoux, qui marquèrent une évolution majeure dans les conceptions architecturales, conformes aux attentes de l’époque, et qui inspirèrent toute une génération d’architectes.
Première collaboration imprimée de Percier et Fontaine qui deviendraient les maîtres d’œuvre officiels du régime impérial, Charles Percier (1764-1838) et Pierre-François-Léonard Fontaine (1762-1853) se lièrent alors qu’ils étudiaient à Paris auprès de l’architecte Antoine-François Peyre, et séjournèrent ensemble en Italie de 1786 à 1790.
À leur retour, Percier fut nommé directeur des décorations de l’Opéra, et Fontaine son adjoint, puis ce dernier fut chargé en 1798 de travaux au château de Montgobert que le général Leclerc et son épouse Pauline Bonaparte venaient d’acquérir. Leurs conceptions séduisirent Bonaparte et Joséphine, et ils se virent confier en 1802 l’aménagement de la Malmaison, Percier dessinant et Fontaine se chargeant des réalisations. Ils cumulèrent ensuite les positions officielles, comme celle d’architectes du Gouvernement, et leurs collaborations se succédèrent : escalier de la colonnade du Louvre, décors des grandes fêtes dont le Sacre, arc de triomphe du Carrousel, rue de Rivoli, aménagement des appartements impériaux dans les palais de la Couronne, etc. – ils furent également sollicités par des commanditaires étrangers. La chute de l’Empire mit fin à leurs grandes ambitions, et ils durent par exemple abandonner leur projet de palais pour le roi de Rome, fils de Napoléon 1er. Fontaine poursuivit sa carrière officielle sous les régimes suivants tandis que Percier se consacrait alors pleinement au professorat.
Ils exercèrent en définitive une immense influence, par leurs réalisations concrètes, par leurs publications et, indépendamment, Percier par son enseignement et fontaine par sa position de conseillers des souverains.
Claude-Louis Bernier (1755-1830) n’eut pas une carrière aussi brillante que ses deux amis, mais demeura un collaborateur régulier sous l’Empire comme inspecteur des travaux des palais de Saint‑Cloud et du Louvre. Très intimes, les trois hommes furent côte à côte au cimetière du Père Lachaise.
Superbe exemplaire en maroquin aux armes impériales de Russie.
Provenance : Bibliothèque du palais de l’Ermitage (2ème ex-libris avec ajouts manuscrits, l’un lithographié du XIXe siècle de la section des livres étrangers, l’autre imprimé daté de 1909 du département des gravures et dessins, avec mention manuscrite de double).