Sérées de Guillaume Bouchet, juge et Consul des Marchands, à Poitiers.

Prix : 3.800,00 

Les propos de table d’un imprimeur poitevin, fervent admirateur de Montaigne.
Exemplaire d’une grande pureté conservé dans sa reliure en vélin d’origine à recouvrement, condition rare.

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Imprimé sur la copie faite à Poitiers, 1585.

Petit in-12 de (16) ff., 790 pp. Vélin souple à recouvrement, dos lisse avec le titre en tête, traces de liens. Reliure de l’époque.

115 x 77 mm.

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Seconde édition très rare de ce célèbre recueil de conversations et de veillées, « dont les interlocuteurs sont bien les élèves de Rabelais ».

Tchemerzine, I, 924 ; Rahir, Bibliothèque de l’amateur, p. 338 ; Bibliothèque de Backer, 1926, n° 517.

Cette collection de discours et digressions de soirées (« sérées »), faite de discours érudits et pittoresques tenus à Poitiers dans la maison de Guillaume Bouchet, fut publié pour la première fois en 1584.

Riche libraire-éditeur de Poitiers, Guillaume Bouchet (1513-1594), joyeux vivant et causeur subtil, conçut à la fin de sa vie cet ouvrage réunissant les propos de table souvent grivois ou licencieux des bons bourgeois et intellectuels de la ville, occupant leurs soirées ou « serées ».

Guillaume Bouchet, ami de Jacques du Fouilloux, appartenait au petit groupe de poètes poitevins formé vers le milieu du XVIe siècle autour de Jean Bastier de la Péruse et de Jacques Tahureau. Il fut lu par Montaigne dont il tenta de s’inspirer.

La publication de deux autres volumes suivra en 1597 et 1598.

Cet ouvrage est un recueil de contes de veillées, d’anecdotes, de bons mots, classés par sujet et qui sont censés reproduire les conversations tenues après le dîner par un cercle de bourgeois auquel appartenait l’auteur.

Cette sorte de littérature eut un grand succès au Moyen Âge et pendant toute la Renaissance : qu’on songe, par exemple, aux Propos rustiques de Noël du Faïl. Les propos sont souvent gaillards, parfois savants, Bouchet tenant à montrer une érudition qui sent parfois la pédanterie. L’intérêt de l’ouvrage, qui est surtout d’ordre historique, réside dans la peinture vivante et animée de la bourgeoisie marchande de province.

« Je regarde ce livre comme un des plus curieux de cette espèce perdue » dit Viollet le Duc. Bouchet se livre à un commentaire dialogué, sérieux et facétieux, qui n’exclut pas les traits gaillards et obscènes : ‘les discours libres, fort plaisants, & gaillards contenus en iceluy, se ressentent encore de l’ancienne preud’homie du bon vieux temps…

Et Brunet de remarquer : « Un de ces livres remplis d’obscénités grossières, et de quolibets qu’on est convenu d’appeler facétieux, quoiqu’ils ne soient rien moins que plaisans. On les recherche beaucoup, et il est difficile d’en trouver des exemplaires bien conservés ».

Les Essais de Montaigne :

“The practitioners of the late sixteenth-century form of the ‘conte’, the ‘discours bigarrés’ or hybrid form of tale and discourse clearly counted Montaigne in their number, as they cite the ‘Essais’ and take up the same topics […]. One point in common between the authors of the ‘discours bigarrés’ or the ‘propos de table’, where conversation and anecdotes play off against one another is the ‘ordo neglectus’, the loose structure piecing discourse to narration, argument to illustration that we find in the ‘fricassee’ of Montaigne’s ‘Essais’, the ‘Sérées’ of Guillaume Bouchet, and the ‘Bigarrures du Seigneur des Accords’ of Etienne Tabourot. Jeanneret is quick to point out, however, that although Montaigne owned a copy of Bouchet’s work, and Bouchet borrowed unabashedly from Montaigne, Bouchet recreates entire passages from great Greek and Latin works, while Montaigne selects, reflects, and sets himself apart from his sources” (Deborah Losse, Montaigne and Brief Narration Form: Shaping the Essay).

Véritable panorama satirique et moral de la société de son temps, ce recueil constitue également une source philologique et historique que Viollet-le-Duc et Charles Nodier et considéraient comme « le répertoire le plus complet (…) depuis qu’il existe des conteurs et des écrivains qui trouvent plaisir à recueillir des contes ».

Les “Sérées” renferment également plusieurs notes relatives à l’Amérique, telle la rencontre au Brésil entre un marchand français et un « sauvage Ameriquain », de même que des remarques sur les danses indiennes, l’usage du tabac, etc.

Exemplaire d’une grande pureté conservé dans sa reliure en vélin d’origine à recouvrement, condition rare.

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