La grande œuvre vénitienne gravée de Canaletto.
38 somptueuses vues de Venise.
Rare et superbe exemplaire, en brillant tirage,
en pleine reliure française de l’époque ornée à la grotesque.
Venise, 1742.
Canaletto, Antonio Canal dit Canaletto (1697-1768). Visentini, Antonio. Urbis Venetiarum prospectus celebriores, ex Antonii Canal tabulis XXXVIII, aere expressi ab Antonio Visentini in partes tres distributi.
Venise, Jên-Baptiste Pasquali, 1742.
3 parties en 1 volume in-folio oblong, basane fauve mouchetée, dos orné, pièce rouge, tranches mouchetées rouges, étui moderne. Reliure de l’époque.
Coll. : titre à décor allégorique, dessiné et gravé par Visentini, titre imprimé en noir et rouge (Pars prima), un f. de table « Série Tabularum », un double portrait gravé de Canaletto et Visentini ; 14 pl. ch. I à XIV ; titre imprimé en noir et rouge (Pars secunda) ; 12 pl. ch. I à XII ; titre imprimé en noir et rouge (Pars tertia) ; 12 pl. ch. I à XII.
507 x 356 mm.
Première édition complète de cette somptueuse suite de vues sur Venise.
Publiée pour la première fois en 1735, sous le titre de Prospectus Magni Canalis Venetiarum, cette fameuse suite ne comportait alors que 14 vues, gravées d’après les peintures de Canaletto (1697-1768), qui étaient en la possession de l’ambassadeur anglais Smith.
C’est à la demande de celui-ci que ces planches furent tirées à un petit nombre d’exemplaires dans le but de promouvoir la production du peintre. N’étant pas destinées au commerce, elles sont extrêmement rares.
Une deuxième édition, la première complète, vit le jour en 1742. Elle est composée de la suite de 1735, augmentée de deux autres. Chacune de ces dernières est constituée de douze vues et annoncée par un titre imprimé en noir et rouge. Toute la première partie a été retouchée afin d’être élevée au nivêu de qualité des deux autres.
La suite connut un grand succès et fut réimprimée en 1751 et 1754 chez Pasquali et en 1773 chez Furlanetto.
On la doit à Antonio Visentini (1688-1782), peintre, graveur, professeur et illustrateur de livres. Il se rend célèbre par cette série.
Exemplaire d’un très bêu tirage et à belles marges, conservé dans sa première reliure. Les épreuves sont très contrastées.
Les exemplaires de la B.n.F., dont celui de la bibliothèque La Vallière, sont reliés au format in-quarto.
15 dessins relatifs à ce recueil sont conservés au British Museum et au Musée Correr.
Berlin Katalog 2695. Cicognara 4113.
Au XVIIIe siècle, Venise « La Serenissima » avait perdu son rôle important dans le jeu économique et politique de l’Europe en faveur de la Grande Bretagne et des Pays-Bas.
Derrière les riches façades des palazzi, Venise se détériorait. Le gouvernement était incapable de supporter ses artistes par des commandes pour l’exécution des travaux de décoration des grand palais et édifices. Au début du XVIIIe siècle les aristocrates anglais et des nobles de l’Allemagne se profilent comme les plus importants connaisseurs et acheteurs de l’art des peintres Vénitiens.
Venise et son charme intemporel deviennent au XVIIIe siècle le sujet de prédilection de peintre appelés védutistes. Leurs vues de Venise se répandent très vite en Europe et font de la veduta, encore de nos jours, le genre le plus collectionné et l’un des plus aimés du public.
Maître incontesté de la veduta, Giovanni Antonio Canal, dit Canaletto (Venise 1697-1768) marque son siècle en fixant dans ses toiles les différents visages de la Venise de son temps.
Outre la Place Saint-Marc et le Grand Canal, immédiatement reconnaissables, on y retrouve les campi et les églises de Venise, ainsi que des vues de la lagune, de la vie quotidienne ou des jours de fête. Peintre de théâtre dans sa jeunesse, Canaletto parvient à associer un grand sens de la mise en scène, une technique de la perspective qu’il maîtrise parfaitement, et de très séduisants effets de lumière. On doit à Canaletto les plus belles et les plus novatrices vues de Venise, sources d’inspiration pour ses suiveurs.
Dans ce superbe recueil, Canaletto, le plus grand des “vedutistes” vénitiens, excelle à traduire l’atmosphère si particulière de cette cité, en campant personnages et gondoliers au sein de vues dessinées “ dae vero” sur “le motif”, avec un sens aigu de la perspective et un art consommé du détail architectural.
Le recueil se compose de 3 parties comprenant chacune 14, 12 et 12 vues avec titres séparés ornés d’une vignette allégorique gravée par Visentini.
Il s’ouvre sur un très bêu titre frontispice allégorique à pleine page, aux attributs de la musique et de la peinture par Visentini et A. Baroni.
Les grands portraits de Canaletto et d’Antonius Visentini sont gravés sur le feuillet suivant par J. B. Piazzetta et A. Visentini.
Les 38 superbes estampes sont autant de vues “objectives” des places, campi, palais, églises et perspectives architecturales diverses du grand canal qui enchantaient notamment les esthètes anglais du XVIIIe siècle et qui sont ici recrées par la sensibilité de l’artiste.
Elles sont accompagnées d’une légende en latin.
Vue du Pont Rialto vers l’Orient.
Vue des Foscari
Vue de la Charité
Place Sam Vito
Vue de la Salute
Entrée du grand canal
Vue du Pont Rialto vers l’occident.
Vue depuis les édifices publics du Rialto
Vue depuis les édifices publics des Grimani
Entrée du canal depuis St Jérémie
Vue depuis St Siméon
Fin du canal jusqu’à Santa Clara
Fêtes nautiques vers le Rialto
Bucentaure et Fête de l’Ascension
Vue du grand canal vers Santa Clara
Vue depuis Santa Croce
Vue depuis les édifices des Flanginorum jusqu’à Bembo
Vue depuis les édifices Bemborum jusque Grimanus
Perspective depuis St Eustache
Perspective vers St Jérémie
Perspective depuis le Rialto
Vue du Pont Rialto vers l’orient
Perspective vers les Foscari
Perspective vers Sam Vital
Colonne St Marc et palais des doges
Entrée du grand canal depuis la Piazetta
Place S. S. Johannis et Pauli
Arê St Joseph
Place St Servatoris
Place St Pauli
Eglise San Rocco
Campo Santa Maria de Tobanico
Campo San Stéphano
Campo Santa Maria Formosa
Campo des P.P Jésuites
Campo S.S. Apostolorum
Perspective de la Place St Marc, vue de la Basilique
Perspective de la Place St Marc, vers la basilique
« Canaletto était le fils d’un peintre de décors de théâtre, Bernardo Canal, qui lui enseigna principalement l’art de la perspective. Il dut également connaître Carlevaris, qui dans une direction parallèle, donnait des vues de Venise, construites selon une perspective mathématique stricte, mais aussi baignées de lumière. Antonio Canal a conscience de l’étroitesse de l’art du décor de théâtre qu’il pratique avec son frère et son père jusqu’en 1719, date à laquelle il les quitte pour aller à Rome. Il marque alors sa volonté de rompre avec cet art décoratif de théâtre et peint d’après nature ou des sujets antiques. L’année suivante, il revient à Venise et s’inscrit à la fraglia des peintres vénitiens.
Dès cette époque, il se définit comme peintre de “vedute”, genre apprécié surtout par les Anglais qui visitent Venise. C’est avec assurance qu’il peint, dès ses débuts, des vues de Venise pour lesquelles il utilise le système de la chambre noire, fixant sur le papier la situation et la valeur des différents monuments ; puis dans son atelier il recrée le sujet, lui donnant toute sa valeur picturale ».
Entre 1730 et 1735 Canaletto peint quatorze vues du grand Canal pour les collections anglaises. Il entreprend ensuite une autre série de vues dont l’exécution s’échelonne sur dix ans.
« Les vogues d’Antonio Canal fut telle, surtout auprès des Anglais, qu’il est bien normal de voir se développer l’art des vedutistes, imitateurs de Canaletto, dont le principal souci est de produire des vues de Venise, faisant office de souvenirs que les touristes anglais rapportaient dans leur pays. Sa renommée était si grande à Londres qu’il s’y rendit en 1746 et résida dans cette ville jusqu’en 1755 avant de revenir définitivement à Venise ».
« Antonio Canal est bien la plus grande figure des “vedutistes” que connut Venise. Son art a permis d’établir à Venise, l’art dorénavant traditionnel des vues objections bien que recréées par la sensibilité du peintre ». Benezit 491.
Très séduisant exemplaire, en brillant tirage de parfaite fraîcheur, de ce grand recueil vénitien illustré du XVIIIe siècle, dans la plus enviable des conditions en pleine reliure française de l’époque.